Contenu du sommaire : Passages

Revue A contrario Mir@bel
Numéro no 24, 2017/1
Titre du numéro Passages
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction

  • Articles

    • Conversation sur la traduction, l'intimité et l'étrangeté des langues - Joséphine Stebler, Yves Érard, Antonin Wiser p. 9-20 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans cet entretien mené par A.Wiser, coordinateur de ce numéro et organisateur du cycle de conférences sur la traduction proposé aux étudiant-e-s du Cours de vacances (Université de Lausanne) en été 2015, il est question de l'importance de la traduction pour des personnes qui apprennent le français comme langue étrangère. La traduction y est conçue comme un point de passage dans l'apprentissage d'une langue entre le moment où elle m'est complètement étrangère et le moment où elle me parle et où je la parle. Les traducteur-trice-s sont ici vu-e-s comme des passeur-e-s qui nous aident à voir que la traduction est un aller-retour, pas un exil. Être de bon ton dans une traduction ou dans une autre langue que la nôtre exige une précision dont la recherche s'avère aussi heureuse qu'une belle rencontre.
      This conversation, conducted by A. Wiser, who directed this issue of a contrario and organized the series of lectures about translation offered to the students of the Cours de vacances (University of Lausanne, summer 2015), shows the importance of translation for learning French as a second language. Translation is conceived here as a passageway between the time a language is completely foreign to me and the time it starts to speak to me/I start to speak it. Translators are then seen as smugglers who help us to consider translation as a round trip, not as an exile. To hit the right note in a translation or in a language different from our own requires a preciseness which quest is as joyful as a beautiful encounter.
    • La non-reconnaissance de la dette : Walter Benjamin et la traduction - Alexandra Richter p. 21-34 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En abordant la traduction selon le paradigme de la parenté « dans un sens absolument non métaphorique » au lieu de celui, habituel à la théorie traditionnel, de la ressemblance, La tâche du traducteur esquisse une théorie critique de la traduction qui met hors jeu la conception convenue d'une « dette » envers l'original. Benjamin place ainsi l'enjeu de la traduction au-delà d'une affaire d'échange, de réciprocité ou de fidélité plus ou moins assumés, sur le terrain proprement philosophique.
      By approaching translation through a paradigm of kinship – understood in « an entirely non-metaphorical » sense – instead of the traditional paradigm of resemblance, The Task of the Translator outlines a critical theory of translation apart from the conventional notion of a « debt » toward the original. Benjamin thus places the stake of translation onto properly philosophical grounds – beyond the logics of exchange, reciprocity or faithfulness to which the translator is usually more or less committed.
    • « Je ne sais pas ce que j'ai voulu dire par là ». Le Journal berlinois 1973-1974 de Max Frisch - Camille Luscher p. 35-42 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À travers l'écriture de ses journaux – qu'il a institué en un genre littéraire à part entière –, Max Frisch utilise la langue comme un instrument de connaissance, tâtonnant autour de « la chose en soi » qui reste quant à elle indicible. L'acte de traduire procède du même mouvement, tournant autour d'un original inatteignable. L'article explore cette analogie appliquée à la traduction du Journal berlinois 1973-1974 (éditions Zoé, 2016).
      In Max Frisch's sketchbooks – which the author considered as literary texts in their own right – language is used like an instrument of knowledge in a permanent quest for « the thing itself » that remains inexpressible. A similar movement can be observed in the act of translating, in the perpetual attempt to reach an unattainable original. The article explores this analogy at work in the translation into French of the Berlin Diary 1973-1974 (Journal berlinois 1973-1974, éditions Zoé, 2016).
    • Auszüge aus dem Berliner Journal / Extraits du Journal berlinois 1973-1974 - Max Frisch p. 43-73 accès libre
