Contenu du sommaire : Histoire : les racines du Mal
Revue | Après demain |
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Numéro | no 36, octobre 2015 |
Titre du numéro | Histoire : les racines du Mal |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Guy Snanoudj p. 3
- Les racines des racines du Mal - Christian Vigouroux p. 4-6 Le Mal a ses racines profondes qui se développent pendant des années dans l'individu comme dans la société, sans qu'on s'en aperçoive à temps : quatre étapes marquent cette course vers le néant : négligence, nivellement, nationalisme, négation. Souvenons-nous, les racines sont souterraines, dissimulées mais on trébuche quand elles affleurent, les arbres s'abattent mais souvent les racines demeurent. À chacun de veiller aux arbres de la liberté.
- Le stalinisme : violence, idéologie et modernité - Romain Ducoulombier p. 7-9 Le stalinisme n'est pas seulement un phénomène soviétique. Ses pratiques et ses mots d'ordre se sont diffusés au-delà des frontières de l'URSS. Les partis communistes occidentaux ont eu ainsi leur période stalinienne. Avec le temps, le stalinisme a aussi fini par désigner la rigidité intellectuelle, l'arbitraire et l'absence de liberté, surtout en matière d'expression.
- Le nazisme : origine, pérennité, responsabilité individuelle - Stéphane Gillet p. 10-12 Cerner la responsabilité des crimes nazis, c'est d'abord parler de la responsabilité de l'individu face au groupe. Quoi qu'il fasse, un être humain prend toujours la décision de faire ce qu'il fait, même lorsqu'il prétend ne pas avoir fait exprès. Nous vivons dans une France en paix depuis 70 ans, fait unique dans notre histoire. Mais il est rare que la chance accorde à l'homme une telle situation. Notre responsabilité est de tenter d'anticiper le pire. Le plus difficile est d'agir selon ses convictions propres, en dépit de l'influence du groupe. Au fond, seul celui qui est responsable de soi est vraiment solidaire des autres.
- Les Khmers rouges : d'où venaient-ils ? - Henri Locard p. 13-15 Le cocktail explosif d'idéologie extrémiste, du manque de démocratie et de libertés pour l'opposition au Cambodge, et d'absence de réel sens de la citoyenneté et du bien public chez les Cambodgiens trop dociles et fatalistes, conduisit à ce désastre dont, après une grande génération, le pays commence juste à émerger.
- Un fascisme français ? - Michel Leymarie p. 16-17 Des hommes et mouvements se réclamant du fascisme stricto sensu ont bien existé mais leur influence fut limitée, à la mesure de leur base sociale. Leur hostilité à la démocratie parlementaire, leur xénophobie, leur antisémitisme, leur pâle imitation de modèles transalpins ou la fascination pour l'Allemagne nazie, n'ont pas permis avant la Seconde Guerre mondiale l'implantation d'un « fascisme français ». Et le régime de Vichy, né de la défaite de 1940, pour condamnable qu'il ait été et en dépit des vœux de certains, ne le réalisa pas.
- Les processus génocidaires contemporains - Dominique Claudet p. 18-20 Associer processus et génocides nous conduit à rejeter les définitions qui accolent au terme de génocide celui d'irrationalité, d'imprévisibilité, de délire, d'accident de l'Histoire. Lorsqu'un génocide est perpétré, il y a incontestablement intention, planification. Et sur une longue période, trois faisceaux spécifiques de faits sont favorisants et annonciateurs : les migrations, le développement d'idéologies conquérantes, celui enfin, marqué par l'apparition ou la résurgence invoquées de prétendus ennemis jusque-là cachés ou silencieux, de tares originelles.
- Comment des sociétés sombrent dans la barbarie : Petit manuel de survie démocratique. Pour résister à l'engrenage des extrémismes, des racismes et de l'antisémitisme - Extraits - Alain Chouraqui p. 21-25 La Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Éducation a publié, sous la direction d'Alain Chouraqui, directeur de recherche au CNRS, Pour résister à l'engrenage des extrémismes, des racismes et de l'antisémitisme, prologue Simone Veil, préface J-P de Gaudemar (Cherche midi). Cet ouvrage, à vocation pédagogique et construit sur la base d'études scientifiques, pluridisciplinaires et intergénocidaires, a été résumé dans un Petit manuel de survie démocratique. L'article publié en reproduit un chapitre.C'est dans les commencements qu'il faut réagir fermement, car les résistances contre les extrémismes sont de plus en plus difficiles voire sanglantes au fil des engrenages et parfois des emballements rapides et vite immaîtrisables. En quelques mois la démocratie défaillante a pu laisser place à l'autoritarisme criminel, aux premiers camps, à la fin de la presse libre, à l'interdiction des partis. La recherche de boucs émissaires nourrit des passions racistes et antisémites qui deviennent vite l'aliment puissant d'exclusions et de violences extrêmes, spécialement lorsqu'un pouvoir autoritaire est en échec.
