Contenu du sommaire : Visages de Putnam

Revue Archives de philosophie Mir@bel
Numéro tome 79, no 4, octobre 2016
Titre du numéro Visages de Putnam
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Visages de Putnam

    • Édito - p. 643-644 accès libre
    • Visages de Putnam - Raphaël Ehrsam, Pierre Fasula p. 645-654 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Putnam est célèbre pour avoir toujours proclamé la dimension « réaliste » de ses recherches, et pour s'être efforcé d'articuler la philosophie de la logique et des mathématiques, la philosophie du langage, de l'esprit et de la connaissance, enfin l'éthique et la religion. Cette présentation montre comment ces préoccupations ont rencontré des réponses distinctes au cours de trois périodes. Putnam embrasse d'abord un réalisme scientifique de type métaphysique, puis son réalisme revêt une tournure épistémique de type transcendantal, enfin, sa pensée se fait résolument pragmatiste, dans le sillage de Wittgenstein et Dewey. Cette évolution atteste par elle-même d'un souci jamais démenti d'élaborer un rationalisme ouvert, en vue de promouvoir de nouvelles Lumières.
      Putnam is famous for advocating “realism” in all his books and papers, as well as for striving to connect logic, mathematics, the philosophy of mind, language and knowledge, or ethics and religion. This presentation argues that such concerns have met different answers at different times. First, Putnam had endorsed a metaphysically seasoned scientific realism; then, his realism underwent an epistemic turn drawing part of its inspiration from Kant's transcendental philosophy; eventually, till his recent death, Putnam has explored a pragmatist line of thoughts drawing from Wittgenstein and Dewey. However, such an evolution indicates that Putnam's main goal may have been to build an open rationalism, so as to promote a new enlightenment.
    • La théorie de la référence de Putnam. Entre déterminants conceptuels et déterminants réels - Raphaël Ehrsam p. 655-674 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À propos de la référence, ou du contenu des états mentaux intentionnels, deux thèses de Putnam semblent dessiner des directions divergentes. Selon l'externalisme sémantique de « La signification de “signification” » (1975), la référence ou l'intentionnalité semblent devoir faire intervenir le rapport des termes et états mentaux au monde tel qu'il existe indépendamment de notre langage et de nos pensées. Dans le même temps, selon le réalisme internaliste de Raison, vérité et histoire (1981), on ne saurait penser à un objet quelconque ou y faire référence sans employer un certain réseau conceptuel et mobiliser tout un ensemble de croyances. Les deux directions sont-elles inconciliables ? Cet article soutient au contraire que leur conjonction constitue un aspect central de la pensée de Putnam, étant donné qu'elle seule permet d'éviter ce que Putnam nomme en 1999 « l'antinomie du réalisme ».
      Putnam endorses two seemingly opposite claims about reference and the content of mental states. According to Putnam's semantic externalism in “The Meaning of ‘Meaning'” (1975), reference or intentionality demands that words and mental states bear a relation to the world as it is, independently of our language and thoughts. Meanwhile, according to Putnam's internal realism in Reason, Truth and History (1981), one cannot think about or refer to an object without making use of a certain conceptual network and entertaining a certain set of beliefs. Is the conjunction of these claims consistent? This paper argues that it is, and indeed corresponds to a core element of Putnam's thought, since such a conjunction is the sole way to avoid what Putnam calls in 1999 “the antinomy of realism”.
    • Putnam : Relativité conceptuelle et méréologie - Anna C Zielinska p. 675-692 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'ontologie traverse toute l'œuvre de Hilary Putnam – qu'il s'agisse de sa philosophie des mathématiques, des sciences, de sa philosophie de la perception et de son épistémologie, et enfin de son éthique. La pensée du philosophe semble guidée par la question suivante : comment penser le monde sans ontologie forte et définitive, mais avec une épistémologie suffisamment robuste pour qu'elle puisse résister elle-même à l'antiréalisme ? Cet article vise à rappeler les enjeux des versions différentes du réalisme du penseur américain, pour proposer une évaluation critique du rôle qui y est joué par deux concepts clés : la méréologie et la relativité conceptuelle.
      Ontology is omnipresent in Hilary Putnam's work – philosophy of mathematics, of sciences, of perception, his epistemology and finally his ethics are incessantly challenged with ontological queries. Putnam's philosophical enterprise seems to be guided by the following question: how can we think the world without a strong and definitive ontology, but with an epistemology that is robust enough to resist antirealism? This paper recalls what is at stake in various versions of Putnam's realism, and proposes a critical evaluation of two of its key-concepts: mereology and conceptual relativity.
