Contenu du sommaire : Relations collectives de travail

Revue @GRH Mir@bel
Numéro no 2, janvier 2012
Titre du numéro Relations collectives de travail
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial - Patrice Laroche, Alice Le Flanchec p. 7-9 accès libre
  • L'influence des institutions représentatives du personnel sur les pratiques de gestion des ressources humaines - Marc Salesina p. 11-36 accès libre avec résumé
    Cet article se propose d'aborder la question de l'influence de la présence et de l'activité des IRP sur les pratiques de GRH s'appuyant sur l'individualisation des salariés en matière d'expression, de rémunération et de contribution à l'effort de flexibilité organisationnelle. Le renforcement du rôle des IRP introduit par les évolutions juridiques récentes apparaît paradoxal avec la faiblesse supposée de ces acteurs et le constat d'un dialogue social qui peine souvent à s'inscrire dans une logique partenariale. Le modèle exit/voice/loyalty et la théorie du choix stratégique permettent d'éclairer notre question de recherche en ce qu'ils soulignent l'importance de la stratégie managériale en matière de gestion des relations professionnelles et étudient les effets de l'ancrage partenarial des relations professionnelles en entreprise. Les résultats de modèles de régression logistique, conduits à partir de l'enquête REPONSE semblent indiquer que la présence et l'activité des IRP n'est pas nuisible au développement de pratiques d'expression individuelle. Ils soulignent la spécialisation des IRP, selon qu'elles sont élues ou non. Le pluralisme syndical n'apparaît pas affaiblir l'action syndicale dans l'établissement. La participation des IRP à la négociation collective ne révèle qu'une influence marginale. Les implications managériales sont discutées au regard des changements apportés par les réformes juridiques des relations professionnelles.
  • Sans rencontre, quelle justice interpersonnelle ? Une analyse compréhensive des blocages actuels des relations sociales - Philippe Jacquinot, Arnaud Pellissier-Tanon p. 37-62 accès libre avec résumé
    Tout au long des Trente Glorieuses, la conflictualité des relations sociales a pu être expliquée par des questions de justice distributive : il s'agissait de partager la valeur ajoutée de l'entreprise. Depuis lors, une nouvelle conflictualité est apparue, qui réclame un meilleur respect du personnel par les managers. La littérature relève qu'il s'agit de manquements à la justice interpersonnelle qui trouveraient leur source dans ce que nous avons appelé un évitement de la rencontre. Cet article cherche à mieux comprendre ce phénomène et analyse, à titre exploratoire, le cas d'une multinationale du secteur agro-alimentaire, notamment l'engagement syndical de Sonia Ricard, l'une de ses responsables marketing : il s'avère qu'elle se fait désigner représentant syndical et se met à défendre les autres salariés quand ses supérieurs lui annoncent un prochain licenciement et qu'elle découvre, chez les syndicalistes, la chaleur humaine à laquelle elle aspirait. Au fond, elle ne demandait que des ménagements mais elle s'est sentie incomprise et a cherché à se protéger. Ce cas met en lumière la bienveillance avec laquelle chacun a besoin d'être traité. Il aide à comprendre pourquoi la présence ou l'absence de respect et de compassion détermine les relations sociales. Il aide à spécifier les comportements qui, par un phénomène de mobilisation, transforment le climat social : chercher la rencontre ou, au contraire, éviter la relation. L'article apporte ainsi une contribution à une analyse compréhensive des blocages actuels des relations sociales.
  • Peut-on dépasser la discorde dans les situations de restructuration ? Quatre cas visités à l'aune de la sociologie de la justification - Florent Noël, Delphine Wannenmacher p. 63-91 accès libre avec résumé
    Les situations de restructuration entendue comme « mutation entraînant une rupture de ou dans la relation d'emploi » donnent lieu à des controverses souvent vives. Si la conflictualité de ces controverses est souvent mise en avant, notamment dans les médias, pour autant, la violence est souvent évitée par le biais de la justification. C'est le cas des quatre monographies que l'on analysera ici à partir du cadre de la sociologie de la justification proposé par Boltanski et Thévenot (1991). Notre papier a plusieurs objectifs. Tout d'abord, il met en exergue la pluralité des mondes en présence dans les cas de restructuration (marchand, industriel, domestique, civique) comme facteur explicatif de la conflictualité, mais aussi des formes d'accord rencontrées dans les entreprises, comme si la façon de coordonner l'action collective impliquait une façon donnée de penser l'accord. En outre, ce papier montre la possibilité de bâtir des accords plus ou moins solides selon l'étendue du réseau mobilisé, d'où l'importance de prendre en compte l'ensemble des parties prenantes, des salariés aux actionnaires de l'entreprise, en tentant de « traduire » du mieux possible les représentations des uns et des autres. En définitive, s'il semble possible de dépasser la discorde dans les situations de restructurations, les moyens utilisés seront toutefois différents selon l'objet de cette discorde et les mondes qui se disputent, et l'accord sera plus ou moins stable et durable en fonction de l'effort de traduction réalisé.
  • Les pratiques de restructuration : un enjeu pour les relations sociales en France et en Allemagne - Marina Bourgain p. 93-118 accès libre avec résumé
    La présente contribution explore une période charnière (2000-2005) pour les systèmes français et allemand de relations sociales. Nous avançons l'hypothèse que l'évolution des pratiques, puis des règles, encadrant les licenciements collectifs a contribué à une hybridation des modes nationaux de protection. Un éclairage par les pratiques nous paraît alors nécessaire pour mettre en exergue les forces et les limites de la protection dans chacun des pays. Nous suivons pour ce faire une démarche contextualiste, à travers quatre cas de restructuration. Ce cadre contextualiste nous permet d'intégrer, comme grille d'analyse, la théorie de la régulation sociale de J-D Reynaud et les configurations de pouvoir dans l'entreprise suivant la typologie de Kotthoff. Nous observons que lorsque la représentation salariée est solide (au sens de Kotthoff) dans les deux pays, une réelle articulation dynamique s'engage entre information, conflit/confrontation, et négociation. Nous notons à ce sujet qu'une expertise de qualité peut dynamiser cette articulation. En revanche, plus la représentation salariée est isolée, ignorée ou vassalisée (au sens de Kotthoff), plus l'impact des spécificités nationales est apparent.Nous soulignons dans quelle mesure les pratiques alimentent l'évolution législative et participent ainsi à l'évolution des rôles respectifs de l'État, des syndicats acteurs de la négociation collective, et des instances élues dans l'entreprise. L'incitation à l'autonomie des partenaires sociaux lors des restructurations en France, et le développement de normes étatiques universelles en Allemagne, caractéristiques d'une hybridation des modes de protection, participe d'un changement profond du système de relations sociales en France comme en Allemagne.Cette recherche a bénéficié d'un financement du CIERA et d'un séjour au Max Planck Institute Köln.