Contenu du sommaire : Le clientélisme en situation : échanges politiques, politisation et conflits moraux

Revue Cahiers des Amériques Latines Mir@bel
Numéro no 69, 2012/1
Titre du numéro Le clientélisme en situation : échanges politiques, politisation et conflits moraux
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Chronique

  • Dossier

    • Relations clientélaires ou politisation : pour dépasser certaines limites de l'étude du clientélisme - Hélène Combes, Gabriel Vommaro p. 17-35 accès libre avec résumé
      Cet article traite des différents usages du concept de clientélisme, tant dans les analyses savantes que dans les querelles morales et normatives sur les bonnes et les mauvaises formes du politique, et notamment de la politique démocratique. Partant des constats empiriques qui montrent que le clientélisme fonctionne à la fois comme concept explicatif et comme étiquette normative et morale, ce texte mobilise des matériaux de terrains réalisés en Argentine et au Mexique afin d'étudier les rapports de clientèle en situant les définitions savantes du concept dans le contexte plus vaste des préoccupations politiques et morales dominantes à propos du fonctionnement de la démocratie. Ces préoccupations sont historiquement situées et varient, en partie, en fonction des pays. Loin d'être des obstacles à la compréhension du clientélisme, la circulation du concept sous la forme d'une étiquette stigmatisant des formes déviantes du politique fait partie des éléments à prendre en compte pour expliquer ce qui se joue dans la relation de clientèle. Cette approche permet ainsi de contribuer à renouveler l'analyse des rapports de clientèle en mobilisant des dimensions de l'économie morale des échanges politiques.
    • De l'association de quartier au réseau de soutien partisan. Éléments pour une analyse localisée des relations clientélaires au Costa Rica - Camille Floderer p. 37-55 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À partir d'un terrain de recherche réalisé dans trois barrios urbano-marginales de la grande aire métropolitaine de San José (Costa Rica), cet article porte sur les relations qui se tissent entre les habitants de ces quartiers et le personnel politique. Afin d'étudier le travail d'intermédiation, nous nous concentrons tout particulièrement sur la figure du dirigeant de quartier et sur l'un de ses principaux espaces d'action : la salle communale. En plus d'être le lieu où se nouent les liens entre les « habitants-clients », les « dirigeants-courtiers » et les « patrons politiques », la salle constitue bien souvent l'enjeu même de ces relations et des luttes de pouvoir qui les accompagnent. Elle est en cela un poste d'observation privilégié pour analyser au quotidien la façon dont se structurent de complexes réseaux d'interdépendance, qui peuvent constituer d'importants réseaux de soutien partisan dans la configuration électorale. Basé sur une approche ethnographique, cet article se propose de contribuer à une analyse de la participation politique des couches populaires au Costa Rica.
      Based on ethnographic fieldwork in three poor urban settlements of San José's greater metropolitan area, this article examines the clientelistic relationships undertaken the figure of the barrio leader and one of his more routine spaces of action: the community center. In fact, besides it being a space where relations between the "local clients", the "leaders-brokers" and their "political patrons" regularly take place, the community center is also often the object of these social relations and the power struggles that relate to them. The community center, then, becomes an important object in itself which allows us to come to understand the how daily practices emanating from the tightly-knit networks that tend to structure party-based politics at election time. From a methodological position that stresses ethnographic perspective, I intend in this article to contribute to an analysis of party support and political participation of urban poors in Costa Rica.
