Contenu du sommaire : Mobilité sociale et frustration

Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Mir@bel
Numéro no 150, février 2017
Titre du numéro Mobilité sociale et frustration
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Mobilité sociale et frustration - Michel Forsé, Maxime Parodi p. 5-9 accès libre
  • Frustration relative et individualisation des inégalités - François Dubet p. 11-26 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La frustration relative est un schéma d'explication des conduites sociales trop général pour se suffire à lui-même. Il convient donc d'en évaluer la portée quand l'expérience des inégalités s'individualise et se diversifie lorsqu'on s'éloigne d'une structuration des inégalités en termes de classes sociales. Quels cadres de comparaison sont mobilisés, comment sont attribuées des causes aux injustices sociales, quels schémas moraux conduisent à agir ? Il n'est pas exclu que la rencontre de l'individualisation des inégalités et de la frustration relative explique aujourd'hui le développement des populismes.
    Relative deprivation and individualization of inequalities
    Relative deprivation is a pattern of explanation for social behavior too general to be self-sufficient. Its significance should therefore be re-evaluated now that the experience of inequalities is becoming more and more individual and diverse as we move away from a structure of inequalities in terms of social classes. Which frames of comparison are mobilized, what are the causes of social injustices, which moral patterns lead to action ? It is not impossible that the junction of the individualization of inequalities and the relative deprivation explain today the development of populisms.JEL : D63, I24, J60.
  • Mobilité entre générations et fluidité sociale en France : Le rôle de l'éducation - Louis-André Vallet p. 27-67 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    À partir des enquêtes Formation – Qualification Professionnelle (INSEE) de 1970, 1977, 1985, 1993 et 2003, cet article analyse l'évolution de la mobilité sociale entre générations et de la fluidité sociale en France pour les hommes et femmes nés entre 1906 et 1973. Il établit que l'association statistique entre classe d'origine et classe de destination est plus faible dans les cohortes récentes que dans les cohortes anciennes, et montre aussi que la même association s'atténue avec l'avancée en âge, c'est-à-dire au fil de la carrière professionnelle. Il établit enfin que le changement relatif à l'éducation a joué un rôle-clé dans l'accroissement de la fluidité sociale. Dans la cohorte 1945-1954, la réduction de l'inégalité des chances scolaires constitue le facteur principal et l'expansion de l'enseignement le facteur secondaire pour expliquer la réduction de l'inégalité des chances sociales, mais l'importance relative de ces deux facteurs est inversée dans les cohortes 1955-1964 et 1965-1973.
    Intergenerational mobility and social fluidity in France over birth cohorts and across age : the role of educationUsing the 1970, 1977, 1985, 1993 and 2003 Formation – Qualification Professionnelle (INSEE) surveys, this article analyzes how intergenerational social mobility and social fluidity have evolved in France for men and women born between 1906 and 1973. It demonstrates that the statistical association between class of origin and class of destination has become weaker in recent cohorts than in older ones, and also shows that the same association diminishes with age, that is to say, along the occupational career. Finally, it demonstrates that change in education has played a key role in the process of increasing social fluidity. In the 1945-54 cohort, the reduction in inequality of educational opportunity is the main factor and the educational expansion is the secondary factor for explaining the reduction of the association between class of origin and class of destination, but the relative importance of these two factors is reversed in the 1955-64 and 1965-73 cohorts.JEL Classification : I21 – I24 – I26 – J62
  • Comment les Français jugent-ils leur statut social ? - Michel Forsé, Maxime Parodi p. 69-93 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Au cours d'une enquête par sondage représentatif, il était demandé aux interviewés de se situer au sein de trois échelles de statuts (allant chaque fois de 1 à 10) en notant ce qu'ils considéreraient être leur position à la fin de leurs études, aujourd'hui, ainsi que celle qui serait juste selon eux. Il en ressort que plus la mobilité sociale est ressentie comme faible, plus l'écart entre le statut social jugé juste et celui d'aujourd'hui a tendance à être important. Cette attente d'une position juste plus élevée est d'autant plus forte que l'on s'estime bas dans la hiérarchie sociale. L'autoposition actuelle a d'ailleurs sur la frustration sociale un effet plus important que celui de la mobilité sociale. Si les catégories populaires ressentent davantage de frustration, c'est surtout en raison de l'inégalité des chances qu'elles dénoncent. Les enquêtés attendent donc plus d'égalité des chances mais aussi des places.
    How do the French judge their social status ?
    In a representative sample survey, interviewees were asked to fit into three status scales (each ranging from 1 to 10) rating what they would consider to be their position at the end of their studies, today, as well as the one that, according to them, would be fair. The result is that the lower the subjective social mobility, the greater the gap between the social status judged to be fair and the one of today tends to be important. This expectation of a just higher position is all the stronger because one considers oneself low in the social hierarchy. Besides, the current self-positioning has on social frustration a more important effect than that of subjective intragenerational mobility. If the lower classes feel more frustrated, it is mainly because of the unequal opportunities that they denounce. The respondents therefore expect a greater equality of opportunities but also of places.JEL : D63, I24, J60.
  • Les jeunes face aux injustices et aux discriminations - Olivier Galland p. 95-111 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les jeunes ressentent plus que les adultes les injustices et les discriminations vécues personnellement. En revanche ils sont moins sensibles à l'injustice sociale dans l'ensemble de la société. Cet article explore quelques explications possibles de ce paradoxe : particularités des injustices ressenties et probablement subies par les jeunes, effets de composition sociale du groupe des jeunes par rapport aux adultes contribuant à atténuer la sensibilité à l'injustice sociale, nature des liens, chez les jeunes, entre le positionnement politique et la perception de l'injustice dans la société.
    Young people face injustice and discrimination
    Young people are more sensitive to injustices and discriminations personally endured. On the contrary, they are less sensitive to social injustice in the whole society. This paper explores some of the possible explanations of this paradox : specific traits of injustices personally endured by young people, social compositional effects of the young people group compared with adults, which contributes to moderate the sensitivity to social injustice, kinds of links, among youngsters, between political attitudes and perception of social injusticeJEL : D63, I24, J60.