Contenu du sommaire : Politiques urbaines alternatives (1)

Revue Métropoles Mir@bel
Numéro no 15, 2014
Titre du numéro Politiques urbaines alternatives (1)
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Alterpolitiques! - Vincent Béal, Max Rousseau accès libre
  • Articles

    • A Cleveland model? - Alessandro Coppola accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article montre que la ville de Cleveland offre trois principaux exemples de politiques urbaines alternatives de développement qui sont profondément enracinées dans un contexte de rétrécissement urbain persistant : 1) la mise en place d'une banque foncière visant à assembler des terrains inutilisés pour les réutiliser pour d'autres usages tels que l'agriculture urbaine et la restauration écologique ; 2) la conception d'un programme – l'initiative « Réinventer un Cleveland plus durable » – visant la mise en œuvre de stratégies d'écologisation innovantes par la mobilisation des résidents et des communautés locales ; 3) l'investissement des institutions philanthropiques locales dans le développement économique afin de favoriser la création de coopératives locales opérant sur un marché également local, mais sans se focaliser exclusivement sur les produits et services de « l'économie verte ». Après avoir décrit et discuté ces pratiques, l'article montre que le cas de Cleveland représente une évolution vis-à-vis du modèle antérieur de développement urbain néolibéral, largement mis en œuvre dans la « Rustbelt » des États-Unis. Les principaux éléments de cette nouvelle approche sont les suivants : 1) un nouveau traitement de l'empreinte physique de la ville en lien avec la littérature sur le « smart shrinkage » et le « rightsizing » ; 2) l'acceptation du retour d'une partie des terrains à leur valeur d'usage et à l'écart des circuits de la marchandisation ; 3) le réexamen de la priorité donnée au développement immobilier par la « Community development industry », à travers la formulation d'un ensemble plus diversifié de politiques et de programmes ; 4) l'investissement des acteurs importants de la ville dans les modèles de développement économique alternatifs visant à relocaliser l'économie ; 5) l'importance croissante des objectifs de durabilité sociale et environnementale dans l'expansion des systèmes de production et de distribution alternatifs.
      The paper argues that the case of the city of Cleveland offers three main examples of alternative recent urban development practices that are deeply rooted in the context of persistent urban shrinkage: 1) the establishment of a county land-bank aimed at assembling unused land in order to repurpose it also in the direction of “alternative land uses” such as urban agriculture and ecological restoration; 2) the design of a program – the “Reimagining a more sustainable Cleveland” initiative – aimed at implementing innovative greening strategies through the activation of local residents and communities; 3) the consistent investment of local philanthropic institutions in new economic development efforts aimed at establishing local cooperatives operating on a local market also but not exclusively focusing on “green economy” products and services. Following the description and discussion of these practices, the paper argues that the case of Cleveland represents a consistent shift from previous neoliberal urban development models that have been widely implemented across the urban Rustbelt of the United States. The main elements of this new approach are: 1) a new treatment of the physical footprint of the city that is consistently coherent with the “smart-shrinkage” and “rightsizing” literatures; 2) the acceptance of the return of part of the land to its use-value and away from commodification circuits; 3) the reconsideration of the priority of real-estate development on behalf of the “Community development industry” through the formulation on a more diverse set of policies and programs; 4) the investment of important city actors in alternative economic development models aimed at re-localizing the economy; 5) the increasing relevance of targets of social and environmental sustainability in the expansion of alternative food production and distribution systems.