    • Politique étudiante de traduction. Le cas de L'Éthique sans l'Ontologie - Pierre Fasula p. 75-90 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans cet article, nous présentons notre expérience de la traduction de L'Éthique sans l'Ontologie, du philosophe américain Hilary Putnam (Paris, Cerf, 2013), en essayant d'en tirer de manière plus générale une politique de traduction, c'est-à-dire l'idée d'un projet actif, conscient et sensible aux contextes, de traductions, qui s'appuie sur certaines données de la sociologie de la traduction.
      In this paper, we present our experience of the translation of Putnam's book, Ethics without Ontology (Paris, Cerf, 2013). We try to learn lessons from this experience in order to elaborate a policy of translation, that's to say the idea of a project (that would be active, conscious and sensitive to contexts) of translations based on certain data of sociology.
    • En présence de l'autre. Sur la traduction - Olivier Voirol p. 91-102 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La traduction se donne de prime abord comme une activité éditoriale et organisationnelle, signant la présence d'un univers de commerce, de droits et de contrats. C'est aussi, au deuxième abord, une présence de l'autre à même le texte, cet autre parlant, dans sa présence à la fois intense et énigmatique, appelant un geste vers soi. Le geste d'une langue autre amenée à soi et d'une langue à soi devenant autre. Ce qu'on appelle à soi est tant l'autre comme auteur que l'autre comme langage. Et c'est l'autre du langage, dans la présence sensible de l'acte du traduire.
      At first, translation is an editorial and organisational operation, related to a world of business, publication rights, and contracts. But it is also, secondly, the presence of an other inside the text, an other who is speaking, whose presence is intense, as well as engimatic, and who is waving at us. It is the gesture of a foreign language that has been made our own, and of our language becoming something else. What comes to us is the other as an author as well as a language. It is the other of the language, inside the sensitive presence of the translation.
    • Traduction et image : politique de la sensibilité. Notes sur la traduction (et une lecture du Corbeau d'Edgar Allan Poe) - Christian Indermuhle p. 103-108 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      On ne cesse d'utiliser des images pour parler de la traduction et pour la penser. Or s'il en est ainsi c'est qu'image et traduction sont fondamentalement liées dans une opération de sens qui les relie au sensible. C'est pourquoi la traduction, comme l'image, est politique. Elle transforme le « je » qui traduit en une collectivité de sens.
      In order to speak or to think about translation, we use images. If so, we do it because image and translation are fundamentaly related to sensitivity and perception. Additionaly, translation, as well as images, has something to do with politics. It transformes the « I » who translates into a collectiv of sense.
    • Garten, Züge / Le jardin, les trains - Ilma Rakusa p. 109-123 accès libre
    • Départs et retours. À travers quelques espaces polyglottes de La Mer encore d'Ilma Rakusa - Antonin Wiser p. 125-132 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article propose une lecture de la 8ème strophe de Mehr Meer d'Ilma Rakusa, paru en 2009 chez Droschl et traduit par Patricia Zurcher en 2012 sous le titre La Mer encore (Editions d'En bas). En 1949, dans une maison près de Ljubljana, la narratrice âgée de 3 ans découvre conjointement un jardin foisonnant, l'appréhension des départs dans les trains qui passent à l'horizon, et l'étrangeté d'une langue nouvelle. Quelle carte du monde dessinent pour l'enfant l'assemblage des mots slovènes SMRT, VRT, NOČ, VLAK, DAN et KRUH ? Comment passer de leur collection silencieuse à la parole ? Et comment le retour du récit autobiographique vers les pépinières polyglottes de l'enfance s'apparente-t-il au geste de la traduction ?
      This paper proposes a reading of the 8th strophe of Ilma Rakusa's Mehr Mehr, published in 2009 by Droschl and translated in 2012 by Patricia Zurcher as La Mer encore (Editions d'En Bas). In 1949, in a house near Ljubljana, the 3 year old narrator discovers all together a teeming garden, the apprehension of departures in trains that pass on the horizon, and the strangeness of a new language. What sort of a worldmap draws for a child the combination of slovenic words SMRT, VRT, NOČ, VLAK, DAN et KRUH ? From their quiet collection, how can you switch to some kind of language ? And how is the narrative comeback to the polyglot nursery of childhood related to translation as a gesture ?