Contenu du sommaire : Varia

Revue 20 & 21. Revue d'histoire Mir@bel
Titre à cette date : Vingtième siècle, revue d'histoire
Numéro no 115, juillet-septembre 2012
Titre du numéro Varia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Articles

    • Les fondements historiques du Hamas à Gaza (1946-1987) - Jean-Pierre Filiu p. 3-14 accès libre avec résumé
      Le mouvement islamiste Hamas a été fondé à Gaza en décembre 1987, mais il plonge ses racines dans quatre décennies d'activités, rarement légales, des Frères musulmans dans ce territoire. L'étude de la période qui court de la fondation des Frères musulmans à Gaza en 1946 au déclenchement de la première intifada palestinienne éclaire un processus complexe d'évolution et de mutation : c'est le soutien des Frères musulmans à la révolution égyptienne de 1952 qui a poussé de jeunes activistes à quitter la formation islamiste pour créer les premières cellules de fedayines à Gaza, noyau historique du Fatah. Ce divorce entre islamistes et fedayines s'aggrave en 1967, avec le refus du cheikh Yassine de se joindre à la résistance contre l'occupation israélienne de Gaza. Cependant, les partisans de Yassine et du Fatah se retrouvent en 1980, pour combattre les militants progressistes à Gaza.
    • Combattre l'occupant en Belgique et dans les départements français occupés en 1914-1918 : Une « résistance avant la lettre » ? - Emmanuel Debruyne p. 15-30 accès libre avec résumé
      L'occupation de la Belgique et d'un certain nombre de départements français pendant la Première Guerre mondiale a conduit des citoyens à s'organiser clandestinement pour lutter contre l'occupant allemand. Cet article examine en quoi cet engagement peut être qualifié de « résistance », à l'instar du phénomène qui s'est développé dans l'Europe occupée de la Seconde Guerre mondiale. Certes, le mot n'est pas utilisé au cours du premier conflit mondial, mais la réalité qu'il désigne est proche de celle qui caractérisera les années 1940-1945. Son contexte est cependant celui d'une « guerre totale » moins accomplie, où le recours à l'action armée est évité par les clandestins. Cette première résistance est aussi de moins grande ampleur : elle s'organise en réseaux, mais ne donne pas naissance à de vastes mouvements. Après la guerre, la mémoire des combattants de l'ombre est davantage entretenue en Belgique, marquée par l'expérience de l'occupation, qu'en France, dominée par celle des tranchées.
    • Le monument à la France à Belgrade : La mémoire de la Grande Guerre au service de l'action politique et diplomatique - Stanislav Sretenović p. 31-44 accès libre avec résumé
      L'inauguration du monument à la France le 11 novembre 1930 à Belgrade ne représente pas seulement un événement symbolique qui évoquait l'aide matérielle et morale de la France à la Serbie pendant la Grande Guerre. Elle signifie la volonté politique et diplomatique de la France d'agir à la situation intérieure et extérieure du royaume de Yougoslavie où le régime personnel du roi Alexandre Karadjordjević venait d'être établi. Du coté du gouvernement royal, elle signifie la volonté d'imposer d'en haut, par la référence à la France, un compromis politique et symbolique à l'intérieur du pays. Dans cet article, l'auteur analyse le fonctionnement d'une mémoire politisée ainsi que la portée et les limites d'une action menée par les acteurs français et serbes.
    • La naissance de l'avocat médiatique aux États-Unis - Florent Bonaventure p. 45-61 accès libre avec résumé
      Cet article s'interroge sur l'investissement du champ médiatique américain par les avocats au cours des années 1920, à la faveur des transformations d'une industrie journalistique désormais nationale, de l'émergence d'une « culture de la célébrité » et de la fascination du public pour le crime et le fait divers dans un pays « fatigué d'événements ». Il montre comment des hommes comme Clarence Darrow transforment les procès en spectacles, dramatisent les enjeux et jouent avec les codes journalistiques pour mieux faire passer leurs idées. Ils utilisent leur nouvel espace médiatique pour rendre visibles les inégalités juridiques et sociales. Ces avocats réhabilitent de ce fait une profession perçue telle l'alliée des puissants et changent l'image même du droit, en le présentant comme un instrument d'émancipation et de libération, annonçant ainsi et popularisant les combats ultérieurs pour l'égalité des droits.
