Contenu du sommaire : Écrire la philosophie au XVIIIe siècle

Revue Archives de philosophie Mir@bel
Numéro tome 78, no 3, juillet 2015
Titre du numéro Écrire la philosophie au XVIIIe siècle
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Écrire la philosophie au XVIIIe siècle

    • Écrire la philosophie au XVIIIe siècle - Colas Duflo p. 395-397 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Au XVIIIe siècle, d'une part les débats philosophiques sortent de la sphère savante et d'autre part la déconsidération des grands systèmes déductifs rend la forme du traité caduque. il faut inventer d'autres façons d'écrire la philosophie, adéquates à la fois aux nouveaux destinataires du discours philosophique et à l'exigence de fondements empiriques du discours. C'est pourquoi les Lumières françaises sont un grand moment d'invention et d'expérimentation formelles, dans une liberté inégalée aussi bien avant qu'après : on retrouve et renouvelle la forme du dialogue, on écrit des romans, on crée des dispositifs fictionnels (expériences de pensées, fictions politiques, etc.), on développe les potentialités philosophiques de la forme du dictionnaire, ou de celle des récits de voyage, etc. il s'agira dans ce dossier de décrire, de commenter et d'interpréter ces nouvelles formes d'écriture de la philosophie.
      Writing Philosophy in the Eighteenth Century . . .in the Eighteenth century, the philosophical debates don't any longer take place only in the academic circle among trained philosophers. The traditional philosophical form, the elaborate deductive philosophical system and its genre, the treatise, went out of fashion. Henceforth philosophy happens everywhere in the society where people are reading. The French Enlightenment is a great moment of invention and of formal experimentation: reinvention of the dialogue-genre, invention of the modern novel, new fictional devices (thought experiments, political fictions, etc.), development of the philosophical potential of the dictionary, the travelogues, etc. The articles in this issue intend to describe, comment and interpret these new forms of writing.
    • La lettre galante et l'esprit géométrique : Expression métaphysique et métaphysique des langues, ou la philosophie du discours de Fontenelle - Sophie Audidière p. 399-416 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse le programme fontenellien d'une écriture philosophique qui réalise deux ambitions. Premièrement, elle remplit un programme philosophique d'« éclaircissement des idées », sous les auspices d'un « esprit géométrique » qui s'avère synonyme de conceptualisation, programme qu'on examine à partir des cas de l'histoire et des mathématiques de l'infini. Dans le même temps, cette écriture philosophante produit une « métaphysique » de l'esprit, c'est-à-dire une théorie de la production et de l'expression de nos idées, laquelle se trouve enchâssée dans une anthropologie et une philosophie de la culture. Finalement, cette pratique d'une écriture philosophique réalise une philosophie du discours, au sens où la langue vernaculaire apparaît chez Fontenelle comme la matière autant que l'outil de la pensée elle-même.
      The lettre galante and the Geometrical Spirit. Metaphysical Expression and the Metaphysics of Language in Fontenelle's Philosophy of DiscourseThis paper analyzes Fontenelle's program of a philosophical writing that achieves two ambitions. In the first place, it fills a philosophical program of “enlightenment of ideas”, under the general idea of “geometric spirit”, which turns out to be synonymous with conceptualization. We examine this through the cases of history and mathematics of the infinite. At the same time, this philosophizing writing produces a metaphysics of the mind, namely a theory of the production and the expression of our ideas, which is embedded in an anthropology and in a philosophy of culture. Finally, Fontenelle's philosophical writing carries out a philosophy of speech, i. e. that for Fontenelle, our vernacular language represents the matter of thought itself, as much as the tool of the thought.
    • Dictionnaires, définitions, philosophie - Marie Leca-Tsiomis p. 417-432 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La naissance et le rapide développement des dictionnaires universels au milieu du XVIIe siècle conduisent à une nouvelle forme de diffusion des connaissances : les termes philosophiques, entre autres, y font leur apparition. Mais c'est dans l'Encyclopédie que Diderot va mener sa double et paradoxale entreprise : transmettre la langue et « changer la façon commune de penser ». Il travaille au dictionnaire, donc à l'enregistrement du sens des mots et des acceptions de l'usage commun, et mène en même temps l'activité foncière de la philosophie : la mise en cause des définitions, et la production de définitions neuves.
      The birth and fast development of the universal dictionaries lead to a new form of dissemination of knowledge in the middle of the Seventeenth Century: they also include philosophical terms. But it is in the Encyclopédie that Diderot carries out the dual and paradoxical task of transmitting the language and “changing the common mode of thinking”. At the same time he works on the dictionary, collecting and fixing the meaning of the terms of the common language, he carries out what is specific to philosophy: questioning the definitions and producing new definitions.
    • Aspects philosophiques du roman libertin : Thérèse philosophe - Colas Duflo p. 433-450 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La philosophie est très présente dans le roman au XVIIIe siècle, et certaines de ses questions fondamentales (par exemple, la philosophie aide-t-elle à mieux vivre ?) deviennent des éléments possibles de scénario romanesque. On s'intéresse ici à la façon dont un roman libertin, Thérèse philosophe, présente sous une forme résumée un aspect des Lumières hétérodoxes, tout en mettant paradoxalement en scène une nouvelle figure de l'honnêteté et de la vertu philosophique.