    • La démocratie participative entre subordination et autonomisation politique. Les Conseils communaux à Maracaibo (Venezuela) - Mathieu Uhel p. 57-80 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La « révolution bolivarienne » du président Hugo Chávez a placé le concept de « démocratie participative et protagonique » au cœur de la transition vers le « socialisme du xxie siècle ». Créés en 2006, les Conseils communaux matérialisent cette volonté du pouvoir central « de permettre au peuple organisé d'exercer directement la gestion des politiques publiques et des projets orientés à répondre aux nécessités et aspirations des communautés vers la construction d'une société d'équité et de justice sociale » (Loi des Conseils communaux, 2006).À partir des années 1970, les partis politiques dominants avaient intégré les associations de voisinage à la structure de domination puntofijiste. L'objectif de la constitution du Pouvoir populaire est de rompre avec les pratiques clientélistes héritées de la période antérieure et de poser les bases d'une nouvelle relation entre la société et l'État. Comment s'organisent les relations de pouvoir dans l'espace politique local résultant de la transition des associations de voisinage aux Conseils communaux ? Comment se distribuent socialement les projets communautaires décidés par les Conseils communaux et financés par l'Etat à l'intérieur de l'espace politique local ? Plus généralement, les Conseils communaux participent-ils d'un processus d'autonomisation politique des communautés locales ? Les observations et les entretiens réalisés dans deux barrios de la périphérie de Maracaibo et à la Fondation pour le développement de la communauté et la promotion municipale, tendent à montrer que si la démocratie participative et protagonique ouvre un processus d'autonomisation politique dans l'élaboration et l'exécution des projets communautaires, cette nouvelle architecture politique est construite sur une subordination à la reproduction de l'hégémonie chaviste et à la réélection d'Hugo Chávez à la présidence de la République.
      The "Bolivarian Revolution" of the president Hugo Chávez put the concept of "protagonic and participative democracy" to the centre of the transition towards the "Socialism of the 21st century". The community councils created in 2006 materializes the will of the central power to allow "the organized people to directly exercise the management of the public policies and the projects faced to answer the needs and aspirations of the communities, in regards to the construction of a society of equity and social justice" (borough council law, 2006). Since 1970, the dominant political parties had integrated the neighbour associations into the puntofijista domination structure. The objective of the constitution of the Popular power is to break with the clientelists practices inherited from the former period and to lay the foundations of a new relation between the society and the State. How does occur the reorganisation of the power relations in the political local space with the revolutionary transition of the neighbour associations to the community councils ? How the community projects decided by the community councils and financed by the State are socially distributed inside the local political space ? More generally, do the community councils take part of a process of political empowerment of the local communities ? The observations and the interviews, carried out in two barrios of the Maracaibo periphery and in the Foundation for the Development of the Community and Municipal Promotion, tend to show that if the protagonic and participative democracy opens a process of political empowerment in the development and execution of the community projects, this new political architecture is built on a subordination to the reproduction of chavista hegemony and the re-election of Hugo Chávez to the presidency of the Republic.
    • De las rutas a las urnas. Intercambios y lealtades en el movimiento campesino paraguayo - Carlos M. Macías p. 81-102 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le mouvement paysan au Paraguay se caractérise par la formation de partis politiques qui deviennent des outils d'intervention du mouvement. Le rapport entre partis politiques et organisations paysannes est loin d'impliquer un danger d'instrumentalisation des mouvements par les partis, les dirigeants paysans des organisations traditionnelles exerçant une hégémonie sans contestation dans ces partis, qui en retour rendent des services au mouvement. Parallèlement, un ensemble hétérogène de structures au-delà des organisations chargées de la mobilisation directe des paysans jouent aussi un rôle essentiel dans la logique du mouvement. Les dirigeants paysans font face au défi d'articuler cette diversité. Cet article vise à expliquer certaines stratégies, basées sur la médiation entre l'État et la paysannerie, auxquelles les dirigeants d'un mouvement peuvent recourir pour essayer de capitaliser sa capacité de mobilisation sociale dans l'arène électorale. Les débats actuels sur le clientélisme et le questionnement de cette notion par certains auteurs fournissent des pistes très riches pour mieux comprendre le genre de stratégies ici présentées. La réflexion s'appuie sur des observations au Paraguay, dans un travail de terrain mené par d'autres questions théoriques, mais dans lequel la question ici traitée s'était imposée par ses conséquences pratiques pour le mouvement.
      The Paraguayan peasant movement has as one of its main features the formation of political parties as useful tools for the movement. The peasant leaders are those who hegemonize these parties for the aims of the movement, keeping away any danger of instrumentalisation of social movements by parties. At the same time, an heterogeneous set of essential structures exist beyond the organizations in charge of the contentious mobilization. The peasant leaders face the challenge of articulation of this diversity of structures within the movement. The aim of this article is to explain certain strategies based on the intermediation between the state and the peasantry that leaders can use to try to capitalize its strength on contentious politics into electoral power. The current debates about patronage in politics and the arguments of some authors to question their relevance provide important clues to understand the strategies presented in this article. This reflections draw on observations made in Paraguay during a fieldwork where the theoretical questions were different. Nonetheless, the practical consequences of this subject were relevant enough to arise by themself.