    • Le Parti communiste et le cinéma : Nouveaux éléments sur l'affaire Spartacus (1928) - Dimitri Vezyroglou p. 63-74 accès libre avec résumé
      L'interdiction, en 1927, de diffuser des films soviétiques en France s'inscrit dans le contexte de la lutte des pouvoirs publics français contre le mouvement communiste. Cette interdiction a aussi des incidences sur la cinéphilie française, qui se voit privée de l'accès à l'une des plus importantes cinématographies du monde. En 1928, le ciné-club Les amis de Spartacus est créé, avec l'aide du Parti communiste, pour contourner cette interdiction en diffusant les films soviétiques dans un cadre associatif. Son succès est immédiat. Mais la conjonction entre l'action des pouvoirs publics, déterminés à faire interdire ces représentations, et celle du Parti communiste, qui voit d'un mauvais ?il le mélange des genres entre le militantisme politique et la passion cinéphile, aboutit quelques mois plus tard à la dissolution de l'association. Cette affaire est symptomatique des rapports entre culture et politique dans la France de l'entre-deux-guerres, particulièrement en ce qui concerne la surveillance et la répression du mouvement communiste, et de la place spécifique qu'occupe le cinéma dans ce contexte.
    • Les ciné-clubs dans la tourmente : La querelle du non-commercial (1948-1955) - Roxane Hamery p. 75-88 accès libre avec résumé
      Symboles d'un vaste mouvement culturel, les ciné-clubs sont, entre 1948 et 1955, l'enjeu de complexes débats économiques, idéologiques et politiques. Le 21 septembre 1949 est adopté un décret établissant le statut du cinéma non commercial, mais ce texte ne permet pas de résoudre les conflits qui opposent ciné-clubs et exploitants, attisant au contraire des débats houleux relayés par les revues affiliées aux fédérations de ciné-clubs et par la presse corporative. Pris dans ce rapport de force, l'État se réserve le rôle d'arbitre indécis, partagé entre des désirs contradictoires : l'envie de soutenir un cinéma vecteur d'éducation et de culture dans la France de l'après-guerre, le besoin d'encadrer une activité lucrative échappant au fisc, mais aussi la volonté de contrôler des groupements de spectateurs politisés, aux idées potentiellement subversives. Deux textes législatifs en 1954 et 1955, ainsi que l'évolution du contexte politique et culturel finiront par apaiser progressivement les tensions.
    • La French Connection, entre mythes et réalités - Alexandre Marchant p. 89-102 accès libre avec résumé
      La French Connection fut après-guerre, entre les mains du Milieu corse de Marseille, la principale filière mondiale de trafic d'héroïne. Depuis les années 1970, trois mythes l'entourent : elle aurait été caractérisée par une organisation centralisée et pyramidale ; elle aurait prospéré dans une certaine passivité, voire une complicité, des pouvoirs publics français ; et une lutte acharnée des polices française et américaine, sous les pressions politiques, l'aurait totalement anéantie en 1973. L'examen minutieux des archives et des sources nous montre au contraire qu'elle ne fut que la partie saillante d'un marché mondial et multinational très composite, que la collaboration franco-américaine fut plus ancienne et fructueuse qu'on ne le croit, et que la lutte du début des années 1970 ne fit que déplacer certains éléments du système. La French Connection ne fut en réalité qu'une étape dans la reconfiguration permanente du marché mondial de trafic illicite d'héroïne.