- La propagande ou l'art de gagner les âmes avant de passer aux actes - Arnaud Mercier p. 26-28 Lutter contre les mensonges, les simplifications, les généralisations abusives, les vérités assénées, en prônant le doute méthodique, en faisant l'éloge de la complexité, en exhortant à la lucidité et à l'esprit de finesse, en recherchant la vérité telle qu'elle est, voilà un combat argumentatif qu'il convient de mener. Car l'installation d'idées fausses et d'errements intellectuels est le coup de force rhétorique qui a toujours ouvert la voie aux coups de force physique.
- Immigration, précarité, dangers ou leviers politiques ? - Catherine Wihtol de Wenden p. 29-30 Les formes de précarisation des migrants et des générations qui en sont issues sont nombreuses (école, travail, logement…). Beaucoup de ces formes de mise à l'écart sont le terreau des difficultés futures : non seulement elles alimentent un discours xénophobe sur l'impossible « vivre ensemble », mais elles favorisent aussi le repli identitaire. L'ethnicisation des questions sociales alimente les fractures du projet républicain de communauté politique, donne des arguments aux discours islamophobes et anti-immigration, faisant le lit des pratiques xénophobes et des violences futures.
- Pourquoi le front national n'est pas vraiment un « nouveau » parti - Sylvain Crépon, Alexandre Dézé, Nonna Mayer p. 31-33 Depuis que Marine Le Pen a pris la tête du Front national l'idée que son parti a changé s'est imposée dans le champ médiatique. Pourtant c'est moins le Front national qui a changé que son image dans l'opinion. Une image virtuelle construite par des sondages et des medias qui ont consacré sa « nouveauté » avant même que Marine Le Pen ait entrepris la moindre opération de rénovation.
- Les nouvelles guerres sont-elles pires ? - Élie Tenenbaum p. 34-36 Les guerres d'aujourd'hui sont-elles « pires » que celles qui ont ensanglanté le XXe siècle ? Rien n'est moins sûr et personne ne devrait regretter les champs de bataille du passé. La conflictualité contemporaine correspond en revanche à un modèle plus éloigné de celui autour duquel continue de fonctionner notre imaginaire social. Au fur et à mesure que le système international s'émancipe de la modernité occidentale, il faut désormais prendre en compte les nouvelles expressions de la violence collective.
- La brutalisation de l'Europe depuis la Première Guerre mondiale - Jean-Pierre Dubois p. 37-39 La Première Guerre mondiale a « brutalisé » pour longtemps les sociétés européennes. Cette « brutalisation » a changé le cours de l'histoire : elle a bouleversé la vision que les Européens avaient d'eux-mêmes et de leur rôle dans l'histoire de l'humanité, détruisant un optimisme multiséculaire et jetant un doute irréductible sur l'existence d'un « sens de l'histoire » synonyme de progrès humain, produisant une conscience de ce que l'inhumanité est potentiellement présente dans toute humanité. Le pire, pour n'être jamais sûr, ne peut plus être pensé comme absolument exclu.
- L'Europe, aire de paix perpétuelle ? - Catherine Lalumière p. 40-41 Aujourd'hui, certains hommes et femmes jouent avec le feu et contre la paix au prétexte d'être à l'écoute des sentiments du peuple. Ce mélange de démagogie, d'ignorance, de bêtise, d'oubli du passé et d'égoïsme forcené est à l'opposé de l'idéal européen des années d'après-guerre. Cela constitue une terrible menace pour l'avenir. La construction européenne ne peut perdurer que si le socle philosophique sur lequel elle repose reste solide dans l'esprit des citoyens. Il en est de même de la paix. Celle-ci ne peut perdurer que si les citoyens font vivre des idées, des principes qui sont par eux-mêmes des facteurs de paix.
- La non-prolifération nucléaire et l'accord avec l'Iran - François Nicoullaud p. 42-43
- Rencontre de la jeunesse européenne au Mémorial du Camp de Rivesaltes - Agnès Sajaloli, Fatima Besnaci-Lancou p. 44-45 Dans le cadre de son projet, le Mémorial du Camp de Rivesaltes a organisé en partenariat avec le Mémorial de Buchenwald, la Fondation Fossoli, et le Musée mémorial de l'exil (MUME) de La Junquera, la première édition des Rencontres de la jeunesse européenne. Du 28 juin au 2 juillet 2015, 13 jeunes venus d'Allemagne, de France, d'Italie et d'Espagne se sont réunis au Mémorial en séminaire durant une semaine.
- Les actions soutenues par la Fondation Seligmann - Annie Snanoudj-Verber p. 46-48
- Livre - Guy Snanoudj p. 51