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Revue Histoire urbaine Mir@bel
Numéro no 36, mars 2013
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Études

    • Les espaces du commerce alimentaire à Tours au XVIIIe siècle - Maud Villeret p. 5-28 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'étude de la distribution spatiale des commerces alimentaires à Tours montre que les villes d'Ancien Régime sont de véritables marchés à ciel ouvert, malgré les tentatives de régulation du XVIIIe siècle. Si la localisation des commerces de bouche obéit à des logiques multiples, c'est leur polarisation qui frappe l'observateur. Le secteur alimentaire est plus que tout autre créateur de centralité dans une ville. La maitrise des espaces commerciaux est un enjeu sanitaire, économique, voire identitaire pour les multiples acteurs urbains : commerçants, clients et autorités de la ville. Leurs différentes visions s'affrontent ce qui contribue à modifier le paysage urbain.
      Food Marketplaces in 18th Century Tours A study of the geographic distribution of food shops in Tours shows that Ancien Régime cities were actually open-air markets, despite regulatory attempts in the 18th century. While the location of food shops followed several rationales, an observer is immediately struck by their polarisation. More than any other sector, food shops created centrality in a town. Control over marketplaces was an issue for sanitation, the economy, or even for identity for many urban actors : shopkeepers, customers, and city authorities. These actors had different conflicting views that converged to help change the urban landscape.
    • La résidence comme appartenance : Les catégories spatiales et juridiques de l'inclusion sociale dans les villes italiennes sous l'Ancien Régime - Michela Barbot p. 29-47 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      S'appuyant sur des sources concernant Milan et Plaisance et sur la littérature relative à d'autres cas d'étude, l'article se propose d'explorer les logiques de l'inclusion sociale dans l'Italie urbaine d'Ancien Régime à travers un regard centré sur la catégorie de résidence et ses contenus à la fois matériels et juridiques. L'objectif est celui d'essayer de comprendre comment ces multiples contenus ont pu charpenter les différents degrés d'appartenance aux communautés urbaines, du niveau d'inclusion le plus bas lié à la sous-location des demeures temporaires, jusqu'au sommet de la pleine citoyenneté politique, associée le plus souvent à la « quasi » et/ou la pleine propriété du logement.
      Residence as Belonging : The Spatial and Legal Categories of Social Inclusiveness in Italian Cities under the Ancien Régime Based on sources covering Milan and Piacenza and on literature from other case studies, this article aims to explore the rationales of social inclusiveness in Italian urban areas under the Ancien Régime, via a cross perspective focused on the category of residence and its material and legal contents. The objective is to endeavour to understand how these numerous contents underlie the various degrees of belonging in urban communities, from the lowest level of inclusiveness linked to subletting temporary housing, to the summit of full political citizenship, most often associated with full or ‘‘quasi'' ownership of housing.
    • Les vieux quartiers de Marseille au XIXe siècle : Naissance des bas-fonds - Laurence Montel p. 49-72 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Entre les années 1860 et les années 1890, les vieux quartiers de Marseille, îlots du centre médiéval épargnés par les grands travaux de réaménagement urbain, deviennent les bas-fonds de la ville, décrits d'abord comme une cour des miracles pittoresque, puis comme l'abri d'une armée du crime redoutée. C'est cet imaginaire que l'on se propose d'examiner ici, d'une part pour revenir aux racines historiques d'un imaginaire criminel marseillais encore bien vaillant aujourd'hui, d'autre part pour expliquer les logiques de ces représentations saisies dans des dynamiques locales et nationales. Le motif de la cour des miracles reflète les sentiments contradictoires provoqués par les grands travaux urbains, chez une élite locale imprégnée de romantisme. L'armée du crime s'inscrit en revanche dans un imaginaire criminel plus démocratique, qui révèle la cohésion renforcée de l'espace public marseillais et de l'espace public national, autour du projet républicain, au service duquel la lutte contre le crime est un outil d'intégration sociale et d'action politique.
      The Old Quarters of Marseille in the 19th Century : Birth of the Slums Between the 1860s and 1890s, the old quarters of Marseille, islets of the Medieval centre that were left untouched during the major urban development projects, became the slums of the city, described first as a picturesque cour des miracles (‘‘court of miracles''), then as a fearful lair for an army of criminals. This article examines this imagery, in order to trace back to the roots of the image of Marseille criminality that still bears weight today, and to explain the rationales behind these representations grasped as part of local and national trends. The motif of the cour des miracles reflects the contradictory feelings of the local elite under the sway of romanticism, in the wake of major urban renovation works. The army of criminals, however, fits into a more democratic imagery of crime, which reveals stronger cohesion of the Marseille public space and the French national public space, adhering to the Republican project that uses the war on crime as a tool for social integration and political action.
  • Passages et lotissements dans le paris du XIXe siècle