    • De l'Italie à la France, de l'Algérie au Vietnam : La gauche vue par Lelio Basso - Roberto Colozza p. 103-114 accès libre avec résumé
      Homme politique, théoricien et juriste, Lelio Basso est l'une des figures marquantes du socialisme de gauche européen de l'après-guerre. Marxiste luxembourgiste, il refusait l'universalisme stalinien comme le réformisme social-démocrate et songeait à créer une alliance mondiale des socialistes révolutionnaires. Au sein du Parti socialiste italien (PSI), il s'opposait au travaillisme de Pietro Nenni et à ses hypothèses d'alliance avec la Démocratie chrétienne (DC). Côtoyant les Nouvelles Gauches françaises lors de leur lutte contre la guerre en Algérie, Lelio Basso introjecta les valeurs de l'anticolonialisme. Le pacte gouvernemental DC-PSI en Italie et la stabilisation de la Cinquième République en France furent pour lui les preuves de l'homologation politique de l'Occident. Il se tourna alors vers le tiers-mondisme, dénonçant les crimes de guerre états-uniens au Vietnam au sein du Tribunal Russell. Ce fut le début de son engagement pour les droits des peuples, extrême métamorphose « humanitaire » de sa foi internationaliste.
    • Les organisations patronales suisses entre coordination économique et influence politique : Bilan historiographique et pistes de recherche - Cédric Humair, Sébastien Guex, André Mach, Pierre Eichenberger p. 115-127 accès libre avec résumé
      Dans cet article, nous proposons une discussion de l'historiographie relative aux organisations patronales suisses. Notre objectif est de contribuer au récent renouveau des études sur les associations patronales, dont la connaissance demeure parcellaire malgré leur importance tant politique qu'économique, particulièrement en Suisse. Pour ce faire, nous débutons par une présentation de la genèse, du développement et des particularités historiques des associations patronales helvétiques. Nous procédons ensuite à une analyse quantitative et qualitative de l'historiographie relative à ces organisations. Nous montrons que les recherches menées mettent principalement en évidence le rôle politique des associations patronales, mais ne font qu'esquisser leurs activités sociales et économiques. Nous concluons en dégageant des questions d'intérêt général qui ouvrent des pistes de recherche prometteuses tant pour le cas suisse que pour d'autres pays.
  • Point de vue

    • Que faire des postcolonial studies ? : Vertus et déraisons de l'accueil critique des postcolonial studies en France - Nicolas Bancel p. 129-147 accès libre avec résumé
      Cet article investigue les raisons susceptibles d'éclairer, d'une part, la relative indifférence du champ académique français aux postcolonial et subaltern studies, depuis le début des années 1980 jusqu'au milieu des années 2000 et, d'autre part, le brusque regain d'intérêt pour ces courants, intérêt qui s'est toutefois singularisé par de vives polémiques et, souvent, par une défiance manifeste. En revenant sur quelques axes spéculatifs développés par les postcolonial et subaltern studies et sur les discussions qui ont eu lieu autour de ceux-ci, cette contribution vise à comprendre pourquoi ces courants, finalement marginaux et confinés en France, ont provoqué de telles passions dans l'univers académique. En cherchant à saisir les enjeux scientifiques et politiques de ces débats, cet article a pour but non de défendre en soi les postcolonial et subaltern studies, mais de mettre à jour certaines perspectives, dont les vertus heuristiques n'ont pas été entièrement épuisées dans les recherches francophones.
    • Archives - Odile Gaultier-Voituriez, Françoise Blum, Gilles Morin p. 149-154 accès libre
    • Avis de recherches - Catherine Roudé, Samuel Sanchez, Christian Chevandier p. 155-159 accès libre
    • Images, lettres et sons - Muriel de la Souchère, Pascale Barthélémy, Delphine Peiretti, Florent Montagnon, Sébastien Albertelli, Marie-Bénédicte Vincent? p. 161-180 accès libre
    • Vingtième Siècle signale - p. 181-191 accès libre
    • Librairie - p. 193-242 accès libre