Contenu du sommaire : Écosocialisme et histoire

Revue Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique Mir@bel
Numéro no 130, 2016
Titre du numéro Écosocialisme et histoire
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le mot de la rédaction - Anne Jollet, Jérôme Lamy p. 5-8 accès libre
  • DOSSIER - Écosocialisme et histoire

    • Introduction : Pour une histoire de l'écosocialisme - Sébastien Jahan, Jérôme Lamy p. 11-32 accès libre avec résumé
      L'histoire de l'écosocialisme affronte le risque d'une lecture anachronique de pratiques sociales et écologiques qui ne sont articulées dans une perspective politique que depuis les années 1970. Néanmoins, il est possible de discerner, dans l'épaisseur historique, les linéaments d'une association serrée et synchronique entre des préoccupations environnementales et la critique d'un ordre socio-politique injuste ou inégalitaire. Des doutes sur l'expansion destructrice des valeurs occidentales, surgissant dès le début de l'époque moderne, aux relectures contemporaines et sélectives de Marx sur des bases écologistes, une pensée radicale, au tracé souvent marginal et discontinu, émerge et jette les bases d'une synthèse anticapitaliste et anti-productiviste à la portée éminemment révolutionnaire.
    • Walter Benjamin, précurseur de l'écosocialisme - Michael Löwy p. 33-39 accès libre avec résumé
      Walter Benjamin a été un des rares marxistes avant 1945 à proposer une critique radicale du concept d'« exploitation de la nature » et du rapport « assassin » de la civilisation capitaliste avec celle-ci. Il s'intéresse, comme Engels, aux sociétés sans classes « primitives », où la nature était perçue comme une mère généreuse. Il ne s'agit pas pour lui de revenir au passé préhistorique, mais de proposer la perspective d'une nouvelle harmonie entre la société et l'environnement naturel. Il peut donc être considéré comme un des précurseurs de l'écosocialisme. Nous examinerons, dans les pages qui suivent, quelques-uns des moments de sa réflexion sur ces questions.
    • La gauche productiviste, c'est le stalinisme - Paul Ariès p. 41-61 accès libre avec résumé
      La construction d'un projet écosocialiste plonge ses racines dans l'histoire du mouvement populaire et notamment communiste. Non seulement des gauches antiproductivistes ont toujours côtoyé des gauches productivistes, mais les auteurs comme les expériences sont souvent partagés entre ces deux postures nativement de gauche. Le productivisme n'est pas une maladie infantile du communisme. Faire retour sur la jeune Russie des soviets est donc une façon de redécouvrir cet autre socialisme qui aurait pu être possible. Le conflit entre productivisme et antiproductivisme s'exprime sur de nombreux fronts, comme la question des nouveaux modes de vie et de l'homme neuf, de l'organisation de l'économie et du travail, de l'urbanisme et de l'architecture, de l'art et de la pédagogie, de la sexualité et de la libération des femmes, etc. 
Nous découvrons alors la relation forte entre productivisme et conception autoritaire de la révolution et du mouvement historique révolutionnaire.
    • René Dumont ou le socialisme « de l'arbre et du jardin » - Alexis Vrignon p. 63-78 accès libre avec résumé
      De René Dumont (1904-2001), le grand public ne conserve souvent que quelques souvenirs associés pour la plupart à la campagne présidentielle de 1974. Devant les caméras, l'homme en colère, affublé d'un pull-over rouge, met en garde contre la disparition prochaine de l'eau potable et s'indigne de la persistance de la faim dans le tiers-monde. Si René Dumont est resté à la postérité comme le premier candidat écologiste à l'élection présidentielle, il ne peut être réduit à cet épisode de quelques semaines dans une vie militante et professionnelle très riche. Au travers de ses voyages d'études et de ses très nombreux livres, René Dumont a été amené à concevoir une forme d'écosocialisme, appelant de ses vœux une civilisation « de l'arbre et du jardin ». C'est à l'analyse de cette pensée que cet article est consacré, en s'intéressant à ses propositions théoriques ainsi qu'à la manière dont il s'est efforcé de traduire sa pensée en actes.
    • La « Nueva Conquista » - Françoise Escarpit p. 79-89 accès libre avec résumé