    • Les passages ouverts : La modernité oubliée de Paris capitale - Joëlle Lenoir, Maurizio Gribaudi p. 73-103 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Une lecture esthétisante des travaux de Walter Benjamin et de l'imposante masse de littérature dédiée à la « culture des boulevards », a fait des « galeries » et des « passages couverts », développés au cours de la première moitié du XIXe siècle dans les quartiers bourgeois, les icônes identitaires d'une nouvelle modernité parisienne. En intégrant directement les représentations d'une partie très minoritaire des élites contemporaines, de telles lectures ont contribué à effacer les autres réalités de la ville. Les plus nombreux « passages ouverts » multipliés au cours de la même période dans les quartiers populaires, sont les témoins d'une modernité tout aussi vivante et active mais, depuis, totalement oubliée. L'analyse approfondie des dynamiques démographiques, économiques et sociales qui précèdent et accompagnent l'ouverture d'un de ces passages, permet d'exhumer les traits caractéristiques de cette « autre modernité » : une transformation importante de l'espace local par la densification et la transformation de l'ancien bâti, le renouvellement des formes de production et de commercialisation, le développement de visions et de pratiques de la ville jusqu'alors inédites.
      Open Arcades : the Forgotten Modernity of the Capital of Paris An aesthetic reading of Walter Benjamin's work and of the substantial quantity of literature dedicated to the ‘‘boulevard culture'' has made the ‘‘galleries'' and ‘‘covered arcades'', developed in the first half of the 19th century in bourgeois Paris districts, into icons of a new Parisian modernity. By directly taking on representations of a very small minority of elites of the time, such readings have helped erase the city's other realities. ‘‘Open arcades'' were even more numerous, and multiplied in working-class districts over the same period, testifying to an equally vibrant and active modernity that has since been totally forgotten. Through an in-depth analysis of the demographic, economic, and social trends that preceded and coincided with the opening of one of these arcades, we can exhume the characteristic features of this ‘‘other modernity'' : a substantial transformation of the local space via densification and transformation of old buildings, renewed forms of production and commercialisation, and a development of urban perspectives and practices that were entirely new.
    • La naissance d'une cité ouvrière sous le Second Empire : Le territoire du comte de Madre - Claude Calvarin p. 105-132 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À proximité de la barrière de la Chopinette, encore habitée par des commis de l'Octroi, Adolphe de Madre (1813-1894), un notaire parisien, achète un premier bâtiment sur ses fonds propres en 1852. Cette mise de fonds devient le gage d'un premier emprunt au Crédit Foncier, d'autres suivront au fur et à mesure de l'achat et du lotissement de terrains, essentiellement des jardins maraîchers, et de l'élévation de constructions pour ouvriers. Il achète ainsi 34 000m2 de terrain à différents propriétaires, à proximité de l'hôpital Saint-Louis. Il loue pour 18 ans ses terrains à de petits entrepreneurs, à charge pour eux de construire pour leur usage propre et de sous-louer des maisons qui lui reviennent en fin de bail. Entre 1861 et 1863, il construit ses propres bâtiments. Entrepreneurs et locataires appartiennent à un milieu populaire venu en majorité de province. Madre, imprégné des valeurs des catholiques sociaux, concrétise sa volonté d'entreprendre dans une stratégie du charitable qui le conduit à construire une cité pour des ouvriers méritants. Efficace homme d'affaires, rigoureux gestionnaire, habile homme de loi, il développe son projet sans aucune aide du gouvernement. Il est un des rares à avoir gagné de l'argent tout en étant charitable. À l'inverse de la cité Napoléon, les bâtiments de Madre se fondent dans le bâti avoisinant et quelques-uns, transformés au fil des usages, n'ont pas été détruits ; une récente réhabilitation prolonge leur existence.
      The Birth of a Workers' Housing Project under the Second Empire Near the Chopinette Barrier, which was still inhabited by agents of the Octroi (the Paris city toll barriers), Parisian notary Adolphe de Madre (1813-1894) purchased a building using his own capital in 1852. This investment became collateral for an initial loan from Crédit Foncier, with other loans following thereafter as land plots were purchased and turned into lots (mainly for vegetable gardens) and housing for workers. Thus, Madre purchased 34,000 square metres of land from various owners, near Hôpital Saint-Louis. He let his lands to small entrepreneurs on 18- year leases. These entrepreneurs in turn built houses for themselves and for subletting, and the houses reverted to Madre at the end of the leases. Between 1861 and 1863, Madre had his own buildings built. The entrepreneurs and tenants were mainly from the working classes and the provinces. Madre, a staunch believer in social Catholic values, channelled his desire to become an entrepreneur into a charitable strategy of building housing for deserving workers. An efficient businessman, a strict manager, and a skilful legal expert, Madre developed his project with no governmental aid. He is one of the few to have earned money in a charitable endeavour. Unlike the Cité Napoléon, Madre's buildings do not stand out from surrounding buildings, and some of them, transformed for different uses over time, have not been demolished. A recent rehabilitation project has extended their existence.
  • Chantier de la recherche

  • Note critique

  • Lectures