Contenu du sommaire : Quel autre sport ?

Revue Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique Mir@bel
Numéro no 120, 2013
Titre du numéro Quel autre sport ?
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le mot de la rédaction - Anne Jollet p. 5-8 accès libre
  • DOSSIER

    • Introduction - Marion Fontaine, Guillaume Quashie-Vauclin p. 9-18 accès libre
    • Éduquer des corps nobiliaires à la fin du XVIIIe siècle : l'exemple de Mme de Genlis - Jean-Baptiste Le Cam p. 19-32 accès libre avec résumé
      Étudier la culture et l'éducation du corps chez Mme de Genlis au tournant des Lumières et de la Révolution française permet d'abord de nuancer l'idée développée par une partie de l'historiographie, selon laquelle la bourgeoisie des Lumières imposerait une nouvelle culture du corps et de nouveaux modèles d'éducation physique, venant contester et supplanter un rapport au corps spécifiquement nobiliaire et quelque peu archaïque. Mme de Genlis appartient à l'aristocratie nobiliaire de la fin du XVIIIe siècle. Or, elle prône et dispense une éducation du corps normée par les principes éclairés qui vise, notamment, à permettre aux enfants du duc d'Orléans de tenir leur rang nobiliaire. Par ailleurs, chez Mme de Genlis, le corps et son éducation sont aussi des objets d'écriture s'inscrivant au cœur d'une entreprise de légitimation sociale de l'identité nobiliaire, mise à mal par un discours anti-noble qui s'affirme à l'époque des Lumières et se politise sous la Révolution française. Enfin, en écrivant sur l'éducation physique après la rupture de 1789, Mme de Genlis construit sa propre légitimité politique, ainsi que celle de ses élèves, princes du sang et enfants du duc d'Orléans.
    • Le sport travailliste européen et la fizkul'tura soviétique : critiques et appropriations du modèle « bourgeois » de la compétition (1893-1939) - André Gounot p. 33-48 accès libre avec résumé
      Dans des conditions pourtant nettement différentes, le sport travailliste européen et la culture physique soviétique ont connu des itinéraires convergents au niveau des théories et des pratiques : l'appropriation du modèle du sport de compétition a progressivement pris le dessus sur son rejet. L'article se propose de reconstituer ce processus et de dégager d'éventuelles nuances distinctives dans les idéologies sportives défendues par les sociaux-démocrates et les communistes. Il montre que les mutations les plus radicales sont intervenues en URSS pendant la première moitié des années 1930, dans le contexte de l'industrialisation accélérée et du régime de terreur stalinien, quand l'hygiénisme initial a fait place à une chasse aux records débridée. L'apologie du sport de haut niveau ainsi que de l'idée olympique a dès lors alimenté les discours des partis communistes européens sur le sport.
    • 1928-1929, « classe contre classe » : les sportifs ouvriers peuvent-ils se mesurer aux sportifs bourgeois ? - Marc Giovaninetti p. 49-60 accès libre avec résumé
      Au cours des années 1928-1929, la tactique « classe contre classe » promue par l'Internationale communiste et ardemment soutenue par les dirigeants des Jeunesses communistes français est imposée sans ménagement à la direction de la FST (Fédération sportive du travail), étroitement soumise au contrôle des JC. En interne, en France, les majoritaires s'opposent durement aux minoritaires « opportunistes » ou « liquidateurs » qui souhaitent que le mouvement sportif s'autonomise de cette tutelle trop politique, tandis qu'à l'Internationale, au moment des premières « Spartakiades » et du premier congrès de l'Internationale sportive rouge à Moscou au cours de l'été 1928, s'affrontent ceux qui préconisent l'entrisme dans les clubs sportifs « bourgeois » ou l'admission aux compétitions des jeunes ouvriers membres de ces clubs, et ceux qui s'y opposent. L'inflexion majeure contre cette tactique « sectaire » imposée au « sport ouvrier » en France s'opère avec la mise en retrait puis la mise à l'écart des dirigeants du groupe dit de la Jeunesse, en 1930 et 1931.
    • Un autre football ? Catholiques et communistes italiens au tournant des années 1970 - Fabien Archambault p. 61-75 accès libre avec résumé
      À la fin des années 1960 s'affirme en Italie un autre football, dit de loisir, se voulant récréatif et non plus orienté par les exigences de la compétition. Il se joue à cinq ou à huit, sans arbitre et sur de petits terrains et est plébiscité par les pratiquants. Les structures d'encadrement traditionnelles, qu'elles soient catholiques ou communistes, s'adaptent à cette nouvelle demande : une nouvelle pédagogie, fondée sur le dialogue et refusant l'autoritarisme, semble nécessaire ; la participation à des championnats, voire l'existence de ces derniers, est remise en cause ; le modèle du professionnalisme, perçu comme facteur d'aliénation, doit être combattu sans relâche. Ces positions novatrices sont partagées tant par des militants-entraîneurs communistes de l'Union italienne du sport populaire (UISP) que par certains laïcs de l'Action catholique mobilisés au sein du Centre sportif italien (CSI). Des collaborations et des rapprochements s'esquissent même. Toutefois, ce mouvement rencontre de fortes oppositions, notamment au sein de l'association catholique. Au final, les divisions politiques perdurent, tandis que les nouvelles approches du jeu élaborées dans le contexte des années 1970 restent minoritaires.
