Contenu du sommaire : Palestine : 20 ans après

Revue Confluences Méditerranée Mir@bel
Numéro no 86, été 2013
Titre du numéro Palestine : 20 ans après
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Avant-propos - Pierre Blanc p. 9-11 accès libre
  • Palestine : géopolitique d'une violence territoriale - Pierre Blanc p. 13-28 accès libre avec résumé
    Le conflit israélo-palestinien est avant tout un conflit territorial dans lequel s'est révélée l'ingénierie du Yishouv puis surtout d'Israël. Le regard en surplomb que permet l'analyse historique dévoile bien une pensée stratégique dont les marques territoriales sont ici analysées. Même si cette pensée territoriale a procédé par à-coups, le fait qu'elle ait été portée toujours plus loin par les courants les plus extrémistes au sein du Yishouv puis d'Israël donne l'impression d'une progression « cohérente » autant qu'inéluctable. Privilégiant l'approche géohistorique, cet article cherche à analyser le fait territorial brut et ainsi à souligner la force de la violence territoriale dont fait montre Israël.
  • Hébron : les affres de la colonisation - Anwar Abu Eisheh p. 29-41 accès libre avec résumé
    Hébron, ville à forte résonance historique, se trouve du fait de son statut au cœur du conflit israélo-palestinien. La colonisation très agressive a conduit à la division de la ville. Cet état de fait illustre la violence politique israélienne et nourrit les réflexes de violence dans la population locale, sans compter que la gestion de la ville au quotidien est des plus complexes. Cet article revient sur l'histoire de la ville et sur les affres qui s'y vivent du fait de sa situation géopolitique.
  • Ramallah : la vie sur un volcan éteint - Roger Heacock p. 43-56 accès libre avec résumé
    La vie à Ramallah d'aujourd'hui est comparée sur les plans culturel, social et politique avec celle qui prévalait dans les années 1980, afin d'en dégager la réalité et les rouages du changement. D'une bourgade provinciale vivant entièrement à l'ombre de ce qui était l'authentique capitale palestinienne, Jérusalem, elle s'est transformée, suite à deux intifadas, le régime d'Oslo, l'enfermement, et le transfert des principaux organismes internationaux dans la ville, en nouvelle capitale d'une entité dépendante pour sa survie des apports intellectuels et matériels venus d'Occident. Pourtant, les relations sociales ne se sont pas transformées au point de rendre cette société entièrement méconnaissable. Les subalternes et même les élites de Ramallah restent en mesure de renouer avec une tradition insurrectionnelle bien rodée.
  • Jérusalem, le droit international comme source de solution - Monique Chemillier-Gendreau p. 57-69 accès libre avec résumé
    La communauté internationale s'est égarée depuis plus d'un demi-siècle à la recherche d'un statut spécial pour la ville de Jérusalem. C'est dans les normes en vigueur du droit international qu'il faut puiser les éléments d'une solution. Si l'on cherche à garantir l'accès aux Lieux saints, les Pactes internationaux et la liberté de circulation qu'ils garantissent y suffisent. S'il s'agit de leur protection, l'UNESCO détient les compétences pour garantir cette protection. Pour ce qui est d'un partage de la ville, il faut rappeler que l'annexion de Jérusalem par Israël n'a jamais été reconnue par la communauté internationale et que l'occupation israélienne, même de la partie Ouest, résultant d'un usage de la force, ne pourra être transformée en un titre de souveraineté légitime que par un accord avec les Palestiniens. Enfin, le choix par un peuple de la ville qui lui servira de capitale dépend exclusivement de la décision de ce peuple, mais encore faut-il que ce choix porte sur une ville comprise dans le territoire reconnu par la communauté internationale comme placé sous la souveraineté de ce peuple.
  • Le « développement économique » palestinien : miracle ou mirage ? - Julien Salingue p. 71-88 accès libre avec résumé
    Le Premier Ministre palestinien Salam Fayyad a démissionné le 13 avril 2013, après six années à la tête du gouvernement de l'Autorité Palestinienne de Ramallah. Les « années Fayyad » ont été, pour nombre d'observateurs, celles de la « reprise économique » dans les territoires palestiniens, ce dont témoigneraient les chiffres spectaculaires de la croissance. Mais une étude plus précise des trajectoires de l'économie palestinienne indique que cette dernière, loin de s'émanciper de la tutelle d'Israël et des pays donateurs, poursuit un long mouvement de déclin, qui témoigne du fait qu'il n'y aura pas de « solution économique » à la question palestinienne qui demeure, fondamentalement, une question politique.
