Contenu du sommaire : Varia

Revue Archives de philosophie Mir@bel
Numéro tome 75, no 3, juillet 2012
Titre du numéro Varia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Repenser le cosmopolitisme

    • Déduction de l'idée cosmopolitique - Yves Charles Zarka p. 371-373 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Il s'agit de déduire le concept de cosmopolitisme à partir de la notion d'humanité et de montrer le champ considérable qui s'ouvre ainsi à la pensée : le rapport à la nature et au monde vivant, l'idée d'une justice universelle pensée à partir de l'humanité comme sujet supérieure au peuple ou à l'État comme sujet. De cette hiérarchie peut être tirée l'idée d'un droit de résistance des peuples contre l'oppression, l'équité territoriale, le droit de vivre dignement des fruits de la Terre au lieu où l'on habite.
      The idea of cosmopolitanism is deduced on the basis of the notion of humanity, and thus it can be shown that a broad field of thinking is opened up : relationships with nature and the living world, and the idea of a universal justice conceived on the basis of humanity as subject, superior to the people or state as subject. From this hierarchy it is possible to draw the idea of a people's right to resist oppression ; territorial equity ; and the right to live with dignity on the fruits of the earth in the place where one lives.
    • Exposition de l'idée cosmopolitique : La responsabilité pour l'humanité - Yves Charles Zarka p. 375-393 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'inappropriabilité de la Terre comme principe fondamental du droit cosmopolitique, dont les autres droits et devoirs de l'humanité doivent êtres déduits, est susceptible de renouveler le contenu de l'idée du citoyen du monde qui relève d'un droit plus fondamental que celui de la citoyenneté étatique. Cela ne veut nullement dire qu'il faille remettre en cause le droit positif étatique, mais simplement que, au-dessus de celui-ci, il y a un droit du citoyen du monde, donc de l'humanité qui prévaut. Pour Kant, le droit cosmopolitique du citoyen du monde avait pour unique contenu l'hospitalité que l'on doit à celui qui arrive et qui passe. A partir du concept d'inappropriabilité de la terre ce droit s'élargit considérablement : il comporte non seulement le devoir d'hospitalité, mais aussi les droits de l'homme et en outre le droit à bénéficier des fruits de la Terre en vue d'avoir une existence décente. Le tout définissant la responsabilité cosmopolitique pour l'humanité.
      The inappropriability of the earth as a fundamental principle of cosmopolitical rights, from which other rights and duties of humanity should be deduced, has the capacity to renew the content of the idea of world-citizen, based on a more fundamental right than that of state citizenship. This in no way means a need to question the positive right of states, but simply that above that right lies that of the citizen of the world (i. e. of humanity), which prevails. For Kant the only content of the cosmopolitical rights of the world-citizen was the hospitality owed to whoever arrives and goes on his way. From the concept of the earth's inappropriability, this right extends considerably in scope : it includes not only the duty of hospitality, but also human rights and, further, the right to benefit from the fruits of the earth with a view to a decent existence. The whole defines cosmopolitical responsibility for humanity.
    • Comprendre l'Union européenne en un sens cosmopolitique : Quelle participation civique ? - Jean-Marc Ferry p. 395-404 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Loin d'épouser le schéma d'un État fédéral (inachevé), la structure juridique fondamentale de l'Union européenne est celle d'une union cosmopolitique au sens où Kant en avait exposé l'épure dans « La Paix perpétuelle », selon trois « niveaux de relations du droit public » (ius civitatis, ius gentium, ius cosmopoliticum). Cependant, la dynamique de l'intégration européenne fait émerger des différenciations déroutantes : entre citoyenneté et nationalité, peuple et nation, autorité et souveraineté, souveraineté négative et souveraineté positive, droit international et droit transnational, État et Constitution. En ce qui concerne l'Europe (cosmo) politique, cela ne va pas sans difficulté. L'Union doit en effet faire face à des difficultés internes de responsabilité, d'autorité, de représentativité politiques – bref de légitimité politique du projet européen lui-même, dont il est urgent de repenser les finalités.
      Far from using the scheme of an (uncomplete) federal State, the fundamental legal structure of the European Union is of a cosmopolitical union as sketched by Kant in « Perpetual Peace » – according three « levels of relationship to public law » (ius civitatis, ius gentium, ius cosmopoliticum). However, the process of European integration brings out confusing distinctions : between citizenship and nationality, people and nation, authority and sovereignty, negative and positive sovereignty, international and transnational law, State and Constitution. As regards the (cosmo) political Europa, the Union must face internal difficulties of political responsibility, authority, and representativeness – i. e. about the political legitimacy of the European project itself. It is imperative to reconsider its purposes.
  • Regards de philosophes sur leur société

