Contenu du sommaire : L'université : retour à la ville

Revue Espaces et Sociétés Mir@bel
Numéro no 159, 2014/4
Titre du numéro L'université : retour à la ville
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • I. L'université : retour à la ville

    • Éditorial - Alain Bourdin, Élisabeth Campagnac p. 7-15 accès libre
    • Les grandes universités face aux enjeux de la production urbaine - Hélène Dang Vu p. 17-35 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans un contexte de concurrence accrue entre universités, la production urbaine devient un champ d'action privilégié pour améliorer l'attractivité des établissements. L'article présente à partir d'une étude internationale, les traits dominants de cette figure montante de l'université-producteur urbain. Cette mise en perspective permet ce faisant, d'interroger avec un nouveau regard, les rapports des universités françaises avec la ville.
      Major Universities and Challenge of Urban Production
      In a context of increased competition between universities, urban production becomes a privileged field of action to improve the attractiveness of the institutions. This paper presents an international study of the dominant features of the rising star of the city-building university and examines with new eyes, reports of French universities and cities.
    • Faire converger projet métropolitain et stratégies universitaires : l'autre grand chantier de Montpellier ? - Alexandre Brun, Stéphane Coursière p. 37-57 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le développement de Montpellier dans les années 1960 s'est notamment appuyé sur la création de deux vastes campus « à l'américaine » au nord du territoire communal. Dans une approche planificatrice et descendante, l'État a imposé aux pouvoirs locaux (qui ont finalement pris fait et cause pour le projet) l'implantation de grands ensembles universitaires dans la périphérie montpelliéraine, à l'écart des services urbains et des facultés historiques restées au centre. Les opportunités foncières offertes à l'époque dans ce secteur ont conforté le choix des pouvoirs publics. Le quartier « Hôpitaux-Facultés » s'est révélé être un des moteurs de l'extension urbaine et l'une des portes d'entrée d'une ville, alors davantage tournée en direction des garrigues que vers la mer. De la construction du Centre Richter sur les rives du Lez à la requalification des anciens hospices en centre ville, les stratégies universitaires se sont depuis diversifiées, tout en faisant écho à l'évolution du projet montpelliérain – dont le quartier d'Antigone, le parc urbain du Lez puis l'avenue Dugrand ont tour à tour constitué les fronts. Ce faisant, « l'Opération Campus » débutée en 2009 paraît désormais déconnectée des priorités de la municipalité, alors qu'elle recouvre de multiples enjeux en matière de logements, d'environnement et de transport à l'échelle métropolitaine.
      Convergence of Metropolitan Projects and University's Strategies : Another Grand Project for Montpellier ?The first phase of development of Montpellier in the 1960s relied in particular on the creation of two “American-style” campuses north of the municipal territory. In a top-down planning approach, the state imposed on local government (which finally took up the cause of the project) the implementation of large university development on the outskirts of Montpellier, away from urban services and historical faculties which remained at the centre. The real estate opportunities offered at the time in this area have confirmed the government's choice. The “Hospitals Schools” district has proven to be a driving force of urban sprawl and one of the gateways into the city, which then turned more towards the interior scrubland rather than towards the coast. Since the construction of Richter Centre on the banks of the Lez to redevelopment of old homes in the city center, university strategies have since diversified, while echoing the evolution of a the Montpellier project – whose headquarters at Antigone, Lez urban park, and Avenue Dugrand were priorities one after the other. “Operation Campus” started in 2009 now seems disconnected from the priorities of the municipality, although it covers many issues relating to housing, transportation and environment at the metropolitan level.
    • Le système universitaire madrilène : entre concentration et dispersion géographique - Lise Fournier p. 59-76 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse le développement spatial des implantations universitaires à l'échelle de la Communauté autonome de Madrid. La capitale espagnole, qui représente le plus grand foyer universitaire d'Espagne, a vu le nombre de ses universités passer de un à quinze en à peine quarante ans. Le système universitaire régional se constitue dans un horizon temporel très resserré et les nouvelles universités, notamment privées, privilégient l'implantation dans la périphérie favorisée de l'aire métropolitaine. En revanche, le développement de l'université publique est conçu dans une logique de rééquilibrage régional et métropolitain. La dispersion des installations universitaires dans la région de Madrid s'opère dans un contexte de concurrence accrue entre les universités du fait des nouvelles politiques d'excellence et de la diminution du nombre d'étudiants, mais aussi marqué par l'absence de planification universitaire à l'échelle métropolitaine.
