Contenu du sommaire

Revue Sociétés contemporaines Mir@bel
Numéro no 105, 2017/1
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Care, stigmatisation sociale et femmes : un lien inexorable ? : Ou : quand le cadavre se dissout dans le « relationnel » - Dominique Memmi p. 5-29 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le lien entre care, stigmatisation sociale et femmes est-il inexorable ? Et si non, à quelles conditions ? La dévalorisation relative des métiers (voire des simples activités sociales) où prédominent les femmes d'une part, le care d'autre part, est assez générale dans nos sociétés. On travaillera ici la relation entre ces trois éléments à partir d'un objet où ils sont ­ et plutôt se trouvaient il y a peu ­ complètement absents : le métier d'infirmier en chambre mortuaire. L'investigation de ce rapport permet quelques constats. On apprend d'abord que parier sur le care dans un métier peut s'avérer une stratégie payante. La « féminisation » d'une profession peut ensuite s'avérer, elle aussi, avantageuse : il faut pour le comprendre s'émanciper de raisonnements déterministes et naturalisants. Mais dans ces deux cas, la réussite suppose d'exigeantes conditions.
    Care, Social Stigma and Women: an Intractable Link? Or When the Corpse Dissolves in the “Relational”Is the link between care, social stigma and women intractable? And if not, under what conditions? The relative devaluation of occupations (or even simple social activities) where women are a majority of employees, on the one hand, and care on the other, is quite general in our societies. We will investigate here the relation between these three terms by studying an area where they are ­ or more recently were ­ completely absent : the nursing profession in a mortuary room. The investigation of the relationship between these three elements allows some observations. One learns first that investing in care in a profession can prove to be a paying back strategy. Second, the ‟feminization” of a profession can also prove to be rewarding: in order to understand it, it is necessary to emancipate oneself from deterministic and naturalizing reasoning. But in these two cases, success implies demanding conditions.
  • Distribution et variation du sentiment de peur en contexte de « risque infectieux élevé » : Des expériences socialement différenciées du stigmate et de la peur chez des professionnels de santé d'un service de « maladies infectieuses et tropicales » - Clément Tarantini, Patrick Peretti-Watel p. 31-51 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    ResumeLe présent article traite des discours et des pratiques organisés autour de la question du risque d'infection nosocomiale chez les professionnels de santé d'un service de « maladies infectieuses et tropicales ». Ces unités sont considérées par l'institution hospitalière comme étant « à risque infectieux élevé ». Notre enquête témoigne des liens étroits entre les représentations qu'ont ces soignants de leur contexte de travail et les processus de constructions sociales des rapports au risque d'infection. Cette analyse éclaire ainsi la production des ancrages sociaux des rapports au risque à partir, notamment, des théories de la sociologie du stigmate et des émotions, le sentiment d'être stigmatisé étant intensément lié à la peur inhérente à ce contexte professionnel « risqué ».
    Distribution and Variation of Fear in a ‟High Risk of Infection Context”. The Social Variation of Experiences of Stigmatization and Fear in an ‟Infectious Disease Unit”This paper analyses speeches and practices addressing risk of nosocomial infection among health professionals in an ‟Infectious Disease Unit”. These wards are considered by hospital institution as ‟high infectious risk” units. This qualitative research reveals close links between the perceptions of healthcare workers about their working environment, and the social constructions of their perceptions of infectious risks. The study is shedding light on how risk perceptions result of social attachments. We use sociology of stigma and emotion to understand these processes. Indeed, stigma experience is strongly attached with feeling of fear in this ‟risky” ward.
  • Les guichets de la misère énergétique : Le traitement social des impayés d'énergie des ménages comme mode de production, de tri et de moralisation des « consommateurs » à l'ère de la transition énergétique - Joseph Cacciari p. 53-78 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    ResumeCet article rend compte d'une recherche portant sur le travail d'encadrement et de moralisation des modes de consommation d'énergie des classes populaires en difficulté financière à l'ère de la transition énergétique. Une partie de cette recherche s'est appuyée sur une enquête ethnographique menée dans une association de médiation sociale missionnée par les services sociaux départementaux et des entreprises du secteur pour accueillir la clientèle menacée d'insolvabilité. Construit à partir de cet exemple, l'article met en évidence le travail de production de la figure du consommateur d'énergie qui s'opère aux guichets de cette association, positionnée entre politique sociale et secteur marchand de l'énergie.
    The Offices of Energy Misery. The Social Treatment of Unpaid Energy Bills as a Method of Production, Sorting and Moralisation of ‟Consumers” in the Era of Energy TransitionThis article reports a research addressing the framing and moralization of the modes of energy consumption of the working classes, in the era of energy transition. This research was based on an ethnographical fieldwork conducted in an NGO for social mediation commissioned by the local social services administration and in companies dedicated to accompanying customers threatened by insolvency. Building on this case study, the article highlights the production of the figure of the energy consumer which takes place at the offices of this association which is positioned between social policy and energy market.
  • Le marché comme instrument politique : Le désengagement de l'État dans l'usage des pesticides en France - Matthieu Ansaloni p. 79-102 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    ResumeÀ partir de l'exemple du marché de la formation préparant à l'obtention du certificat d'usage des pesticides, cet article appréhende une modalité centrale d'exercice du pouvoir politique contemporain par laquelle les agents de l'État initient un marché pour prendre en charge un problème public. Se démarquant des études sur la gouvernementalité, notre enquête révèle dans notre cas d'étude un évidement de la capacité d'action du ministère de l'Agriculture. Cette situation favorise l'autonomisation des pratiques marchandes vis-à-vis de la réglementation, donc l'hétéronomisation de l'action étatique. L'article analyse pourquoi, au moment de la création du marché comme lors de sa régulation, le rapport de force était défavorable aux agents du ministère de l'Agriculture, au profit de ses fournisseurs.
    The Market as a Policy Tool. The Retreat of the State in the Usage of Pesticide in France
    Building on the case of the certification of the use of pesticide, this article addresses a major contemporary political power : the creation of market as a tool for governing public issues. Taking sides with governmentality studies, our case study shows that by resorting markets, the ministry of Agriculture has lost its capacity to act autonomously. This favors the autonomization of market practices vis-à-vis state regulation, therefore entails an heteronomization of state action. This article analyses why, during both the making of market regulation and its implementation, the balance of power has been favorable to market suppliers at the expense of the agents of the Ministry of Agriculture.