Contenu du sommaire : États réformateurs et éducation arabo-islamique en Afrique

Revue Afrique Contemporaine Mir@bel
Numéro no 257, 2016/1
Titre du numéro États réformateurs et éducation arabo-islamique en Afrique
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial - Jean-Pierre Listre p. 5-7 accès libre avec indexation
  • États réformateurs et éducation arabo-islamique en Afrique

    • États réformateurs et éducation arabo-islamique en Afrique : Vers un compromis historique ? Introduction thématique - Hamidou Dia, Clothilde Hugon, Rohen d'Aiglepierre p. 11-23 accès libre avec indexation
    • Quantifier et qualifier le choix de l'enseignement arabo-islamique en Afrique subsaharienne - Rohen d'Aiglepierre, Arthur Bauer p. 25-40 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Alors qu'il s'agit d'un enjeu central pour les politiques éducatives africaines, la quantification et la qualification de la demande d'éducation arabo-islamique restent mal documentées. Dans les neuf pays d'Afrique subsaharienne disposant de données sur l'enseignement arabo-islamique formel et les écoles coraniques, un nombre significatif d'enfants y est scolarisé. Si une partie des enfants sont simultanément inscrits dans les deux systèmes éducatifs étatiques et coraniques, nombre d'entre eux ne bénéficient que de l'enseignement proposé par les écoles coraniques. Ces dernières ciblent une catégorie intermédiaire entre les ménages riches et urbains et les ménages pauvres et ruraux dont les enfants ne sont pas scolarisés.
      Quantifying and qualifying the demand for Arabic and Islamic education in sub-Saharan Africa
      The quantity and quality of demand for Arabic and Islamic education — a central issue in African education policy — remains poorly documented. Data from nine sub-Saharan African countries show that a significant number of children attend formal Arabic and Islamic educational institutions and Koranic schools. While some pupils enroll in both public and Koranic schools simultaneously, many of them attend only the Koranic schools. The latter target middle-income families, rather than rich urban households or the poor rural ones that do not send their children to school.
    • Scolarisation des filles et (re)configuration des rapports de genre : L'éducation arabo-islamique au Sénégal - Mame Fatou Séne p. 41-55 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Les dernières décennies ont vu l'éducation arabo-islamique au Sénégal s'ouvrir progressivement et s'adapter à un public féminin grandissant. Cet article analyse les modalités de cette récente ouverture visant, d'une part, à protéger les jeunes filles contre les maux dont la société serait porteuse, et, d'autre part, à les préparer à leurs futurs rôles sociaux qui répondraient à des normes religieuses spécifiques. Dès lors, l'éducation arabo-islamique devient un lieu d'observation et de compréhension des représentations en matière d'éducation des filles et des rapports de genre. Tout en plaçant la femme au cœur des dynamiques des reconfigurations sociales, le champ éducatif se révèle un lieu de fabrication mais aussi de négociation des discours et représentations d'un idéal féminin.
      Education for girls and (re)configured gender relations
      Recent decades have seen a gradual opening up and adaptation to larger numbers of women in Senegalese Arabic and Islamic schools. This article analyzes how on the one hand this broadened access aims to protect young girls from social evils, and on the other hand would prepare them for future roles meeting specific religious norms. Thus Arabic and Islamic education now provides a locus for investigating both schooling for girls and gender relations. Even as the education system places women at the center of social reconfigurations, it also fabricates and promotes a “feminine ideal” in its discourse and images.
    • Négocier la réforme des écoles coraniques dans le nord du Sénégal : Idéologie, autorité religieuse et statut socioéconomique - Anneke Newman p. 57-75 avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Dans toute l'Afrique de l'Ouest, des pressions croissantes, liées au mouvement de l'Éducation pour tous (EPT), s'exercent sur les maîtres coraniques pour réformer leurs écoles. Elles viennent à la fois du haut (États, ONG et bailleurs de fonds internationaux) et du bas (parents et élèves). Certains maîtres coraniques ont adapté leurs écoles tandis que d'autres opposent une forte résistance. Pourtant, la raison de cette dualité reste obscure. À partir d'une enquête ethnographique, réalisée auprès de deux maîtres coraniques dans le nord du Sénégal, cet article défend une micro-approche des liens entre les réformes au niveau national et international et les points de vue et les actes des maîtres coraniques ancrés dans une dynamique localisée.
      Negotiating Koranic school reform in northern Senegal
      Throughout West Africa, the Universal Education movement has prompted a greater insistence on reform in Koranic schools, especially in teaching. The pressure comes from above (governments, international donors and nongovernmental organizations) and below (teachers and students). Some Koranic teachers have made reforms while others strongly resist any form of change. The reasons for these opposed reactions remains poorly understood. Analyzing findings from ethnographic interviews conducted with two Koranic teachers in northern Senegal, this article argues for a micro-approach, one that examines the relationship between national- and international-level reforms and the actions of Koranic teachers anchored in local situations.
    • Les familles et le daara au Sénégal : Entre facteurs macrosociaux, stratégies collectives et choix individuels - Joanne Chehami p. 77-89 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'école coranique (daara) internat fait partie du système d'enseignement non formel sénégalais. Malgré des critiques et une baisse d'attrait relative, beaucoup de familles continuent à y placer leur enfant. Les stratégies qu'elles élaborent dans le choix de ce type d'école sont fondées notamment sur des raisons macrosociales (économiques et géographiques) et sont aussi relatives à un ensemble de valeurs culturelles et religieuses traditionnelles ayant trait au style d'enseignement et d'éducation qui y est prodigué. Leur analyse permet de comprendre le rôle que le daara joue encore actuellement dans l'éducation, la socialisation et l'insertion socio-économique de l'ancien élève, tant du point de vue de celui-ci que de ses parents, de sa famille élargie ou même de sa communauté d'appartenance.
      Families and daara in Senegal
      Koranic boarding schools (daara) form part of Senegal's informal education system. Despite criticisms and a relative drop in their attractiveness, many families still send their children to daara. Parents and their children choose this type of school for macrosocial economic and geographic reasons, and because daara teach a number of traditional religious and cultural values that the families revere. Analyzing their rationales allows us to understand the role daara continue to play in the education, socialization, and socioeconomic integration of former students, based on the testimony of their parents, extended family, and community.
    • « Nous voulons les professeurs de hadiths ! » : Almajirai, éducation islamique « moderne » et exclusion dans le nord du Nigeria - Hannah Hoechner p. 91-104 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Le paysage religieux du nord du Nigeria s'est considérablement transformé ces dernières décennies. Avec la montée en puissance des idéologies islamiques réformatrices, de nouveaux corpus de savoirs religieux sont enseignés dans les écoles islamiques « modernes » (islamiyya), aujourd'hui omniprésentes. Cette évolution s'est accompagnée d'approches inédites de la gestion de ces connaissances, les réformistes plaidant pour leur « démocratisation ». Ces tendances ont eu de profondes répercussions sur la position des oulémas « traditionnels » et sur celle des jeunes garçons et des jeunes hommes (almajirai) de Kano et dans le nord du Nigeria qui étudient sous leur direction. Paradoxalement, bien qu'une force « démocratisante » ait été à l'origine de son expansion, l'engouement pour l'éducation islamique « moderne » a suscité de nouvelles formes d'exclusion pour ceux qui n'y ont pas accès.
      “We want Hadith sciences professors !”In recent decades, the religious landscape of northern Nigeria has greatly changed, as a surge in reformist Islamic ideologies has led to a new corpus of religious teachings in the now-omnipresent modern Islamic schools (islamiyya). Brand-new approaches to managing these teachings have appeared, with reformers pleading for their “democratization”. These trends have diminished the status of traditional theologians (ulemas) and their young Kano male students (almajirai). Paradoxically, while a “democratizing” force has propelled the expansion of modern Islamic education, the enthusiasm for it has created new forms of exclusion for those who cannot gain access.
  • Repères