      Philosophy is an important element of the Eighteenth century novel. Some of the fundamental philosophical questions (e.g., can philosophy improves our savoir vivre?), turn out to be decisive components of the novelistic plots. This article looks at how the libertine novel, Thérèse philosophe, highlights fundamental statements of the heterodox Enlightenment, while paradoxically featuring a new figure of honesty and philosophical virtue.
    • Bulletin leibnizien I : Société d'études leibniziennes de langue française (SELLF) . Bibliographie internationale critique des études leibniziennes - p. 527-560 accès libre
    • Penser en écrivain : À propos des Confessions de J.-J. Rousseau - Jean-François Perrin p. 451-472 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans les Confessions, Rousseau invente une généalogie de l'individu selon ses rapports pour laquelle il doit créer une langue et une poétique. Si son entreprise participe du courant empiriste qui vise à reconstruire la génération des connaissances, il modifie son approche de la mémoire, niant le caractère figé des associations mémorielles de la première enfance, admettant que leur dynamique intrinsèque peut être observée jusqu'à l'âge adulte, et soulignant dans son cas leur surdétermination littéraire. À ce point de vue, l'entreprise implique quatre exigences : perfectionner la langue des affects et de la sensibilité ; ne pas lasser le lecteur et donc sélectionner des scènes paradigmatiques ; inventer une poétique de la surimpression permettant d'observer la genèse des affects dans le temps ; inviter le lecteur à d'autres montages et d'autres interprétations que ceux proposés par l'auteur.
      In Les Confessions, Rousseau invents a genealogy of the individual according to his relations which requires a language and a poetic. If his undertaking relates to the empirist philosophy which aims for reconstructing the generation of knowledge, he modifies its approach of memory, denying the memory associations of the first childhood to be freezed, admitting their inherent dynamic being observable until adulthood, and underlining their literary determination in his own case. From a literary point of view, the undertaking implies four requirements: improving the language of feelings; not boring the reader, then selecting paradigmatic actions; inventing a poetic of superimposition in order to observe the developing of affects in the course of time; inviting the reader to others assemblies and interpretations.
    • Une lecture synoptique de Kierkegaard : Les temps de l'œuvre - André Clair p. 473-489 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'œuvre de Kierkegaard, prolixe et diverse, est à comprendre comme une totalité organisée. Or, écrite dans un temps relativement bref mais heurté, marquée aussi par des rythmes très différents et composée selon des styles très variés, elle est pourtant unifiée en direction d'une seule pensée, celle du singulier. L'une des voies d'entrée est le temps, entendu selon plusieurs acceptions à saisir dialectiquement : le temps vécu par l'auteur, le temps littéraire de la composition, le temps narratif des personnages et le temps conçu par le philosophe.
      The extensive and eclectic work of Kierkegaard is to be understood as an organized totality. Although written in a relatively short period of time, and marked by very different rhythms and styles, it is unified towards the only thought of the singular. One of its gateways is time, according several meanings to dialectically grasp: the time lived by the author, the literary time of the writing, the narrative time of the characters and the time as conceived by the philosopher.
    • Heidegger lecteur de Kierkegaard : Remarques et perspectives - Claudia Serban p. 491-507 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article examine la manière dont la lecture heideggérienne de Kierkegaard évolue entre les années 1920 et les années 1930-1940. S'il commence par situer le philosophe danois dans le sillage d'Augustin et de Luther, Heidegger finit cependant, dans les Beiträge zur Philosophie et d'autres textes contemporains, par l'inscrire dans un horizon qui n'est plus celui d'une certaine philosophie chrétienne, mais celui de la pensée allemande du XIXe siècle. Formant une constellation « historiale » avec Hölderlin, Hegel, Schelling et Nietzsche, le Kierkegaard de Heidegger devient aussi, de manière tout à fait singulière, et en tant qu'il demeure un penseur essentiellement incompris, le miroir de la réception faussée d'Être et temps.
      The paper examines the evolution of Heidegger's reading of Kierkegaard between the 20s and the 30s-40s. If Heidegger begins by ascribing a place to the Danish philosopher amongst Augustine and Luther, he will eventually inscribe Kierkegaard within an horizon which is no longer that of Christian philosophy, but that of the 19th century German thought. Thus, in the Contributions to Philosophy and in other contemporary texts, Kierkegaard forms a “historic” constellation with Hölderlin, Hegel, Schelling, and Nietzsche, while also becoming, insofar as in Heidegger's view he still remains deeply misunderstood, the mirror of the misinterpretation of Being and Time.
    • Bulletin de Philosophie médiévale XVII : Compte rendu d'ouvrage paru en 2012 (complément) - p. 561-584 accès libre
  • Bulletin leibnizien I. Bulletin de Philosophie médiévale XVII