    • L'habitat participatif en Europe - Sabrina Bresson, Lidewij Tummers accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À partir d'enquêtes de terrain réalisées à Tübingen et Fribourg (Allemagne), Almere (Pays-Bas) et Strasbourg (France), les auteures interrogent le développement de l'habitat participatif en Europe, dans une double perspective, sociologique et urbanistique. L'habitat participatif constitue pour des ménages de classe moyenne une réponse pragmatique face aux difficultés croissantes d'accès au logement. Plus encore, il renouvelle la conception du logement et les rapports à la propriété, à l'environnement urbain, au vivre-ensemble… L'article compare le jeu des acteurs et les contextes dans lesquels les collectivités locales intègrent l'habitat participatif dans leurs politiques urbaines.Après une définition générale de l'objet de la recherche, une présentation des expériences allemandes et néerlandaises met en évidence les différences de stratégies urbaines. Puis l'analyse du mouvement en faveur de l'habitat participatif en France (des premiers projets à l'introduction de la notion dans la loi) permet de comprendre comment les nouveaux modèles de développement urbain se diffusent et sont réinterprétés d'un pays à l'autre, en fonction des facteurs culturels et institutionnels.Les auteures montrent que l'habitat participatif présente pour les collectivités une triple alternative : sociale, en développant la participation citoyenne ; urbaine, en favorisant le renouvellement des quartiers ; et environnementale, en encourageant l'éco-construction. Cependant, certaines questions restent en suspens, notamment celle des effets possibles de gentrification. De même, si l'engagement des citoyens dans la production de la ville ne signifie pas pour autant le retrait des institutions, il faut interroger la capacité des pouvoirs publics à accompagner ces initiatives et à en assurer l'égalité d'accès.
      This paper looks at the growing number of co-housing initiatives in Europe. Co-housing initiatives are more than an answer of middle class families to gain access to the housing market. The design and contract models of co-housing go beyond private property and bring to the urban environment new qualities based on community and ecology. The paper is based on field work in Tübingen and Freiburg (Germany), Almere (Netherlands) and Strasbourg (France), and combines a sociological perspective with planning expertise. The authors compare the efforts of the above mentioned local authorities to integrate co-housing into urban development.The paper first presents a general definition of collaborative housing in different countries. Secondly, it introduces the strategies for urban development in Almere and Tübingen/Freiburg, comparing the ways in which local authorities integrate housing initiatives. Consequently, following the trajectory of co-housing in France from introduction to national law, we look in more depth to how new ideas on urban development travel across borders, and are interpreted in different planning cultures.The conclusions motivate that co-housing may constitute a triple advantage for local authorities in mobilizing participation, enhancing urban quality, and encouraging sustainable, low-energy housing. However, some questions remain to be answered before co-housing can become a tool for sustainable urban development. Development policies need to address the problematic sides of gentrification (push-out effects) and above all: room for citizen's engagement does not mean withdrawal of public bodies, but requires creating and surveying the conditions to ensure equal access to such initiatives for all citizens.
    • Alternative Food Projects, Localization and Neoliberal Urban Development - Pascale Joassart-Marcelli, Fernando J. Bosco accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Des mouvements alternatifs d'alimentation ont émergé ces dernières années en réponse à l'insatisfaction croissante envers le système agro-alimentaire industriel mondialisé. Les chercheurs et les activistes ont plus particulièrement encouragé la relocalisation des systèmes alimentaires comme un moyen de favoriser des objectifs tels que la santé, la justice ou encore le développement durable. Bien qu'un grand nombre de chercheurs considèrent les initiatives alimentaires réduisant les chaînes d'approvisionnement, tels que les marchés de producteurs et les jardins communautaires, comme une forme de résistance contre les pressions capitalistes qui grèvent le système alimentaire, d'autres montrent que celles-ci sont de plus en plus populaires parmi les habitants urbains blancs et à haut revenus. Cette contradiction conduit à interroger l'idée selon laquelle un système alimentaire localisé favorise la démocratie et la justice.Cet article s'appuie sur de récentes recherches en géographie relatives aux notions d'échelle et de gouvernance urbaine afin d'analyser le développement des pratiques alimentaires locales en Californie urbaine du sud, et son rôle dans la résistance aux politiques urbaines néolibérales ou dans leur reproduction de. Nous nous concentrons sur les marchés de producteurs, qui connaissent une croissance exponentielle. Après avoir étudié leur répartition géographique dans le comté de San Diego, nous approfondissons notre analyse sur trois marchés qui illustrent chacun de manière spécifique les relations ambivalentes entre l'urbanisme néolibéral et les systèmes alimentaires dits « alternatifs ». En conceptualisant l'échelle locale comme une stratégie, nous portons une attention particulière aux motivations selon lesquelles les acteurs institutionnels participent aux initiatives alimentaires alternatives et à leur rôle dans la reproduction de divisions sociales de l'espace urbain selon les groupes ethniques et les classes sociales. Notre recherche utilise des données quantitatives et qualitatives, y compris des entretiens avec des acteurs clés dans chaque quartier, afin de décrire l'évolution géographique des pratiques alimentaires « alternatives » et de montrer les contradictions auxquelles les acteurs locaux sont confrontés dans la création d'une ville plus juste.