    • Itinéraire d'un club communautaire polonais : le Club sportif Orion à Montceau-les-Mines (années trente - années soixante) - Noémie Beltramo, Karen Bretin-Maffiuletti p. 77-88 accès libre avec résumé
      Le Club sportif Orion est une société de football créée dans les années trente à Montceau-les-Mines, au cœur du bassin industriel de Saône-et-Loire. Des années trente aux années soixante, le fonctionnement de l'association présente des traits bien spécifiques. Le Club se démarque des « sociétés bourgeoises » parce qu'il réunit des migrants polonais pour qui le sport est une activité de loisir. Outre sa dimension populaire, il présente donc aussi une dimension communautaire forte qui perdure au-delà de la Seconde Guerre mondiale, associant tradition du pays d'origine et jeunesse montcellienne issue de l'immigration. Mais le club, qui recrute membres et supporters dans un périmètre géographique étroit, est au fil des générations de moins en moins un marqueur d'identité nationale, et devient dans les années soixante surtout un marqueur d'identité sociale, d'identité ouvrière. sport, football, club, communauté, immigration, identité
    • Le militantisme de la Fédération sportive et gymnique du travail face à l'apartheid en Afrique du Sud et à la question israélo-palestinienne dans la revue fédérale (1972-1992) - Adrien Virondeau, Fabien Sabatier p. 89-101 accès libre avec résumé
      L'histoire politique du sport ouvrier français est amplement marquée par l'empreinte communiste. La création de la FSGT fin décembre 1934 ouvre une longue période au cours de laquelle le projet de démocratisation du sport côtoie la défense de l'URSS. Le rejet de la tutelle du PCF amorcé pendant la décennie 1970 n'obère pas totalement la volonté de la fédération affinitaire de poursuivre certains combats hautement politiques. Au cours du dernier tiers du siècle, les publications de la revue fédérale Sport et Plein Air montrent que c'est au nom de l'humanisme olympique que la FSGT assoit son militantisme international, en particulier en matière de défense du sport anti-apartheid sud-africain et en faveur du droit au sport pour des Palestiniens. Cet état de fait signale qu'à la fin du xxe siècle, la politique internationale reste une boussole de la vie militante de l'organisation en dépit d'une prise de distance très nette avec le Parti communiste.
    • Le ministère Buffet (1997-2002) : contraintes et contradictions dans la mise en œuvre d'une politique sportive de gauche - Igor Martinache p. 103-115 accès libre avec résumé
      De 1997 à 2002, le ministère de la Jeunesse et des Sports a été confié à une communiste, Marie-George Buffet. Profane en la matière, elle a néanmoins réussi à gagner la reconnaissance tant du public que du mouvement sportif. Ce qui ne l'a pas empêchée de subir des critiques émanant de son propre camp, estimant qu'elle n'avait pas assez infléchi l'action de son administration dans une perspective progressiste. En s'efforçant de reconstituer les multiples configurations, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, du gouvernement de la « gauche plurielle », dans lesquelles la ministre était inscrite, cet article se propose de mettre en évidence les contraintes et les contradictions encadrant l'action de la ministre. Et, ce faisant, d'esquisser les particularités du « sentier de dépendance » dans la conjoncture particulière de ce quinquennat, mais aussi et peut-être surtout dans le secteur particulier des activités physiques et sportives, qui fait l'objet simultanément d'une très forte exposition médiatique et d'une non moins grande dépolitisation.
    • Table ronde sur l'histoire de la commission sportive du Parti communiste français - Yvon Adam, René Moustard, Marcel Zaidner p. 117-134 accès libre avec résumé
      Si certains journalistes ont pu constater, lors de la dernière campagne présidentielle, que le Front de gauche était « en pointe sur le sujet » du sport, par ailleurs largement délaissé par les autres formations politiques, l'intérêt du Parti communiste français (PCF) pour la question des activités physiques et sportives est cependant loin de représenter une nouveauté. En témoigne notamment la mise en place d'une commission nationale spécialement consacrée à ces dernières en 1958, dont l'histoire reste trop mal connue. D'où l'intérêt de revenir, avec trois acteurs de cette commission, Yvon Adam, René Moustard et Marcel Zaidner, sur sa genèse, son recrutement, son fonctionnement, ses thèmes de réflexion et de propositions, mais aussi sur ses tensions internes et externes, le tout dans une perspective nécessairement dynamique.
  • CHANTIERS

