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Revue Revue historique Mir@bel
Numéro no 673, janvier 2015
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  • Articles

    • Rupture dynastique et mémoire des empereurs romains (68-69 apr. J.-C.) - Jérôme Sella p. 3-44 accès libre avec résumé
      La crise des années 68-69 après J.-C., qui voit le renversement de Néron et l'affrontement entre divers compétiteurs, met en évidence l'absence de mode régulier de désignation d'un successeur au pouvoir impérial, en dehors des adoptions au sein de la famille julio-claudienne. La référence à des modèles de comportement - ou exempla - propres à certains prédécesseurs ou à certains contextes, joue alors un rôle essentiel. Ainsi, Clodius Macer exploite, mais sans succès, le souvenir des guerres civiles de la fin de la République, tandis que d'autres acteurs, tels Vindex, Galba ou Othon, prennent d'abord appui sur les précédents des années 41-42 qui avaient vu la chute de Caligula, l'élévation de Claude puis l'usurpation de Scribonien. Mais c'est l'exaltation de la mémoire d'Auguste par Galba qui se révèle la plus efficace. Alors qu'Othon et Vitellius tentent en vain d'exploiter le souvenir de Néron à leur profit, Vespasien opère une synthèse en reprenant chez chacun ce qui fonctionne : il utilise des éléments, y compris monétaires, du discours de Galba, et approfondit les références à Auguste. Les solutions trouvées pendant ces années constituent à leur tour des précédents durables, sur lesquels s'appuieront notamment Nerva ou les protagonistes des années 193-197.
    • Les usages militaires de la carte, des premiers projets de croisade à Machiavel - Patrick Gautier Dalché p. 45-80 accès libre avec résumé
      À partir des cartes elles-mêmes aussi bien que des discours qu'elles suscitent, l'article entend démontrer qu'il a existé une cartographie militaire au Moyen Âge. Grâce à la mise en parallèle de la réception du De re militari de Végèce et des premiers témoins de cartographie à fins militaires on est fondé à affirmer que l'idée d'utiliser la représentation figurée dans ce domaine apparut à la fin du xiiie siècle. Par comparaison avec les cartes marines, des cartes terrestres furent considérées comme des outils aidant à surmonter les difficultés de la marche en campagne, et même à prévoir toutes les circonstances de l'exécution d'un plan stratégique. Par la suite, de nombreuses cartes ont pu avoir, parmi d'autres, des fonctions militaires. C'est dans l'Italie divisée en États indépendants et opposés en des guerres continuelles, et lors des guerres d'Italie qu'on aperçoit un usage plus systématique. Contrairement à ce qui est souvent affirmé, il n'est toutefois pas possible d'apercevoir dans ce processus une « révolution conceptuelle » provoquée par l'influence de la Géographie de Ptolémée traduite à Florence au début du xve siècle.
    • Marie-Thérèse d'Autriche au miroir des Nouvelles ecclésiastiques - Claude Michaud p. 81-102 accès libre avec résumé
      L'impératrice Marie-Thérèse était-elle janséniste ? Le chantier du jansénisme tardif autrichien a été abondamment travaillé et nourri ; l'entourage immédiat de la souveraine, les influences qu'elle subit ou choisit, sont désormais bien connus et l'on sait mieux faire le partage dans le champ des réformes entre ce qui ressortit à sa volonté propre, à l'impatience du corégent Joseph II et à la détermination du chancelier Kaunitz. Le journal à peine clandestin des jansénistes, Les Nouvelles ecclésiastiques, enrôla Marie-Thérèse dans son combat contre la bulle Unigenitus, la casuistique et le probabilisme jésuites, et pour la défense de la « saine doctrine » et la propagation de la bonne littérature. En dépit du dessein d'ériger l'Impératrice en modèle du souverain éclairé par les lumières du catholicisme réformé, au prix de quelques embellissements et d'omissions volontaires, le journal ne put cacher des faiblesses qui n'auraient été que les effets d'éminentes qualités humaines. À cet égard, l'événement marquant de la suppression des jésuites fut un bon révélateur du combat que Marie-Thérèse dut livrer contre elle-même.
    • Le massacre des « empoisonneurs » à Paris au temps du choléra (1832) - Karine Salomé p. 103-124 accès libre avec résumé
      En avril 1832, alors que l'épidémie de choléra touche Paris, plusieurs passants sont accusés d'être des empoisonneurs et sont massacrés par la foule. À travers cet événement, il s'agit de contribuer à une histoire de la violence extrême et d'étudier le processus complexe du recours à la violence. Le massacre s'inscrit dans un contexte particulier où la peur de l'épidémie et la crainte du complot, l'atmosphère d'excitation et de frénésie conduisent à la désignation d'un ennemi, à sa mise à l'écart, puis à sa mise à mort et à sa destruction selon des modalités héritées parfois des rituels d'Ancien Régime, mais qui rappellent aussi des violences commises pendant les Trois Glorieuses. Les contemporains peinent à comprendre ce déferlement de violence qui contribue à aggraver l'inquiétude que le peuple de Juillet suscite dès l'automne 1830 et s'emploient à occulter la gravité du massacre.
    • Être féministe en contexte colonial dans l'Algérie des années 1930. Les militantes de l'Union française pour le suffrage des femmes - Claudine Guiard p. 125-148 accès libre avec résumé
      L'implantation d'associations féministes en Algérie coloniale fut tardive et de courte durée. Cet article cherche, à travers l'étude de la création, de l'essor et du déclin, en Algérie, d'une des principales associations féministes de tendance modérée, l'Union française pour le suffrage des femmes, à questionner le concept de féminisme dans une société coloniale établie en terre de civilisation arabo-musulmane. Sara Kimble et Jennifer Boittin ont mis en évidence, à partir d'articles du journal La Française et de la correspondance de Mme Brunschvicg, présidente de l'UFSF, les divergences existant entre Paris et Alger à propos de l'émancipation des femmes musulmanes, malgré la certitude de toutes les adhérentes de l'UFSF d'avoir une mission civilisatrice à remplir. L'étude du journal féministe algérois Femmes de Demain permet de compléter et de nuancer certaines de leurs conclusions. Des militantes d'Algérie étaient prêtes aussi, comme les métropolitaines, à revendiquer une amélioration du sort des femmes musulmanes. Toutefois, connaissant bien les mentalités en présence, elles mesuraient les difficultés mais aussi les limites d'une émancipation de type occidental en contexte colonial. Le genre était en effet une composante de la hiérarchie raciale coloniale, imbriqué dans l'ordre colonial. De ce fait, le féminisme constituait en Algérie un engagement bien plus complexe qu'en métropole. Aussi, le féminisme ne peut-il être analysé qu'au prisme du colonialisme.
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