    • Une anthropologie des différences dans L'Esprit des lois - Denis de Casabianca p. 405-423 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans L'Esprit des lois, la question de la nature de l'homme n'est pas prise en charge dans un cadre jusnaturaliste. Les considérations physiologiques du Livre XIV, l'étude du mouvement des fibres, révèlent un « être flexible ». Montesquieu s'efforce de constituer un savoir anthropologique qui s'accorde avec le projet d'étude des institutions humaines. Ce savoir ne se donne pas comme un préalable à l'enquête politique, il lui est inséparable et apparaît comme une anthropologie des différences.
      In The Spirit of the Laws, the question of the nature of man is not supported as the modern jusnaturalists would do. The physiological considerations of Book XIV, the study of movement of the fibers, reveal a “flexible being”. Montesquieu tries to establish a anthropological knowledge appropriated with the draft study of human institutions. This knowledge is not a prerequisite for political investigation, it is inseparable and appears as an anthropology of differences.
    • Chiffonnier contre flâneur : Construction et position de la Passagenarbeit de Walter Benjamin - Marc Berdet p. 425-447 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans cet article, nous reconstruisons le dernier travail de Walter Benjamin, le Livre des passages, comme celui d'un « chiffonnier ». Nous allons ainsi contre le courant qui consiste à considérer cette somme comme un livre achevé, écrit par un « flâneur » ambigu, et l'appréhendons au contraire comme une collecte systématique de rebuts de l'histoire, habituellement ignorés par les historiens, et qui attendent leur classement. La forme définitive doit venir d'une nouvelle dialectique du passé et du présent, qui part de la position historique et politique de Benjamin. Le Livre des passages documente une méthode et une technique d'écriture que nous pouvons reprendre aujourd'hui.
      In this article, I reconstruct Walter Benjamin's last work, The Arcades Project, as the work of a “ragpicker”. I thus go against the trend of treating this as a finished book, written by an ambiguous “flâneur”, proposing instead to approach it as a systematic collection of scraps of history, habitually underrated by historians, waiting for their classification. The definitive form has to come from a new dialectic of past and present, which starts from Benjamin's historical and political position. The Arcades Project documents a method and a technique of writing that we can still take up again today.
    • L'objet de la théorie dialectique : Le débat entre Max Horkheimer et Theodor W. Adorno - Pierre-François Noppen p. 449-470 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article veut contribuer à définir l'objet de la théorie dialectique. Afin d'y parvenir, il reconstruit le projet d'une théorie dialectique tel qu'il a pris forme au cours des années trente au sein de l'École de Francfort – dont on rappelle qu'elle s'est toujours voulue, depuis sa naissance à Francfort dans les années 30, et dans le contexte de la société allemande, une continuation et une reprise du marxisme et sur le plan spéculatif et sur le plan des sciences empiriques – en prenant appui sur les protocoles de discussions qui eurent lieu en 1939 à l'International Institute for Social Research à New York et dont l'importance n'a jamais été pleinement reconnue. Je défends que le projet peut être lu à la lumière d'une déclaration de Marx et que les termes qu'il emploie suggèrent, paradoxalement, que l'on peut emprunter l'une ou l'autre de deux voies distinctes pour élaborer la théorie dialectique. Je montre ensuite ce qui motive Max Horkheimer à emprunter l'une de ces voies et Theodor W. Adorno à emprunter plutôt l'autre. Je montre enfin pourquoi, dans la confrontation de leur position, l'une des deux voies s'affirme sur l'autre et comment cela nous permet de discerner plus précisément la nature de l'objet de la théorie dialectique.
