Contenu du sommaire : Comprendre Boko Haram

Revue Afrique Contemporaine Mir@bel
Numéro no 255, 2015/3
Titre du numéro Comprendre Boko Haram
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Édito

  • Comprendre Boko Haram

    • Comprendre Boko Haram : Introduction thématique - Nicolas Courtin p. 13-20 accès libre avec indexation
    • Boko Haram et la mise en récit du terrorisme au « Sahelistan » : Une perspective historique - Marc-Antoine Pérouse de Montclos p. 21-41 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La mise en récit du terrorisme au « Sahelistan » fait preuve d'une certaine myopie historique. Dans le cas de la secte djihadiste Boko Haram au nord-est du Nigeria, elle ignore ainsi le vieux clivage qui a opposé l'empire du Borno au califat de Sokoto. De plus, elle tend à redécouvrir des phénomènes anciens de rébellion sous la bannière d'un islam radical. Enfin, elle replace systématiquement les djihads du monde contemporain dans une perspective globale qui revient à négliger les dynamiques locales des insurgés. À partir des exemples de Rabeh et cheikh Hayat, cet article vise à déconstruire les représentations du péril mahdiste autrefois ou terroriste aujourd'hui. L'objectif est d'analyser à la fois les différences et les récurrences d'insurrections qui permettent d'apprécier les profondes transformations de l'islam dans la région du Borno.
      Boko Haram and creating the terrorism narrative in “Sahelistan”The terrorism narrative in “Sahelistan” demonstrates some historical myopia. In the case of Boko Haram, a jihadist sect in north-eastern Nigeria, the narrative ignores ancient rivalries between the Borno Empire and the Sokoto Caliphate. Furthermore, it tends to rediscover old rebellions and place them under the banner of radical Islam, systematically putting contemporary jihads in a global perspective while ignoring the insurgents' local situation. Consequently, this article deconstructs representations of the Mahdist peril of olden times and the terrorist of today, using the historical figures, Rabeh and Sheik Hayat as examples. The author analyzes differences between recurrent insurrections in order to assess the most profound changes to Islam in the Borno area.
    • Les mots de Boko Haram : Décryptages de discours de Mohammed Yusuf et d'Abubakar Shekau - Élodie Apard p. 43-74 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Figures régionales du prêche au début des années 2000 dans l'État de Borno, au nord-est du Nigeria, Mohammed Yusuf et Abubakar Shekau sont les deux principaux concepteurs et promoteurs du discours politico-religieux qui a façonné l'idéologie du mouvement communément appelé « Boko Haram ». Les prêches et les messages de ces leaders constituent un vaste corpus qui offre des outils précieux permettant d'éclairer les dynamiques du mouvement, ainsi que des éléments de contextualisation essentiels pour la compréhension des phénomènes en présence. Ces documents sont pratiquement les uniques sources disponibles pour analyser le discours du groupe et pourtant ils ne sont quasiment jamais exploités. Cet article propose donc, à travers des extraits de discours traduits et décryptés, de se pencher sur les mots de Boko Haram, de prêter attention à ce qui est dit afin de mieux comprendre ce qui se passe.
      The words of Boko Haram
      Since the early 2000s, two preachers in Borno State (north-eastern Nigeria), Momammed Yusaf and Abubakar Shekau have shaped the ideology of the “Boko Haram” movement through their political and religious speeches. The author uses their sermons and messages, a vast body of work, as tools to shed light on the movement's dynamics. By analyzing these rarely-used documents, practically the only sources of the group's discourse available, she reveals essential contextual elements that help us apprehend the Boko Haram phenomenon. She carefully looks at the words of Boko Haram, using translated and decoded extracts of the speeches, to better understand what is happening.
    • Boko Haram, une impossible sociologie politique ? : Un groupe armé catalyseur de la violence armée régionale - Corentin Cohen p. 75-92 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Cet article propose de déconstruire la lecture globalisante et le label « Boko Haram » pour contribuer à une sociologie politique du mouvement et de la violence armée dans la région du bassin du lac Tchad. Il s'appuie sur des entretiens, notamment avec des déplacés, et des observations réalisées au cours de plusieurs terrains de recherche. L'auteur met en lumière les dynamiques de prédation, la faculté du groupe de créer du lien politique et de se connecter aux dynamiques sociales locales. Boko Haram est un mouvement hétérogène avec des formes de liens politiques et d'implantations locales précises. Enfin, les dynamiques du conflit dépassent largement les racines de Boko Haram et agrègent des acteurs aux ambitions, rationalités et savoir-faire différents.
      Boko Haram and the impossible political sociology of an armed group
      This article contributes to a political sociology of the Boko Haram movement and of armed violence in the Lake Chad area by deconstructing the Boko Haram brand and globalizing readings of it. The author draws on observations made during several field trips and interviews with displaced people. He shines a light on Boko Haram's predatory behaviour and the way the group creates political ties and connects with local societies. Boko Haram, a disparate movement, specifically tailors its political relationships and presence to each local situation. Consequently, the dynamics of conflict and violence now extend beyond the root causes that led to the rise of Boko Haram, aggregating actors with different aims, expertise and rationales.
    • Boko Haram et le lac Tchad : Extension ou sanctuarisation ? - Christian Seignobos p. 93-120 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      En janvier 2015, Boko Haram dévaste Baga Kawa sur les rives méridionales du lac Tchad. Après l'élection en avril 2015 de Muhammadu Buhari, le gouvernement nigérian sort de son apathie et, en dépit d'un outil militaire encore défaillant, cherche à reconquérir du terrain sur le groupe armé. Les voisins nigérien, tchadien et camerounais sont appelés à contenir les débordements de Boko Haram sur leurs frontières respectives. Seul le Tchad est autorisé à exercer un droit de poursuite. Après avoir été un pôle de développement économique sans pareil, les rives du lac Tchad connaissent une crise foncière sur fond de revendication d'autochtonie, situation que Boko Haram, qui essaie de mobiliser les populations de l'ancien Bornou sous son égide, va exploiter. L'irruption de Boko Haram dans ce milieu palustre si particulier, qu'aucun encadrement politique extérieur passé ou actuel n'a réussi à contrôler, représente une véritable menace pour la région. Et si Boko Haram faisait du lac son sanctuaire ?
      Boko Haram and Lake Chad
      In January 2015, Boko Haram destroyed Baga Kawa, a village on the southern bank of Lake Chad. After the April 2015 election of President Muhammadu Buhari, the Nigerian government emerged from its apathy and, despite a still-faulty military apparatus, sought to take back territory from Boko Haram. Nigeria asked its neighbours in Chad and Cameroon to contain Boko Haram's excesses on their respective borders. Only Chad was authorized to give chase. A sharp decline in property values hit the shores of Chad Lake, formerly an unequalled centre of economic development. In addition, indigenous groups demanded control of the area, a situation that Boko Haram would exploit as it tried to rally the population of what was once the Bornu Empire under its aegis. Boko Haram's eruption in this swampy land, a place so particular that no form of government – past or present – has succeeded in controlling it, represents a real threat to the region. What will happen if Boko Haram turns the lake's shore into a sanctuary?
  • Repères