      Madrid's University System : Between Concentration and Dispersion of Universities
      The article analyzes the spatial distribution of universities in the metropolitan area of Madrid (Communauté autonome de Madrid). The Spanish capital, which has the largest number of universities in Spain, saw the number of its universities grow from one to fifteen in just forty years. In this recent regional university system, new universities, especially private universities, chose to locate in the periphery of the metropolitan area. In contrast, the development of the public university is designed in the logic of regional and metropolitan consolidation. The dispersion of universities in Madrid occurs in the context of increased competition between universities because of a new excellence policy and the decreasing number of students, but is also marked by the absence of academic planning at the metropolitan level.
    • Les implantations universitaires en Seine-Saint-Denis, 1967-1981 : tensions et contradictions politiques et structurelles - Marc Giovaninetti p. 77-94 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article rend compte du traitement différencié que l'université de Paris 13-Villetaneuse puis celle de Paris-8-Saint-Denis reçoivent du Conseil général de Seine-Saint-Denis lors de leur implantation, de la fin des années 1960 au début des années 1980, dans l'un de ces nouveaux départements de la région parisienne. Il en souligne aussi la portée heuristique, en montrant que ce traitement, dans le cadre d'un département à hégémonie communiste, renvoie à la confrontation entre des impératifs nationaux et régionaux et à des considérations locales d'affrontements ou de compromis politiques.
      Establishing Universities in Seine-Saint-Denis, 1967-1981 : Political and Structural Tensions and Contradictions. This article reports the different treatment which the university of Paris XII Villetaneuse and Paris-VIII-Saint-Denis received from the General Council of Seine-Saint-Denis during their establishment at the end of 1960s and the beginning of 1980s, in one of the new Départements of the Paris region. It also underlines its heuristic value, by showing that this treatment within the framework of a Département governed under communist hegemony, related back to the confrontation between national and regional imperatives and to the local considerations in political confrontations or compromises.
    • Les scenarii contradictoires du retour en ville : le cas de l'université Paris XIII - Boris Lebeau, Loïc Vadelorge p. 95-110 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Fondée en 1971 l'université Paris XIII est confrontée depuis ses débuts à une double problématique d'intégration urbaine et de stratégie territoriale. Les projets contemporains de repositionnement de l'université dans l'espace universitaire francilien et plus particulièrement au nord de Paris se heurtent aux difficultés structurelles d'insertion urbaine de Paris XIII en particulier sur le site principal du campus de Villetaneuse. Le recours à une analyse historique et spatiale croisée permet de mettre à jour les déterminismes qui pèsent sur les choix d'aménagement et les stratégies des différents acteurs aujourd'hui en charge du destin de l'université et des relations avec son environnement urbain. Le développement de l'intercommunalité de projet, l'opportunité de la présence d'un établissement public d'aménagement sur le territoire, les stratégies scientifiques et territoriales de la présidence de l'université accentuées depuis la loi lru forment objectivement des conditions nouvelles pour repenser le « retour en ville » de l'université. Paris XIII ne peut pas, pour autant, faire table rase du passé de son échec urbain dont les failles rejouent sans cesse et placent la décision sous le signe de la schizophrénie.
      Back to the City : Conflicting Scenarios. The Case of University of Paris XIII. Since its inception in 1971, University of Paris XIII (Paris North) has faced dual problems of urban integration and territorial strategy. Contemporary plans to reposition Paris XIII in the academic context of Ile de France, and more particularly in the North of Paris, face structural difficulties of urban integration in particular on the main campus site of Villetaneuse. The use of comparative-historical and spatial analysis updates the determinism that saffect the development choices and strategies of the various actors now in charge of the destiny of the university and its relationship with the urban environment. The development of an inter-municipal project, the opportunity to have a public development in the area, scientists and territorial strategies of the Presidency of the University increased since enactment of the 2007 Law lru to form objectively new conditions to rethink the “back to the city university”. However, Paris XIII cannot easily forget its past nor wipe the slate clean of its urban failures whose flaws constantly replay the decision and place it under the sign of schizophrenia.
    • Les écarts sociaux de recrutement des universités d'Île-de-France : un processus de ségrégation ? - Leïla Frouillou p. 111-126 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article interroge le rôle de la division sociale de l'espace résidentiel étudiant dans la genèse d'écarts sociaux de recrutement entre les seize universités publiques franciliennes. Des entretiens auprès d'étudiants inscrits à Paris 1 (Paris) et Paris 8 (Saint-Denis) soulignent les dimensions spatiale (distance), relationnelle (effet de pairs), et institutionnelle (sectorisation) qui font jouer la localisation résidentielle dans l'inscription à l'université. Outre cette importance de la distance dans les recrutements, associée à la localisation des sites dans des espaces sociaux contrastés, de tels écarts entre universités s'expliquent par une différenciation du rapport à l'espace local dans les arbitrages étudiants (évitement). Ce « sens du placement universitaire », qui s'appuie sur des capitaux sociaux et scolaires en évolution, permet d'interroger, par analogie avec les travaux sur l'enseignement secondaire, l'existence d'une « ségrégation universitaire » en Île-de-France.