      Cinq cent vingt-trois ans après l'arrivée de Christophe Colomb aux Amériques et à quelque cinq cents ans du déferlement des Cortés, Pizarro, Ponce de Léon et autres conquistadores à la recherche de l'Eldorado, l'Amérique latine fait face à une nouvelle et sauvage conquête, celle de ses ressources naturelles. Les nouveaux conquérants ont pour nom BHP Billiton, Rio Tinto, Eon, Jeco Corporation, GDF-Suez, Total, Chevron, State Grid… Ils sont étatsuniens, chinois, français, australiens, canadiens, japonais, britanniques, hollandais… Ce pillage, notamment du sous-sol (minerais et hydrocarbures), se fait avec l'accord complice des gouvernements, quelle que soit leur couleur politique, et rarement avec celui des populations concernées. Que l'on soit dans le páramo colombien, l'Amazonie brésilienne ou bolivienne, les Andes chiliennes ou les terres paysannes du Sud mexicain, les effets de ces politiques sont ravageurs pour la biodiversité et pour les habitants de ces terres. Seule la destination des royalties qui en résultent est différente. Investissement social contre investissement libéral. Peut-on néanmoins penser que, au-delà du discours, des résistances, des luttes et des contradictions, il existe des alternatives et des chemins nouveaux porteurs d'espoir ?
    • La lutte des classes dans la nature - Razmig Keucheyan p. 91-104 accès libre avec résumé
      Nous nous intéresserons dans cet article à la façon dont les inégalités environnementales invitent à repenser la question de l'« intersection » de la classe et de la race à l'époque moderne. Les théories de l'« intersectionnalité » connaissent depuis quelques années un succès important dans les sciences sociales. Elles visent à analyser la manière dont les trois principales formes d'inégalités à l'œuvre dans les sociétés modernes, à savoir les inégalités de classe, de genre et de race, interagissent les unes avec les autres. La nature et l'environnement constituent cependant le grand impensé des théories de l'intersectionnalité. En nous basant sur une série de cas historiques et contemporains, nous tâcherons de comprendre comment l'intersection de la classe, de la race et de l'environnement s'est opérée au cours des deux siècles passés, et comment elle pourrait évoluer dans un contexte de crise environnementale aggravée dans les décennies à venir.
    • La trajectoire politique de l'initiative Yasuní-ITT en Équateur : entre capitalisme vert et écosocialisme - Matthieu Le Quang p. 105-121 accès libre avec résumé
      L'initiative Yasuní-ITT, politique publique du gouvernement équatorien, consistait à laisser une partie des réserves de pétrole d'un parc national en échange d'une contribution internationale. Si cette politique a été abandonnée en août 2013, sous la pression des lobbys pétroliers et avec l'argument du manque d'intérêt des pays du Nord, son analyse n'en est pas moins intéressante, notamment pour étudier sa trajectoire politique, qui oscille entre une construction conceptuelle proche de l'écosocialisme et une stratégie d'insertion dans les négociations internationales, à mi-chemin entre écosocialisme et capitalisme vert. Cet article présente les objectifs de cette initiative, son sens politique écosocialiste, mais aussi les difficultés à la sortir des mécanismes en discussion au niveau international et intégrés dans la logique capitaliste.
  • CHANTIERS

    • La guerre d'indépendance algérienne : une mémoire disputée dans le champ politique algérien - Emmanuel Alcaraz p. 125-146 accès libre avec résumé
      Dans le contexte de la crise du régime politique algérien, l'enjeu de cette recherche est de faire une étude de l'opposition algérienne et de ses usages du passé. Plus ou moins en rupture avec le pouvoir, les opposants remettent en cause le monopole de gestion de la rente symbolique revendiqué par le régime algérien, cette dernière étant associée au sang des martyrs algériens qui confère la légitimité à assurer le pouvoir. Reprennent-ils les croyances officielles de la mémoire de la guerre d'indépendance algérienne ou innovent-ils sur le plan du discours sur la guerre d'Algérie et des pratiques commémoratives ? En rupture apparemment avec le pouvoir, qui a élaboré un nationalisme sans construction de la citoyenneté, ces opposants proposent-ils dans leurs reconstructions de l'histoire a posteriori une formule civique pour sortir de son apathie la société algérienne et rendre possible le changement politique ?
  • MÉTIERS

  • LIVRES LUS

  • LES CAHIERS RECOMMANDENT