      This article works to define the object of dialectical theory. To do so, I reconstruct the project of this theory as it unfolded in the early years of the Frankfurt School using protocols of discussions held in 1939 at the International Institute for Social Research in New York City, the importance of which has not yet been fully acknowledged. I claim that this project can be read in light of one of Marx's own statements which paradoxically suggests that one can choose either one of two paths to develop this project. I show what leads Max Horkheimer to take one of these paths and Theodor W. Adorno to rather take the other. I then explain why, in the confrontation of their respective positions, Adorno's position asserts itself over Horkheimer's and show how this confrontation allows us to sharpen our focus on the object of dialectical theory.
    • Goffman, Durkheim et les rites de la vie quotidienne - Frédéric Keck p. 471-492 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      On propose ici la notion de « rite de la vie quotidienne » en liant les analyses de Goffman sur la « mise en scène de la vie quotidienne » avec sa réflexion, d'inspiration durkheimienne, sur les « rites d'interaction ». Après avoir rappelé l'analyse durkheimienne du rituel, on montre en quoi le pragmatisme de Mead permet à Goffman de refuser un certain nombre de présupposés de la sociologie de Durkheim. On montre ensuite que la référence à la mise en scène théâtrale permet à Goffman de se détacher du normativisme de Mead pour proposer une analyse des personnes (selves) qui rejoint le cœur de la pensée durkheimienne, celle qui sera reprise par le structuralisme lévi-straussien et qui s'inscrit dans la réflexion juridique. La conclusion propose alors une nouvelle comparaison entre Goffman et Foucault à partir du domaine de la biopolitique.
      This article proposes the notion of « rite of everyday life » by linking Goffman's analyses on « the presentation of self in everyday life » to his reflection, inspired by Durkheim, on « rites of interaction ». After recalling the Durkheimian analysis of ritual, we show how Mead's pragmatism allows Goffman to refuse some postulates of Durkheim's sociology. We then show that the reference to theatrical mise-en-scène allows Goffman to detach himself from Mead's normativism, and to propose an analysis of selves that goes back to the heart of Durkheim's thought, that which will be at the center of Lévi-Strauss's structuralism and takes its roots in a reflection on law. The conclusion proposes a new comparison between Goffman and Foucault starting from the domain of biopolitics.
    • La réception fichtéenne de la Critique de la faculté de juger - Manuel Roy p. 493-514 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Selon une interprétation très répandue, Fichte reprendrait dans la doctrine de la science le problème qui se trouve au cœur de la troisième Critique kantienne pour le résoudre à sa façon. Cette idée, parfaitement légitime en elle-même, est toutefois souvent adoptée pour des raisons contestables. À partir d'un examen approfondi de la correspondance et de certains écrits de jeunesse de Fichte, le présent article s'efforce de déterminer avec précision la manière dont le jeune penseur a interprété et cru devoir compléter la philosophie critique de Kant, et notamment la Critique de la faculté de juger.
      According to a commonly held interpretation, Fichte, in the science of knowledge, revisits the problem which lies at the core of Kant's third Critique, with a view to solving it in his own way. This idea, perfectly legitimate in itself, is usually endorsed for questionable reasons. By scrutinizing some of Fichte's early writings and his correspondence, the present article aims to determine the exact manner in which the young thinker interpreted Kant's critical philosophy and why he thought it necessary to complete Kant's work, particularly with regards to the Critique of Judgment.
  • Comptes rendus

  • Bibliographie

  • Bulletin de Philosophie médiévale XIV