Contenu du sommaire : Les politiques militaires en Europe

Revue Politique européenne Mir@bel
Numéro no 48, 2015/2
Titre du numéro Les politiques militaires en Europe
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Les politiques militaires en Europe. L'héritage de Bastien Irondelle

    • « L'européanisation sans l'Union européenne » : Penser le changement des politiques militaires - Catherine Hoeffler, Samuel B. H. Faure p. 8-27 accès libre
    • Le renseignement européen, les coopérations bilatérales au secours d'une intégration introuvable ? - Olivier Chopin p. 28-50 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le renseignement en Europe pourrait-il être un autre exemple de l'hypothèse d'une « européanisation sans l'Union européenne » ? Le renseignement en général est l'endroit d'un paradoxe, qui s'accentue sans doute dans le contexte européen. Les pratiques du renseignement sont profondément enracinées dans le cœur même de l'intérêt national de chaque État, dans les tréfonds de la sécurité intérieure de chaque nation, dans les replis du secret d'État. Mais, pour être opérationnels et efficaces, les dispositifs nationaux de sécurité s'appuient largement sur des échanges, des collaborations, et les enjeux de coopération en matière de renseignement sont cruciaux et centraux. Dans le contexte des linéaments d'une institutionnalisation d'un renseignement européen au sein de l'Union, et en interrogeant la place réciproque des coopérations parfois pérennes et étroites entre États membres et le développement récent et fragile d'une capacité propre de l'Union en matière de renseignement le présent article propose d'élaborer l'hypothèse selon laquelle les coopérations et collaborations permettent de réguler concrètement un dispositif de sécurité collective en gestation, pris entre la nécessité et les bénéfices d'une convergence plus forte des politiques nationales de sécurité et des politiques étrangères d'une part, et d'autre part les résistances nationales liées à la persistance de l'intérêt national et de la sécurité nationale en Europe.
      European Intelligence: Bilateral Cooperations at the Rescue of an Unlikely Integration? Intelligence may be one of defense and security cooperation's most paradoxical sectors: while they are deeply rooted in the very core of every country's national interest, it is largely acknowledged that intelligence activities widely rely on sharing and collaboration between nations. This paper compares the current state of cooperation between European countries through the EU integrated organizations (like EUROPOL or INTCEN or the EUMS Intelligence Directorate). Analyzing the development of European institutionalization on one side in regard of bilateral cooperations on the other side, the paper speculates on the cooperation programs compared to the late and fragile development of a proper EU intelligence capability. Intelligence seems to corroborate the need for examining the hypothesis of a horizontal convergence mechanism accordingly to Irondelle's “Europeanization without the EU” principle.
    • Avions de combat : Pourquoi n'y a-t-il pas d'européanisation ? - Catherine Hoeffler, Frédéric Mérand p. 52-80 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article interroge les limites de « l'européanisation sans l'Union européenne » (Irondelle, 2003) dans le secteur des avions de combat en Europe. Partant de l'observation selon laquelle les gouvernements européens divisent leurs achats entre quatre appareils (Eurofighter Typhoon, Gripen, Rafale et JSF F-35), il propose une analyse comparée des processus décisionnels nationaux. Plus spécifiquement, nous avançons l'idée que les choix en matière d'acquisition militaire s'expliquent par deux variables : la structure industrielle, c'est-à-dire l'autonomie relative du secteur de l'aérospatiale militaire, et les préférences politiques des élites stratégiques nationales. Ces deux variables issues de l'économie politique et de la théorie des relations internationales permettent de comprendre les limites de l'européanisation dans ce secteur.
      Fighter Jets: Why is there no Europeanization? This article questions Bastien Irondelle's “Europeanization without the EU” thesis (2003) and shows its limits in the case of fighter jets. Starting from the observation that, when it comes to choosing their fighter jets, European governments remain divided between four different aircraft (the Eurofighter Typhoon, the Gripen, the Rafale and the JSF F-35) we develop a comparative analysis of national decision-making processes. Specifically, we argue that two variables explain weapon procurement: the industrial structure, i.e., the relative autonomy of the military aerospace sector, and the political preferences of national strategic elites. These two variables derived from political economy and international relations theory allow us to understand the limits of Europeanization in this sector.
    • Réguler le commerce des armes par le Parlement et l'opinion publique : Comparaison du contrôle des exportations d'armement en Allemagne, France, Royaume-Uni et Suède - Lucie Béraud-Sudreau, Samuel B. H. Faure, Michael Sladeczek p. 82-121 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En cherchant à expliquer pourquoi les exportations d'armement sont fortement régulées par certains États européens et plus faiblement par d'autres, cet article défend l'idée d'une absence d'européanisation du contrôle des exportations d'armement, et que ni la relation État-industrie ni l'implication des acteurs exécutifs n'expliquent ces variations. Deux hypothèses alternatives sont proposées : la position du Parlement dans le processus de décision du contrôle des ventes d'armes et la saillance de l'enjeu des ventes d'armes auprès de l'opinion publique.