  • Les assassinats ciblés ou comment détruire un processus politique - Jean-Paul Chagnollaud p. 89-102 accès libre avec résumé
    Depuis les années 1970, Israël a eu recours à des assassinats ciblés de responsables palestiniens. Pendant la seconde Intifada, cette pratique a été utilisée de manière systématique; quelques centaines de personnes ont ainsi été tuées au nom de la lutte contre le terrorisme. Le discours officiel les a toujours présentés comme un moyen efficace de protéger les vies des Israéliens en éliminant de manière préventive les terroristes. En réalité, si cette justification peut se discuter, l'objectif de ces assassinats ciblés sur une large échelle participait de la politique de répression tous azimuts, entreprise par Ariel Sharon qui voulait, selon ses propres termes, effacer Oslo et continuer la guerre de 1948.
  • La nouvelle acuité de la question des prisonniers palestiniens - p. 103-113 accès libre avec résumé
    La question des prisonniers palestiniens, qui peut être clairement considérée comme fondamentale pour des raisons que nous évoquerons tout au long de cet entretien, a pourtant été marginale dans les négociations de paix. Comment expliquer cette contradiction? Et comment cette question, si longtemps passée sous silence, trouva enfin toute sa place, en s'imposant comme un élément décisif pour une possible reprise des négociations de paix?
  • Constitutional Making and Identity Construction in Occupied Palestine - Emilio Dabed p. 115-129 accès libre avec résumé en anglais
    The constitutional drafting in Palestine was seen by some people as another emancipatory step, as an opportunity to reassert Palestinian identity, and as a challenge to the Palestinian legacy of colonialism and occupation. However, in this article I argue that the role and impact of these legal processes were of a strikingly different nature. The starting point of the analysis is that the PA's constitutional and institutional frame was designed under occupation, by and for a non sovereign entity, and it thus represents the product of an ongoing colonial conflict rather than the end of it. Within this context, the PA political/constitutional regime rather than being an emancipatory reassertion of Palestinian identity tended to reproduce some colonial patterns –i.e. the Palestinian non sovereign status, authoritarian forms of domination, and the division of the colonized/occupied population in social groups with different legal status and often antagonistic interests
  • Le Hamas et Mohamed Morsi : un rapprochement trop risqué ? - Leïla Seurat p. 131-144 accès libre avec résumé
    Les Frères musulmans palestiniens ont longtemps été dépendants du niveau de tolérance que les régimes successifs égyptiens accordaient à la Confrérie. La répression nassérienne à partir de 1954 ne fut ainsi pas sans conséquences sur les Frères musulmans de Gaza. Jusqu'en 1968, cette dépendance était d'autant plus affirmée que l'Égypte gérait administrativement la bande de Gaza ; moins forte depuis lors, elle est cependant demeurée, pendant des décennies, un élément structurant de la relation entre ces deux territoires. Cet équilibre s'est trouvé bouleversé par l'arrivée des Frères musulmans au pouvoir, ces derniers ayant opéré un rapprochement inédit avec le Hamas. La chute de Mohammed Morsi le 3 juillet 2013 pose à nouveau la question du traitement de Gaza par l'Égypte et de l'avenir du Mouvement de la Résistance Islamique.
  • Comment le « Printemps arabe » a-t-il négligé la question palestinienne ? - Barah Mikail p. 145-156 accès libre avec résumé
    Le « Printemps arabe » a largement occulté le conflit israélo-palestinien. Mais alors que les possibilités de règlement de ce différend n'ont en rien disparu, un ensemble de facteurs en ont compliqué les logiques et ressorts. L'éclatement de la scène inter-palestinienne est profond, cependant que les Etats arabes continuent à jouer un rôle ambivalent. Sur le plan international, les acteurs capables d'influer positivement sur la scène israélo-palestinienne ne s'en donnent pas les moyens. Par conséquent, le conflit israélo-palestinien continue à connaître un enfoncement abyssal qui semble encore plus éloigner les opportunités de sa résolution.
