Contenu du sommaire : Processus stratégiques innovants

Nul ne peut aujourd'hui nier que l'ouverture est une évolution majeure du management de l'innovation. Popularisée par l'expression heureuse de Chesbrough « d'Open Innovation » (2003, 2006), cette ouverture est intimement liée à des changements majeurs qui incitent les organisations à repenser l'organisation de l'activité d'innovation. La disponibilité accrue de travailleurs hautement qualifiés, le développement des pratiques de capital-risque, l'accélération du changement technologique et la disparition progressive des frontières entre certains secteurs d'activité, le développement des capacités de R & D des acteurs sont autant de facteurs qui poussent les entreprises à collaborer, à développer des partenariats, bref à s'ouvrir.

Cet article examine comment une démarche expérimentale initiée par une organisation de l'économie sociale et solidaire stimule les capacités d'innovation responsable de petites organisations artisanales et touristiques mises en réseau dans le Sud de la France en développant leur capital social et en favorisant les apprentissages grâce à diverses expérimentations. Fondée sur une étude de cas longitudinale avec design enchâssé, la recherche opérationnalise le concept de capacités dynamiques afin de révéler les processus à l'origine des innovations responsables observées.

Rejetant l'idée selon laquelle les entrepreneurs sociaux sont intrinsèquement innovants, cet article1 explore en quoi la formulation de la mission sociale peut être un levier pour l'innovation radicale. Par l'étude longitudinale d'une PME spécialisée dans le traitement de la malnutrition, il montre l'enjeu pour cette entreprise de renouveler régulièrement sa mission de façon à impliquer les partenaires pertinents et stimuler l'exploration de voies conceptuelles nouvelles. Formuler une mission commune et générative semble être une condition pour l'innovation sociale radicale.

Beaucoup de projets de changement organisationnel échouent. L'explication traditionnelle repose sur les jeux d'acteurs (résistance au changement). Cet article1 propose une interprétation alternative fondée sur l'analyse de la matérialité des projets de changement (notamment les Powerpoint) via l'identification d'un mécanisme de non-changement. Le mécanisme identifié met l'accent sur le phasage des projets combiné avec la recherche de quick wins, et sur la triple tension qui caractérise les Powerpoint : les tensions descriptif/normatif, expansion/contraction, oubli/rétention.

Dans un environnement complexe et surchargé d'information, gérer l'attention des décideurs constitue un défi pour les entreprises. Cet article étudie l'« issue-selling », c'est-à-dire la façon dont un acteur peut influencer l'attention décisionnelle en s'appuyant sur différents canaux. L'analyse des pratiques des risk managers, en tant que coordinateurs de la gestion des risques, met en avant quatre postures d'issue-selling (pédagogue, superviseur, challenger, impulseur). Ces résultats affinent le concept d'issue-selling et éclairent sur les rôles du risk manager.

L'effervescence actuelle autour des phénomènes émotionnels enjoint les entreprises à proposer des produits suscitant des émotions plutôt que seulement orientés vers la satisfaction des besoins des consommateurs. Poursuivre l'objectif de développer des produits à forte composante émotionnelle pose la question des modalités de prise en compte des émotions générées par le produit au cours de son processus de conception. Dans cet article, les auteurs analysent cette question dans le contexte de l'automobile en tant que produit émotionnel et à fort degré de complexité.

Cet article interroge la singularité et la portée du concept d'innovation inversée. Les auteurs tentent de clarifier la littérature foisonnante sur ce thème en développant un cadre analytique novateur. L'originalité consiste à questionner la ou les dimensions qui se trouvent précisément inversées. Une relecture du concept (à l'aulne de la littérature sur l'innovation de rupture) leur permet finalement de faire émerger deux idéaux types d'innovation inversée, chacun d'entre eux soulevant des enjeux managériaux particuliers.

Cette recherche s'inscrit dans le courant de la théorie des ressources étendue et instruit empiriquement l'inclusion de ressources négativement perçues en l'appliquant au cas de ressources humaines. L'étude du cas Vitamine T, groupe emblématique de l'insertion par l'activité économique, met en lumière six ressources et compétences clés : une gouvernance hybride, des partenariats, un accompagnement social individuel, un institut de formation, un portefeuille d'activités diversifié et une compétence entrepreneuriale. Impliquant une capacité d'orchestration spécifique, l'inclusion de ressources humaines délaissées intervient à chaque niveau stratégique de l'organisation.

Cet article propose de revisiter les pratiques d'apprentissage intergénérationnel en situation, suivant le concept de génération organisationnelle et la perspective située du ba. À travers la comparaison de quatorze cas d'apprentissage intergénérationnel en France et au Japon, les auteurs identifient les freins et les leviers dans la genèse, la structuration et la dynamique du ba intergénérationnel. Les rôles de l'identification commune des générations et de leurs émotions, ainsi que de l'appropriation du projet stratégique par les générations sont mis en avant.

Les entreprises confrontées aux innovations produits de leurs concurrents peuvent les imiter en développant une capacité d'absorption. En étudiant 57 imitations sur le marché des cartes bancaires, les auteurs1 montrent que cette capacité est le résultat délibéré d'une coordination entre différents services, que cette capacité évolue et routinise le processus de décision pour imiter, et que les connaissances sur les marchés connexes permettent de construire une capacité d'absorption potentielle alors que les actifs complémentaires influencent la capacité d'absorption réalisée.

Le processus de concrétisation d'une aspiration identitaire dans les environnements complexes restant largement méconnu, les auteurs étudient ici le rôle de la légitimité dans ledit processus. Cette recherche s'appuie sur une étude de cas comparative de trois centres de culture scientifique, technologique et industrielle (CCS TI) qui partagent une aspiration commune à devenir des intermédiaires de l'innovation au sein de leurs territoires. Les résultats montrent que la construction d'une nouvelle identité organisationnelle oblige ces organisations à s'engager dans des activités de légitimation envers leurs parties prenantes. Ils permettent de mieux comprendre la manière dont les organisations gèrent la complexité institutionnelle.