  • Actualités africaines

    • Diffuser un « islam du juste milieu » ? : Les nouvelles ambitions de la diplomatie religieuse africaine du Maroc - Cédric Baylocq, Aziz Hlaoua p. 113-128 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Le vendredi 24 avril 2015, le souverain du Maroc inaugurait l'Institut Mohammed-VI pour la formation des imams, morchidines et morchidates. Ce complexe est destiné à former non seulement les imams du royaume chérifien, mais aussi ceux de nombreux pays d'Afrique subsaharienne et sahélienne, à la recherche d'un encadrement religieux pondéré ; celui d'un islam du « juste milieu » (al wasatiyya) dont le Maroc a voulu faire sa ligne directrice. Cet article se propose d'étudier les (re)présentations officielles de cet « islam du juste milieu » et les objectifs auxquels il répond dans le contexte politique et religieux africain actuel, avant de donner la parole à des personnes qui gravitent autour ou à l'intérieur de cet institut.
      Spreading a “happy medium” Islam ?
      On Friday, 24 April 2015, Morocco's new king inaugurated the Mohammed VI Institute, an academy for Islamic leaders and preachers (imams, morchidines, morchidates). The educational complex will train students from the Sherifian kingdom and from countries in the Sahel and sub-Saharan Africa who seek a moderate religious framework — the “happy medium” Islam (al wasatiyya) that Morocco has chosen as the academy's guiding principle. This article first examines official representations of this “happy medium” Islam and the aims it may fulfill in the current African political and religious context. The authors then give voice to the individuals drawn to or participating in the academy.
    • La paix par la coopération environnementale, un nouveau modèle de conservation ? : Étude des aires transfrontalières en Afrique australe - Nadia Belaidi p. 129-143 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      En Afrique australe, de nombreuses aires transfrontalières se développent. Elles ont pour but la paix par la coopération environnementale. Mais, sur les quatre parcs créés, un seul l'a explicitement inscrit dans son traité constitutif, le rapprochant ainsi de la catégorie « parc pour la paix » créée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Pour les autres, leurs promoteurs ne font que proclamer cet objectif. En interrogeant la notion de « paix par la coopération environnementale », l'auteure replace dans leurs cadres juridiques et politiques la création de ces aires transfrontalières et tente de cerner la conception de la conservation et du développement poursuivis en Afrique australe. Elle interroge le sens et la portée de la démarche des aires de conservation transfrontalières en Afrique australe en termes de (re)construction des liens écologiques, sociaux et culturels dans le contexte politique de « réconciliation » de la région.
      Peace through environmental cooperation: a new conservation model?
      In southern Africa, many “transfrontier conservation areas” (TFCAs) have appeared or expanded recently. Their presumptive goal: peace through environmental cooperation. However, of four new TFCAs, only one has this goal explicitly written into its charter, making it part of the “peace parks” network of the International Union for Conservation of Nature and Natural Resources (IUCN); developers of the other three TFCAs only pay lip service to this principle. The article interrogates the idea of “peace through environmental cooperation”; the author situates TFCA creation in a legal and political context, the better to discern conservation and development aims now current in southern Africa. She questions the meaning and reach of southern African TFCAs: can they succeed in creating or reconstructing ecological, social, and cultural relationships within the region's political context of “reconciliation”?
  • Notes de lecture