  • Choses vues

    • Des pasteurs transhumants entre alliances et conflits au Tchad : Les Arabes Salamat Sifera et les Arabes Djaatné au Batha - Dangbet Zakinet p. 127-143 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Les questions d'agropastoralisme et de sécurité sont aujourd'hui au cœur de l'actualité dans l'espace sahélo-saharien. Considéré par certains comme un système archaïque, l'élevage mobile permet néanmoins aux éleveurs d'accéder aux ressources dispersées et d'entretenir des alliances avec les agriculteurs. Les performances de ce système sont également démontrées sur le plan économique. Au Tchad, comme dans les autres pays agropastoraux, les rapports entre transhumants et agriculteurs se sont par endroits tendus ces dernières années à cause du dérèglement de l'accès aux ressources. Cette étude compare deux types de transhumants dans la région du Tchad central : les Arabes Salamat Sifera et les Arabes Djaatné. Grâce à leur mobilité, les premiers connaissent moins de conflits que les derniers. Cet article tente d'en expliquer les réalités.
      Transhumant Arab tribes move between alliances and conflicts in Central Chad
      In the Sahel and the Sahara, farming, pastoralism and security issues have gained center stage in the news. Mobile animal husbandry, considered an archaic system by some, nonetheless allows herders to access scattered resources and to maintain alliances with farmers. The system also delivers economic benefits. In some areas of Chad, as in other essentially pastoral and farming countries, relations between transhumant pastoralists and farmers have been tense in recent years because their access to resources has been disrupted. This study compares two types of transhumant Arab tribes in Central Chad: the Salamat Sifera and the Djaatné. The former, more mobile, experience fewer conflicts than the latter.
  • Notes de lecture