    • Le silence comme éthique ? Jürgen Kuczynski (1904-1997) : tentative de portrait - Sonia Combe p. 137-154 accès libre avec résumé
      Comprendre comment ont pu « tenir » les sociétés de type soviétique est un défi posé à l'historien(ne) du contemporain qui ne se satisfait pas des hypothèses réductrices. L'une d'elles est la loyauté vis-à-vis du projet fondateur. La tentative de portrait qui va suivre atteste autant qu'elle démonte la pertinence de cette hypothèse. Elle donne à voir les mécanismes qui conduisent au silence et font obstacle à la prise de parole dans un contexte de forte contrainte idéologique où se pose la question de la fidélité à des convictions. L'un des essais autobiographiques du chercheur est-allemand en sciences économiques et sociales Jürgen Kuczynski s'intitulait Ein linientreuer Dissident , soit littéralement : « Un dissident fidèle à la ligne [du Parti] ». Cet oxymore permet de saisir une figure essentielle dans la construction de la République démocratique allemande, celle de communistes (ou compagnons de route) qui, de Brecht à Christa Wolf, se turent alors même qu'ils avaient des désaccords, et dont Jürgen Kuczynski est un représentant exemplaire. On rencontre cette figure dans tous les états communistes – ainsi Georg Lukàcs, en Hongrie, ou encore Adam Schaff, en Pologne –, mais c'est probablement en Allemagne de l'Est qu'elle joua un rôle aussi décisif dans la stabilité du régime. On peut en effet émettre l'hypothèse qu'elle constitua l'un des facteurs qui y expliquent la faiblesse de l'opposition.
  • MÉTIERS

  • DÉBATS

    • Marxisme et histoire en France depuis la Deuxième Guerre mondiale (Partie I) - Guy Lemarchand p. 171-180 accès libre avec résumé
      L'image aujourd'hui fréquemment présentée du climat intellectuel en France depuis les lendemains de la Deuxième Guerre mondiale jusqu'aux années 1970 est celle d'une prédominance écrasante du marxisme, en particulier dans le domaine des sciences humaines. Pour l'historiographie comme histoire de l'histoire, il s'agit en fait de savoir quelle a été l'étendue réelle de son influence sur les travaux historiques, comment cette domination, si elle existe, s'est manifestée et de quel marxisme l'on parle alors. Ainsi posées, ces questions constituent elles-mêmes un enjeu idéologique et même politique. En effet l'historiographie en France est encore assez peu développée. Elle n'a pris son essor comme recherche systématique que depuis les années 1975-1980. Cette situation facilite la persistance de vues schématiques inspirées par la polémique politique récente plus que par l'étude de la réalité des textes.
  • LIVRES LUS