      Social Gaps in Recruitment by Universities in Île-de-France : a Process of Segregation ?
      This paper questions the role of the social division of space in the creation of social gaps in student populations across the sixteen public universities of the Île-de-France region. Interviews with students registered in Paris I (Paris) and Paris VIII (Saint-Denis) universities reveal the spatial isolation, social peer group and institutional constraints through which residential location affects university registrations. Apart from this importance of distance in recruitments combined with the socially contrasting location of the universities, such gaps between institutions result from a differentiation in students'emotional connection to place. Students'complex arbitrations (avoidance of some universities) reveal a social sense of position which relies on evolving educational and social capital. By analogy with research on secondary schools, this research interrogates the “university segregation” processes in Île-de-France.
    • Mobilités et pratiques de loisirs des étudiants débutants. Le cas de l'Université de Créteil - Sophie Blanchard p. 127-146 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article interroge les mobilités et les pratiques de loisirs des étudiants de première année de licence de lettres, langues et sciences humaines de l'Université Paris-Est Créteil, en les confrontant à celles des étudiants de l'Université Paris-Est Marnela-Vallée. L'analyse se focalise sur les dissemblances et les points communs des pratiques de loisirs d'étudiants très hétérogènes d'un point de vue social et scolaire. Les étudiants enquêtés sont fortement dépendants de leurs parents. Ils s'avèrent cependant très autonomes en termes de mobilités et grands utilisateurs des transports en commun. Ces étudiants, qui pour beaucoup sont issus des classes populaires, construisent des pratiques de loisirs diversifiées.
      Mobility and Leisure Practices of First-Year Students. The Case of the University of Créteil
      This article deals with first-year students of Université de Paris-Est Créteil in the literature, language and humanities faculty. It focuses on their mobility and recreational activities, comparing these to the situation of the students of university Paris-Est Marne-la-Vallée. This study is focused on the differences and the similarities of the recreational activities among a socially heterogeneous population of students. These students depend financially on their parents but nonetheless appear to be very independent in their recreational activities, and prone to use public transportation. These students, many of whom come from working class families, develop a variety of recreational activities.
  • II. Hors dossier

    • S'éviter ou coexister tant bien que mal. Usages de deux parcs publics à Belo Horizonte - Paul Cary, Natalia Duarte Cáceres p. 147-166 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Alors que les espaces publics brésiliens se transforment, l'observation de type socio-ethnographique de deux parcs publics de Belo Horizonte révèle des tendances ambivalentes. Le Parc Municipal, en plein centre-ville, très fortement sécurisé, accueille principalement des usagers des classes populaires ou des populations marginales. Au Parc Barrage, la coexistence de fait entre habitants des classes aisées et des classes populaires va de pair avec de nombreux vols et les usagers adoptent de multiples stratégies d'évitement. Deux conclusions principales ressortent de notre étude. D'abord, si les espaces publics n'apparaissent plus comme des repoussoirs, la coexistence entre populations n'y va pas de soi et elle est loin d'y renforcer la tolérance. Ensuite, les usagers tendent à considérer que la régulation des espaces publics relève exclusivement de l'État et y adoptent des comportements destinés à leur éviter toute implication.
      Avoidance or Coexistence in Public Spaces ? Observing the Use of Two Public Parks in Belo Horizonte (Brazil)While public spaces in Brazil are undergoing important transformations, a socio-ethnographic observation of two public parks in Belo Horizonte reveals ambivalent tendencies. On the one hand, the “Parque Municipal” is located in the city center with a high degree of security. It is mainly used by working-class people or marginalized populations. On the other hand, in the “Parque Barragem”, where upper-class individuals and the favela population are alongside each other, robberies are commonplace and park users generally adopt many avoidance strategies, trying to avoid any kind of interaction with other social groups. Two main conclusions emerge from our study. Firstly, even if public spaces are no longer dividers, spatial proximity does not strengthen tolerance. Secondly, users tend to consider the regulation of public spaces as a governmental issue and they therefore avoid any kind of involvement themselves in these matters.
  • Notes de lecture