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Revue Revue Française de Sociologie Mir@bel
Numéro vol. 58, no 2, 2017
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Symposium

  • Varia

    • L'accroissement de l'effet de l'origine sociale sur la performance scolaire : par où est-il passé ? - Marielle Le Mener, Denis Meuret, Sophie Morlaix p. 207-231 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'ampleur considérable des inégalités sociales de performances scolaires interroge fortement l'équité de l'école. Nous cherchons, dans ce travail, à mettre en lumière les facteurs de l'accroissement récent de ces inégalités par le biais d'indicateurs disponibles dans les données des enquêtes PISA (2003 et 2012). Nous étudions d'abord l'évolution des différentes composantes de l'indicateur multicritère par lequel l'OCDE mesure le plus souvent le milieu social. Ensuite, nous modélisons, par une analyse en pistes causales, la décomposition de l'effet du statut professionnel des parents sur les performances afin de saisir par quoi il transite. Sont mobilisés des facteurs externes et des facteurs internes à l'école. Notre analyse souligne la responsabilité de l'école dans l'accroissement des inégalités scolaires dans le sens où l'école convertit, davantage qu'auparavant, des inégalités sociales qui, elles, ont peu évolué, en inégalités d'apprentissage. En témoignent, entre autres, le rôle de la ségrégation entre établissements ou encore de facteurs culturels, en particulier l'importance de la possession de livres au domicile familial.
      What has happened to increase the consequences of social background on academic performance?
      The considerable level of social inequality in educational performance is a major factor in educational equity. In this work, we try to highlight the factors behind the recent increase in these inequalities by means of indicators available in the PISA survey data (2003 and 2012). First, we examine the evolution of the different components of the multicriteria indicator by which the OECD most often measures social environment. Then, we model, through a path analysis, the breakdown of the effect of parents' occupational status on performance in order to grasp how this operates. Both external and internal factors to the school are used. Our analysis emphasizes the responsibility of the school in the increasing of educational inequalities in the sense that the school converts social inequalities, which have changed little, into learning inequalities more now than in the past. This is evidenced, inter alia, by the role of segregation between institutions and also cultural factors, in particular the importance of having books in the family home.
    • L'ouverture sociale par le marché ? : Sociologie de la captation des classes populaires à l'université d'Oxford - Annabelle Allouch p. 233-265 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Initiés au début des années 2000, les dispositifs d'ouverture sociale de l'université d'Oxford cherchent à assurer la candidature d'un nombre plus élevé d'élèves issus de milieux modestes. À partir d'une approche inspirée par la sociologie des marchés, cet article illustre les modalités par lesquelles ces dispositifs tentent de coordonner une offre de formation élitiste et une demande de formation d'un public populaire. Le processus repose sur trois étapes : il segmente les publics en proposant une offre de formation à court terme, calibrée pour des élèves aux dispositions sociales et scolaires particulières ; il joue sur l'adaptation de l'offre d'Oxford aux dispositions sociales attendues des candidats, qui repose à la fois sur une neutralisation sociale des espaces et sur l'explicitation sur un ton personnel et ludique de l'offre de formation et de ses spécificités ; enfin, ce processus tente de minorer le rôle des enseignants dans le cadre de la construction des aspirations des élèves, soit en les limitant à un rôle d'encadrement matériel, soit en s'assurant de leur loyauté. Il s'agit alors moins de convertir les élèves à des codes sociaux particuliers que de jouer sur leurs dispositions actuelles afin qu'ils adhèrent à l'offre. Alors que l'approche par la socialisation est généralement mobilisée pour comprendre les effets sociaux de ces dispositifs sur les dispositions et les aspirations scolaires des élèves, l'approche par la captation éclaire un processus d'interaction entre un individu et une institution qui, précisément, ne relève pas d'une socialisation.
      Social openness through markets? Sociology of widening participation policies at the University of OxfordInitiated in the early 2000s, the schemes to widen the participation of less-privileged social groups and to create greater social diversity in Oxford University aimed to increase the number of applicants from modest social backgrounds. Using an approach influenced by the sociology of markets, this article illustrates the ways in which these schemes try to coordinate an elitist training supply with the demand for education of the wider public. The process is based on three steps: segmenting audiences by offering a short-term, calibrated training offer for students with specific social and academic aptitudes; playing on the adaptation of Oxford's offer to the social resources expected of the candidates, which pushes both into a social neutralization of spaces and to the use of a personal and playful tone of explanation of the supply of education and its specificities; finally, this process attempts to diminish the role of university teachers in the construction of students' aspirations by restricting them either to a role involving material supervision or by ensuring their loyalty. It is less a matter of converting students to particular social codes than of playing on their current aptitudes so that they commit to the supply. While a socialization approach is generally used to understand the social effects of these schemes on students' aptitudes and aspirations, the attraction approach illuminates a process of interaction between an individual and an institution that is specifically not a matter of socialization.
    • Le prix du compromis politique : Quand les politiques du logement et de la dette s'affrontent dans le marché foncier - Marie Piganiol p. 267-293 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Les politiques sociales parviennent-elles à s'accomplir lorsque des politiques gestionnaires menacent leur réalisation ? Si oui, comment et à quel prix ? Cet article s'intéresse aux face-à-face entre les politiques de logement et de la dette. Depuis les années 2000, ces deux politiques s'affrontent dans le marché foncier par leurs stratégies rivales. D'un côté, les villes sont à l'affût de terrains urbains à bas prix pour construire massivement des logements abordables. De l'autre, les administrations et les entreprises publiques vendent chèrement le patrimoine public pour rembourser leur dette. À partir d'une enquête qualitative approfondie sur des transactions concernant des terrains publics, nous distinguons deux modalités de compromis marchands entre les villes et les propriétaires publics : le prix de vente et l'augmentation de la rente foncière. Ces compromis ont plusieurs conséquences politiques. À court terme et à condition que les villes y mettent le prix, la vente des terrains publics permet de créer de nombreux logements. Mais la vente des terrains publics encourage l'augmentation des prix fonciers, compromettant les politiques de logement à long terme.
      Do social policies succeed where debt policies threaten their achievement? If so, how and at what price? This paper focuses on the direct relationship between housing and debt policies in the housing market. On the one hand, cities are on the lookout for cheap urban land to build massive quantities of affordable housing. On the other hand, public authorities and enterprises want to sell their land to pay their debts. Based on an in-depth qualitative survey of public land transactions, this article distinguishes between two modes of market compromise between cities and public owners: sale price and rent increases. Such compromises have several political consequences. In the short term and provided that cities set the right prices, the sale of public land makes it possible to build a lot of housing. But the sale of public land encourages rising land prices, compromising long-term housing policies.
  • Les livres - p. 301-345 accès libre