  • De la résistance armée à la résistance non-violente : Réflexions sur un itinéraire spécifique - Bernard Ravenel p. 157-170 accès libre avec résumé
    Dans sa lutte désormais centenaire, le mouvement national palestinien a traversé plusieurs périodes correspondant à des contextes géopolitiques très différents – l'Empire Ottoman, le mandat britannique, la création de l'Etat d'Israël, l'expulsion de la majorité de la population (Nakba) en 1948, le développement du mouvement nationaliste arabe et la constitution d'Etats arabes indépendants.Ces bouleversements de l'environnement géopolitique ont failli faire disparaître la Palestine comme sujet politique autonome sur la scène internationale. Confronté à un ennemi puissant soutenu par les principales puissances impériales du 20e siècle (Grande-Bretagne, Etats-Unis), mais aussi stimulé par le mouvement mondial d'émancipation des peuples colonisés, le Mouvement national palestinien a cru un moment possible obtenir la libération par une lutte armée de longue durée soutenue en particulier par le monde arabe. Il a perdu ce pari au prix d'énormes destructions humaines et matérielles. Une volonté intacte de résistance l'a amené à tirer les leçons de ses échecs politiques et militaires et à s'engager dans une résistance populaire non-violente qui fait l'admiration du monde et qui devrait lui permettre d'espérer d'être libéré de l'occupation militaire israélienne désormais condamnée par la quasi totalité de la communauté internationale.
  • Sociologie des mouvements protestataires sociaux palestiniens - Abaher El Sakka p. 171-183 accès libre avec résumé
    Issu d'une enquête sociologique auprès de militants palestiniens, cet article revient sur les mobilisations sociales et politiques de ces dernières années. La « rue » palestinienne n'est pas restée à l'écart du contexte des soulèvements arabes et certains de ses secteurs, notamment une partie de la jeunesse, ont trouvé là un encouragement à contester l'occupant israélien mais aussi les pouvoirs en place en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Cet article revient notamment sur les mobiles, les méthodes de mobilisations et le parcours des militants impliqués.
  • Les Palestiniens de citoyenneté israélienne, vingt ans après Oslo - Isaías Barreñada p. 185-196 accès libre avec résumé
    Vingt ans après le démarrage du processus de paix d'Oslo, la minorité arabe palestinienne en Israël a changé. Elle joue désormais un rôle politique de plus en plus important, que ce soit sur la scène israélienne ou palestinienne. De nombreux dirigeants israéliens la perçoivent aujourd'hui comme un problème de premier ordre pour le projet sioniste. Cependant, plutôt que d'essayer de désamorcer ce risque potentiel, les discours, la répression et les nouvelles mesures légales ne font qu'aggraver les tensions intercommunautaires et accentuer la dimension politique de cette question.
  • Un demi-siècle de militantisme pro-palestinien en France : évolution, bilan et perspectives - Marc Hecker p. 197-208 accès libre avec résumé
    Le soutien à la cause palestinienne a émergé en France dans les années 1960 et s'est structuré autour de quatre tendances : les réseaux arabes, les « cathos de gauche », une partie des gaullistes et l'extrême-gauche. Depuis lors, la mouvance pro-palestinienne a beaucoup évolué et attire notamment de nombreux musulmans. Des questions comme l'attitude à adopter vis-à-vis du Hamas ne manquent pas de susciter des tensions.
  • Islam et pouvoir dans la Libye post-Kadhafi - Djallil Lounnas p. 211-231 accès libre avec résumé
    Cet article évalue les forces, les fondements et les composantes de la mouvance islamiste libyenne. Un temps soutien de Kadhafi, les Oulémas et les frères musulmans se sont alliés avec les salafistes djiahdistes lors de la révolution libyenne de 2011 afin de renverser le guide libyen. Aujourd'hui, les islamistes, force politique majeure, constituent un défi pour la nouvelle démocratie libyenne et notamment en ce qui a trait à leur éventuelle acceptation d'un « consensus minimum démocratique ». Les résultats des dernières élections et la progressive stabilisation, certes difficile, du pays laissent à penser toutefois que ce processus semble être en bonne voie et que les islamistes acceptent de jouer le jeu démocratique.