    • Putnam-Dummett. Quelle logique pour quel réalisme ? - Alberto Naibo p. 693-720 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article compare les positions de Putnam et de Dummett sur la question de la signification et de la connaissance des vérités logico-mathématiques. Cette comparaison permettra de trouver une unité dans la pensée putnamienne, caractérisée par la tentative de définition d'une position intermédiaire entre un réalisme dogmatique et un antiréalisme constructiviste. Cette position intermédiaire, qui peut être appelée « réalisme modéré », sera ensuite analysée d'un point de vue technique, grâce à l'interprétation sans-contre-exemple de Kreisel.
      This article compares Putnam's and Dummett's positions with respect to the question of the meaning and knowledge of logico-mathematical truths. This comparison reveals an underlying unity in Putnam's thought, characterized by the attempt to define an intermediate position between a dogmatic realism and a constructive anti-realism. This intermediate position, which can be called « moderate realism », will then be analyzed technically using Kreisel's no-counter-example interpretation.
    • L'éthique de Putnam. Une « mixture bigarrée au carré » - Pierre Fasula p. 721-738 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Pour décrire l'éthique, Putnam reprend l'expression de Wittgenstein à propos des mathématiques, selon laquelle ces dernières formeraient une « mixture bigarrée ». Sa propre contribution sur l'éthique pouvant être qualifiée de la même manière, on la présentera dans sa diversité, dans la manière dont elle rend compte à la fois des jugements de valeur, des règles et des principes, ou encore du raisonnement pratique, après avoir rappelé sa critique de l'ontologie.
      In order to describe ethics, Putnam uses Wittgenstein's expression as regards to mathematics, according to which they form a ‘motley'. His own contribution to ethics could be qualified in the same way, therefore it will be presented in its diversity, in the way it explains at the same time value judgements, rules and principles, or practical reasoning, on the basis of a criticism of ontology.
    • Nécrologie de l'ontologie. Putnam, l'éthique, le réalisme - Sandra Laugier p. 739-757 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article porte sur la proposition par Putnam d'une éthique et plus généralement d'une philosophie sans ontologie. Dans ses derniers ouvrages, en convergence avec le travail de Diamond, Putnam semble dépasser le clivage classique entre non-cognitivisme et réalisme moral, au profit d'un réalisme qui serait celui de l'esprit réaliste : non pas un réalisme de sens commun (qui ne serait qu'une thèse de plus) mais un réalisme ordinaire, naturel, qui examine l'expression de la morale dans notre langage et nos usages.
      This paper is about Putnam's proposal of an ethic, and more generally, a philosophy without ontology. In his last books, converging with Cora Diamond's point of view, Putnam seems to go beyond the classical split between non-cognitivism and moral realism, in favour of a realism of a realistic spirit: not a realism of common sense (that would be another thesis) but an ordinary, natural, realism, that considers the expression of morality in our language and usages.
    • Bulletin Bibliographie Spinoziste XXXVIII : Revue critique des études spinozistes pour l'année 2015 - p. 817-842 accès libre
    • Bulletin de littérature hégélienne XXVI (2016) - p. 777-816 accès libre
    • Politiques du bonheur. Transformation de l'éthique kantienne - David Espinet p. 759-774 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article met en relief la stratégie qui caractérise, dans le cadre de la conception du souverain bien chez Kant, une politique proprement kantienne du bonheur. Cette stratégie consiste à subordonner le désir de bonheur sensible à la loi éthique – non pour faire disparaitre l'élément sensible, mais pour sauvegarder l'hétérogénéité essentielle au souverain bien humain, c'est-à-dire la différence entre autonomie morale et vie sensible. Dans cette perspective sont reprises deux transformations plus récentes de l'éthique kantienne : les réflexions de Hans Blumenberg sur le caractère pluriel et très souvent indirect du bonheur humain, ainsi que l'interprétation par Derrida de l'amitié kantienne, notamment de la fonction interruptive du respect au sein du désir fusionnel de l'amour.
      This paper brings out the strategy, which in the context of Kant's conception of the highest good characterizes a specific Kantian politics of happiness. Such a strategy consists in subordinating the desire for happiness under the ethical law – this not in order to eradicate the sensible element, but to preserve the heterogeneity essential for the highest human good, that is to say, the difference between moral autonomy and sensible life. In this perspective two more recent transformations of Kantian ethics are taken up: Hans Blumenberg's considerations on the pluralistic and most often indirect character of human happiness, as well as Derrida's interpretation of the Kantian notion of friendship, in particular of the interruptive function of respect within the fusional desire of love.