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| Revue |
Annales de géographie  |
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| Numéro | no 694, 2013/6 |
| Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'actualité sahélo-saharienne au Mali : une invitation à penser l'espace mobile - Denis Retaillé, Olivier Walther p. 595-618
L'actualité saharienne des années 2012-2013 au Mali a permis de replacer le Sahel dans le vocabulaire d'appel des médias et des commentateurs de l'actualité. La confusion des deux régions géographiques appelle quelques explications qui permettent aussi d'éclairer la manière dont les différents acteurs mobilisés, les États, les indépendantistes touareg, les terroristes islamistes se croisent sur une scène qui est mobile et non dans un théâtre d'opérations dont les décors seraient posés a priori comme en géopolitique. En exposant le résultat de deux enquêtes sur le temps long de l'espace sahélo-saharien et sur le temps court du branchement des réseaux activistes qui s'y déploient, l'article veut proposer l'usage d'un autre espace méthodologique, l'espace mobile, qui convient mieux aux situations contemporaines du mouvement que la référence fixe d'une surface terrestre épurée.Conceptualizing the mobility of space through the Malian conflict The ongoing Malian conflict has sparked renewed media and academic interest in the Sahel. This article shows how the various actors involved in the conflict, including nation-states, Touareg rebels and Islamist terrorists have adopted mobile strategies, which are not effectively explained using traditional geopolitical analysis. Combining a long-term geographical analysis of the Sahelo-Saharan space and a social network analysis of the main actors involved in the conflict, our objective is to develop an alternative methodological approach primordially based on movement. This mobile space approach, we argue, is probably better suited for grasping the complexity of contemporary conflicts in the Sahel-Sahara than the traditional approach based on territories. - Le tramway entre politique de transport et outil de réhabilitation urbanistique dans quelques pays européens : Allemagne, Espagne, France et Suisse - Rubén C. Lois González, Miguel Pazos Otón, Jean-Pierre Wolff p. 619-643 Même avec les difficultés financières rencontrées actuellement en Europe, la politique de réintroduction du tramway se poursuit dans les villes européennes qui avaient plus ou moins abandonné ce mode de transport collectif. Les différences sont notables entre les objectifs affichés, qui privilégient selon les situations, les politiques de mobilité et/ou les politiques urbanistiques. Cette analyse comparative porte aussi bien sur des pays qui n'ont jamais totalement renoncé au tramway (Allemagne, Suisse), que sur des pays qui l'avaient totalement délaissé (Espagne, France).The tramway between transport policy and tool for urban rehabilitation in certain European countries: Germany, Spain, France and Switzerland Even with the financial difficulties currently encountered in Europe, politics of reintroduction of the tramway are continuing in European cities which had more or less abandoned this mode of transit. There are noticeable differences between the objectives displayed, which, according to the situation, emphasize mobility policies and/or urban policies. This comparative analysis focuses on countries that have never fully abandoned the tram (Germany, Switzerland), and countries that had completely abandoned it (Spain, France).
- La citoyenneté urbaine pour penser les transformations de la ville ? - David Giband, Corinne Siino p. 644-661 La citoyenneté urbaine s'est complexifiée en même temps que l'évolution de la ville. Dans un contexte de mondialisation et d'individuation une crise du politique a déplacé l'engagement pour des droits à la ville vers celui de l'investissement citoyen. En incidence question urbaine et question politique sont souvent assimilées. Nous souhaitons interroger ce rapport renouvelé entre espaces urbains et citoyenneté (s). Il s'agit d'abord de revenir sur l'évolution et la définition de cette notion en sciences sociales et sur la façon dont la géographie urbaine l'a intégrée à l'analyse sur la ville. Pour en porter une illustration, nous interrogerons ensuite la référence à des pratiques et des formes de mobilisation qui construisent une dimension pluriscalaire et des temporalités non linéaires dans l'espace urbain. Enfin, nous nous attacherons au rapport entre mobilités et droit à la ville, source d'innovations politiques mais aussi de segmentations socio-spatiales. À travers des revendications, la participation politique, ou la simple manifestation d'un droit, la citoyenneté participe à la régulation et au développement symbolique et matériel de la ville et de l'urbain actuels.Urban citizenship as a means for understanding urban changes? Urban citizenship is given considerable coverage in the scientific literature on the city. In a context of globalization, crisis of politics, ethno-racial diversification of urban areas, urban citizenship – as an alternative to nation state citizenship- is founded on a revised relationship to urban spaces. Urban citizenship is foremost in public actions in the less well-off neighbourhoods. It lies in a dialectic relation between politics, individual or collective engagement and urban spaces, shifting the debate towards the active citizen's territorial engagement. This article seeks to study this renewed relationship between urban spaces and types of citizenship. It first reviews the development and definition of this notion in social sciences and the way in which geography has incorporated it into analysis of the city. Next citizenship is investigated on the basis of the forms of mobilization which construct a multi-scale dimension and non-linear temporalities in the urban space. Finally, the paper examines the relationship between forms of mobility and the right to the city, a source of political innovation but also of socio-spatial segmentation. Urban citizenship contributes to the regulation and symbolic and material development of the contemporary city and urban areas, by way of the claims and political activism it generates, or the straightforward manifestation of a right.