      Regulating the arms trade by the Parliament and public opinion. A comparison of arms export controls in Germany, France, the United Kingdom and Sweden In seeking to explain why some European states strongly regulate arms exports but others weakly, this article argues that there is no Europeanization of arms export controls, and that neither the state-industry relationship nor the involvement of executive actors explain these variations. Two alternative hypotheses matter: the position of Parliament in the arms export control decision-making process, and the salience of the arms sales issue in the view of public opinion.
    • From Aspirations to Aspirin? : The Afghan campaign and Europe's quasi-strategic inertia - Nicolas Fescharek p. 122-149 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La littérature récente traitant de la politique européenne de sécurité et de défense tend à peindre un tableau sombre, évoquant essentiellement une histoire de déclin ou de complaisance ; elle décrit souvent une PESD/PSDC qui aurait commencé avec des aspirations élevées, souffrant désormais d'une forte « migraine » et risquant même de disparaître après la débâcle libyenne. Sans nier ces difficultés, cet article, qui examine le cas de l'Afghanistan, prend le contre-pied de ce « déclinisme » et propose de réfléchir à un rôle européen « par défaut » – mais avec des effets quasi stratégiques. Ainsi, il accepte la persistance de différences substantielles entre les cultures stratégiques nationales des états membres de l'UE, mais met en évidence le paradoxe que la convergence européenne autour de ce « rôle par défaut » est à la fois le résultat d'une volonté de – ou d'une complaisance vis-à-vis du – leadership américain, et l'expression accumulée d'une inertie globalement partagée, conservant ainsi une marge d'autonomie stratégique vis-à-vis des États-Unis. Cette notion d'un rôle par défaut est une approche plus appropriée au rôle de sécurité de l'Europe que les tentatives de penser une « culture stratégique européenne ».
      Recent literature dealing with the European security and defense policy tends to paint a bleak picture, basically telling a story of decline or complacency; an ESDP/CSDP that started with high aspirations, and now “fades out” with a headache after it “died over Libya”. This paper acknowledges the seriousness of the situation. Challenging these “declinist” approaches, however, it considers the case of Afghanistan and proposes to think about a European “role by default” with quasi-strategic effects. Thus, the paper accepts the lack of convergence between Europe's national strategic cultures as a given. It highlights the paradox that European convergence around this default role is both a function of a European desire for – or complacency vis-à-vis – the US' security leadership, as well as a quasi-strategic expression of accumulated inertia vis-à-vis the US, which preserves a modicum of e a modicum of strategic autonomy from the US. This notion of a role by default is a more adequate approach to Europe's security role than attempts to think up a “European strategic culture”.
    • Européanisation ou otanisation ? : Le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne en Afghanistan - Olivier Schmitt p. 150-177 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les armées occidentales ont profondément changé suite à plus d'une décennie d'intervention militaire en Afghanistan. Cet article étudie l'une des modalités de ce changement, à savoir l'émulation sélective. Prises au dépourvu par l'évolution des combats en Afghanistan, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne sont allées chercher au sein de l'OTAN (au sein de la structure ou auprès des autres États membres) des réponses doctrinales et matérielles aux défis auxquels elles étaient confrontées sur le terrain. Néanmoins, l'importation de solutions doctrinales et matérielles se fait en fonction des spécificités des contextes politico-militaires nationaux, notamment la proximité envers les États-Unis, la présence d'une industrie de défense développée ou une culture stratégique spécifique. Après l'« européanisation sans l'Union européenne » de la politique de défense française dans les années 1990 identifiée par Bastien Irondelle, on observe une « otanisation avec l'OTAN » des politiques de défense des trois principales puissances militaires européennes au cours des années 2000, du fait de la campagne en Afghanistan.
      Europeanisation or “NATO-isation”? The United Kingdom, France and Germany in Afghanistan The decade-long military intervention in Afghanistan had a strong effect on the transformation of western armed forces. This article examines one of the pathways of such military change, namely selective emulation. Taken aback by the evolution of the fightings in Afghanistan, France, Germany and the UK looked for doctrinal or technical answers to the challenges they were facing on the ground within NATO (the structure and/or the member states). However, the importation of such solutions depends on each national political-military context, in particular the proximity with the United States, the existence of a strong local defense industry or a specific strategic culture. After the “Europeanisation without the EU” of the French defence policy in the 90's identified by Bastien Irondelle, we now observe a “NATO-isation with NATO” of the three major European military powers' defence policies, because of the Afghan campaign.
    • Des députés experts militaires ? : Les motivations et rétributions au sein des commissions Défense de Parlements européens - Olivier Rozenberg, Olivier Chopin, Catherine Hoeffler, Bastien Irondelle, Jean Joana p. 178-200 accès libre
  • Chantier de recherche

  • Lectures