    • L'usage du quartier dans les politiques de « participation citoyenne ». Vers un « ancrage mobile » aux marges de Rosario et de Montevideo ? - Charlotte Pujol p. 103-121 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article fait le point sur la place et le rôle du quartier dans les politiques publiques mises en œuvre aux marges de Rosario (Argentine) et de Montevideo (Uruguay). Il se propose d'étudier comment ces municipalités se « saisissent » du quartier et en quoi leurs politiques dites de « participation citoyenne » favorisent des formes d'ancrage ouvertes sur l'extérieur. Les politiques publiques montevideanas promeuvent non seulement l'ancrage et la mobilité mais les lient intrinsèquement. À Rosario, l'ancrage est circulatoire : les mouvements de chômeurs sont contraints à un va-et-vient permanent entre le quartier et l'extérieur. Dans les deux villes toutefois, les organisations d'habitants ne se conforment qu'en partie aux relations institutionnalisées et légitimées entre ancrage et mobilité. Elles les renégocient, les contournent, voire s'y opposent, et investissent de manière différenciée les dispositifs promus au sein des quartiers.
      This article focuses on the role and importance of the neighborhood in public policies implemented in the margins of Rosario (Argentina) and Montevideo (Uruguay). It wishes to study how both cities take a firm grip on the neighborhood, and how their "citizen participation" policies create forms of rooting open to the outside. Through the close link between rooting and mobility, public policies in Montevideo engender a mobile rooting phenomenon – in Rosario, the rooting is circulatory, only existing in and through movement. The associations of unemployed people continually have to commute between their borough and the outside. In both Rosario and Montevideo, local organizations partly respect such established relations between mobility and rooting, though trying to redefine, escape or oppose them.
    • Implantation locale et relations clientélaires. Le cas du Parti des travailleurs à Brasilia - Daniella Rocha p. 123-140 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article se propose de revisiter la problématique clientélaire au Brésil à partir d'une étude empirique menée auprès des militants du Parti des travailleurs (PT) dans la région de Brasilia, le district fédéral. Partant du principe que la forme petista se développe inégalement dans le territoire brésilien, cet article apporte des éléments illustratifs pour montrer comment une forme partisane porteuse d'un projet sociétaire modernisateur se développe concrètement au niveau local – en l'occurrence dans les périphéries de Brasilia. Cette étude de cas illustre un questionnement plus général. Le PT est né sous la forme d'un projet partisan modernisateur se positionnant en rupture par rapport à la politique traditionnelle. Pourtant, nous cherchons à montrer que le développement de cette forme partisane au niveau local n'a pas été étranger au phénomène clientélaire. Cette dimension paradoxale du petismo à l'égard de l'échange clientélaire nous permettra d'illustrer la complexité de cette problématique dans le Brésil actuel et de réfléchir en même temps sur la pertinence d'une analyse en termes de clientélisme dans ce contexte empirique.
      This article suggests to revisit a clientelist problematics in Brazil by an empirical study of militants of the Worker's Party (PT) in the region of Brasilia, the Federal District. Based on the principle that the petista model was developed unequally in Brazilian territory's, this article shows some illustrative elements to demonstrate how a ‛partisan form' with a modern societary project develops concretely in a local level – in the case of the peripheries of Brasilia. This study of case illustrates the more general questionings. The PT was born as a modernizing project party, breaking off with the traditional politics. Yet we will show that the development of this 'partisan form' in the local level did not escape from the clientelist phenomena. This paradoxical dimension of petismo with clientelist exchange allows to illustrate the complexity of this problematic in actual Brazil and to think at the same time about the pertinence of an analyzes in terms of clientelism in this empirical context.
    • Images et imaginaires du clientélisme. Un regard croisé entre Argentine et Mexique
  • Lectures