- Idéologies du développement, enjeux socio-environnementaux et construction de l'aire métropolitaine de Concepción (Chili) - Enrique Aliste, Guy Di Méo, Raùl Guerrero p. 662-688 En deux siècles et demi, Concepción est passée de la ville coloniale à la quasi-métropolisation. Cette dernière, d'ampleur limitée (aire urbaine de 700 000 à 800 000 habitants), n'en rattache pas moins le Grand Concepción contemporain au marché d'un monde désormais globalisé. Au cours de cette période, quatre formes idéologiques et culturelles des imaginaires du développement se sont succédé dans cette partie méridionale du Chili central : la Frontière coloniale et postcoloniale, la cité industrielle du pôle de développement (visant la substitution des productions nationales aux importations), la région inscrite dans une économie néolibérale imposée et contrôlée par la dictature militaire, la métropole mobile, partiellement convertie au secteur tertiaire et au consumérisme, noyée sous le discours environnementaliste et mystificateur du développement durable que le risque sismique tend ici à exacerber. En utilisant la méthode des formations socio-spatiales, cette recherche s'efforce d'éclairer, à travers le prisme des imaginaires du développement, les logiques de l'édification d'une aire métropolitaine en réseau (mondialisation) qui ne joue qu'un rôle directionnel médiocre pour sa région.Ideologies behind the development and construction of the metropolitan area of Concepción (Chile) In two and a half centuries Concepción went from colonial city to metropolization. Though this metropolization remains quite limited, since the urban area does not exceed 700-800 000 inhabitants, it nevertheless links the contemporary Grand Concepción to the market in a world that is now globalized. Four cultural and ideological forms of development representations have followed one another in this southern part of central Chile since the middle of the 18th Century : the colonial and postcolonial Frontier ; the industrial city of the strategic development area (aimed at replacing imports by national productions) ; the region fitting into a neoliberal economy imposed and controlled by the military dictatorship ; the mobile metropolis, partly converted to the service sector and to consumerism, but drowned under the mystifying discourse of sustainable development that the prevailing seismic risk tends to make into a mythologize. Using the method of socio-spatial formations and through the lens of successive representations of development, this research tries to throw light on the varied reasoning that led to the territorial construction of a network-linked metropolitan area, globalized but doing little to give its region direction.
- De l'espace au cinéma - Jacques Lévy p. 689-711 Il existe une ambiguïté sur la réalité de la présence de l'espace au cinéma. On pourrait dire que le cinéma est, par excellence, un art spatial. En fait, on peut discuter, avec des arguments forts, cette évidence apparente. Cet article s'intéresse plus particulièrement aux films de géographie, qui cherchent à montrer l'espace habité et l'habiter de cet espace avec la visée d'augmenter l'intelligence de cette dimension du monde social. Ce texte développe son propos en deux temps. D'abord, il s'emploie à montrer le caractère extrêmement lacunaire de la présence de l'espace dans la production cinématographique comme environnement et de la spatialité comme agir, qui contribuent l'un et l'autre à géographicité. Ensuite, l'idée qu'il est possible d'ouvrir de nouvelles voies à l'association entre sciences sociales de l'espace et cinéma est avancée et précisée. Cette démarche conduit à proposer de desserrer l'emprise du cinéma populaire de fiction (et de son avatar le « documentaire ») et d'établir des liens avec des courants esthétiques de l'histoire du cinéma plus propres à entrer en résonance et avec la géographicité et avec les sciences. L'article se termine par un « manifeste » qui énonce dix principes pour un cinéma scientifique de l'espace habité.On Space in Cinema The relationship between space and cinema is ambiguous. Cinema can be seen as a spatial art par excellence. However it can be argued that space has only a very indistinct presence in film. Starting from this proposition, this article explores the ways that can lead to the inclusion of space in films. The text focuses on geographic films, those which aim at showing inhabited spaces and spatialities of inhabiting in order to increase our comprehension of this dimension of the social world. The argument is developed from two viewpoints. First, the weak presence of space in cinematographic production as an environment and of spatiality as an agency both contributing to geographicity is analysed. This situation is related to the predominance of certain particular expressions of cinematographic languages. Second, the idea that it is possible to open new paths towards the association between social sciences of space and cinema is put forward and developed. Such a perspective implies loosening the grip of large-audience fiction cinema (and of its ‘documentary' avatar). In correlation, this leads to establishing fresh ties with aesthetic trends that might be in resonance with geographicity as well as sciences. Finally, the article proposes a ‘manifesto' in ten principles for a scientific cinema of the inhabited space.
- Comptes rendus - p. 712-719
