Contenu du sommaire : Numéro spécial : Wittgenstein (1889-1951)

Revue Archives de philosophie Mir@bel
Numéro tome 64, no 3, juillet 2001
Titre du numéro Numéro spécial : Wittgenstein (1889-1951)
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Bulletin de Philosophie Médiévale V - p. 1-40 accès libre
  • Wittgenstein et la règle : Présentation - Sandra Laugier p. 455-456 accès libre
  • Non-cognitivisme et règles - John McDowell p. 457-477 accès libre avec résumé
    Un fondement putatif dunon-cognitivisme à propos des valeurs, réside dans une conception qui voudrait que les descriptions du monde soient intelligibles sans se placer à un point de vue spécial, là où les assignations de valeur seraient par essence effectuées du sein d'une forme de vie affectivement et conativement informée (§ 1). J'émets plus que des réserves quant à l'idée qu'on puisse faire passer une suite d'applications d'un concept axiologique pour des cas de continuer de la même manière, sur un mode qui soit cohérent avec ce genre de non-cognitivisme, en les expliquant comme une suite de réponses à des instances d'une espèce identifiable sur un mode non-axiologique (§ 2). L'examen par Wittgenstein de ce que c'est que suivre une règle sape l'un des motifs de supposer que l'application d'un concept axiologique ne saurait avoir d'autre cohérence qu'une cohérence de ce genre (§ 3). Je m'attache au lien que cela a avec un argument récurrent qui argue de ce que les jugements moraux sont des guides de l'action pour préconiser le non-cognitivisme (§ 4). Je conclus par la recommandation suivante : cette conception de la cohérence de la pensée axiologique ne saurait être aisément désavouée par les partisans du non cognitivisme (§ 5).
  • Que veut dire « Faire la même chose » ? - Jacques Bouveresse p. 479-503 accès libre avec résumé
    Lorsqu'on se demande si la règle à laquelle obéit, par exemple, la continuation d'une suite de nombres comme 2,4,6,8, ... a été ou non suivie correctement dans un cas particulier, il est naturel de répondre qu'elle l'a été si et seulement si on a fait « la même chose »que depuis le début. Mais Wittgenstein souligne que les deux concepts « faire la même chose » et « appliquer correctement la règle » sont imbriqués l'un dans l'autre d'une manière telle que cette réponse ne nous est d'aucun secours. Quelqu'un pourrait continuer de façon déviante et soutenir néanmoins qu'il a bel et bien fait la même chose qu'auparavant. C'est cette situation qui est à l'origine du « paradoxe sceptique » qui a été discuté par Kripke. Un aspect important de la solution de Wittgenstein consiste à faire remarquer que, même dans le cas des règles mathématiques, le contenu de la règle n'est ni plus ni moins déterminé que ne l'est la pratique qui consiste à appliquer la règle. Or, le sceptique raisonne sur ce point comme si le contenu de la règle, aussi déterminé qu'il puisse être, pouvait néanmoins toujours laisser subsister une indétermination partielle et même peut-être complète dans la façon de l'appliquer. Ce que veut dire Wittgenstein semble être, justement, que la règle ne possède pas, par rapport à la pratique de l'application, le genre d'indépendance et de distance qui pourrait donner lieu à la formulation d'un authentique problème sceptique.
  • Où se trouvent les règles ? - Sandra Laugier p. 505-524 accès libre avec résumé
    L'A. examine le débat actuel sur la règle ? notamment tel qu'il a été lancé par S. Kripke ? et tente de le déplacer : la question n'est pas de fonder, penser ou expliquer la règle, ni de discuter des conceptions de la règle ou des applications correctes et incorrectes de la règle, mais de la « chercher au bon endroit », pour reprendre une expression de Cora Diamond. Il ne faut pas surestimer la place de la règle chez Wittgenstein : toutes nos activités ne sont pas gouvernées par des règles, mais « suivre une règle » fait partie de nos pratiques et de leur arrière-plan.
  • Règles de projection et règles de calcul - Jérôme Sackur p. 525-544 accès libre avec résumé
    On identifie deux modèles du concept de règle présents dans l'?uvre de Wittgenstein, dès le Tractatus : les règles de projection (ou de traduction) et les règles opératoires (ou de calcul). Dans le cadre conceptuel de ce texte, gouverné par l'indépendance des propositions élémentaires, ces deux modèles sont équivalents. On interprète ensuite les difficultés de Wittengstein avec le concept de phénoménologie, au début des années trente, comme liées à la restriction du concept de règle aux règles de projection. Le dépassement de ces difficultés se fait par la découverte de la possibilité d'un nouvel équilibre entre les deux modèles, équilibre dans lequel les règles opératoires jouent un rôle directeur.
  • Qu'est-ce que l'inférence ? Une relecture du Tractatus logico-philosophicus - Mathieu Marion p. 545-567 accès libre avec résumé
    En logique mathématique, on doit distinguer entre une conception « axiomatique »de la logique, qui fut celle de Frege, Russell et Hilbert, et une conception plus « pragmatique »en termes d'actes de preuves, que l'on retrouve dans les systèmes de déduction naturelle de Gentzen. Des parallèles sont esquissés entre la conception de l'inférence et de la logique dans le Tractatus Logico-philosophicus de Wittgenstein et celle de Gentzen. Ce cadre permet en outre de jeter un regard neuf sur l'argument de Wittgenstein sur « suivre une règle ».
  • Aspects de l'arithmétique - Jean-Philippe Narboux p. 569-591 accès libre avec résumé
    En résolvant au plan de l'attribution du nombre un problème insoluble au plan de l'engendrement du nombre, celui de la compatibilité entre égalité et discernabilité, Frege est conduit à supposer l'existence de concepts dont les caractères dépeignent des propriétés discriminantes. Frege souligne avec force que « donner un nombre, c'est exprimer un fait indépendant de notre manière de voir ». Mais on peut se demander si un caractère discriminant, précisément, n'est pas une « manière de voir » ? quoiqu'au sens non psychologiste d'un aspect sous lequel peut être vu un complexe signitif. Frege et Husserl méconnaissent que le procédé de spécification des multiplicités par mise en correspondance biunivoque est tributaire d'une extension de la théorie des moments figuraux aux complexes signitifs. En envisageant les nombres comme des propriétés internes de symboles de classes, en d'autres termes comme des aspects exhibés par des listes, Wittgenstein pense l'émergence de critères figuraux de corrélations numériques. Contre la critique frégéenne de Husserl, Wittgenstein fait valoir que la pertinence de la notion de moment figural ou d'aspect n'est pas confinée à la psychologie ; contre le thème husserlien d'une intuition catégoriale des nombres, que le moment statutaire du concept ne saurait être délégué à aucune intuition.
  • Comptes rendus - p. 593-597 accès libre