      Recent years have witnessed the emergence of alternative food movements responding to growing dissatisfaction with the global, industrial, and corporate food system. In particular, scholars and activists have called for a re-localization of food systems as a way to foster health, justice, sustainability and other goals. Although a growing scholarship views food initiatives that shorten supply chains, such as farmers markets and community gardens, as forms of resistance against the capitalist pressures that strain the food system, other researchers provide evidence indicating that these have become increasingly popular among affluent and white urban residents. Such contradiction puts into question the claim that local food will foster democracy and justice. This article builds upon recent geographic research on scale and urban governance to explore the growth of local food practices in urban southern California and their role in resisting, challenging and reproducing neoliberal urban agendas. We focus specifically on farmers' markets, which have grown exponentially. After investigating their geographic distribution in the County of San Diego, we turn our analytical gaze to three markets that uniquely illustrate the ambivalent relationships between neoliberal urbanism and alternative food systems. Conceptualizing the local scale as a strategy, we pay particular attention to the agenda of institutional actors in supporting alternative food initiatives and their role in reshaping cities along the lines of race and class. The research combines quantitative and qualitative data, including interviews of community stakeholders, to map the changing landscape of alternative food practices and the contradictions local actors face in creating a more just city.
    • Entre alternatives et entrepreneurialisme, le renforcement des pouvoirs politiques urbains - Maxime Huré accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article souhaite contribuer aux débats portant sur la conception alternative ou entrepreneuriale des politiques de transports urbains à partir de l'action des élus municipaux en faveur des systèmes de vélos en libre service (VLS) depuis le milieu des années 1960. Il s'agit d'analyser les facteurs politiques qui ont conduit à l'émergence des premiers systèmes de VLS, à leur institutionnalisation et aux tentatives de standardisation de ces dispositifs amorcées par de grandes firmes privées. L'analyse des facteurs politiques dans la fabrique des VLS met en lumière les différents registres de légitimation qu'offrent ces dispositifs aux élus urbains. Elle montre que les élus s'allient à des groupes d'acteurs différents en fonction des opportunités historiques et des contextes territoriaux pour renforcer leur pouvoir et légitimer leur autorité. L'analyse de la dimension politique permet également de réexaminer le rôle des usagers et des mouvements associatifs dans les politiques de mobilité, davantage analysées sous l'angle de leurs contestations. Ce texte propose une grille de lecture stimulante pour penser le développement des alternatives contemporaines en matière de mobilité.
      This article hopes to contribute to debates supporting the alternative or entrepreneurial notion of urban transport policies, beginning with municipal decision makers' policies favouring bike-sharing systems in Europe from the middle of the 1960s. It aims to analyse the political factors that led to the emergence of the first bike-sharing systems, to their institutionalization and to attempts to standardize these plans that were initiated by large private groups. Analyzing political factors in the development of bike-sharing systems sheds light on the various levels of legitimation that these policies offer urban decision makers. They show that decision makers ally themselves with groups of different actors according to historic opportunities and territorial contexts in order to reinforce their power and legitimize their authority. Analysis of the political dimension also allows the role of users and associations in mobility policies to be re-examined, above all in terms of their disagreements. This text proposes a stimulating approach to study the development of contemporary mobility alternatives.
    • How “alternative” alternative urban policies really are? - Wojciech Kębłowski, Mathieu Van Criekingen avec résumé avec résumé en anglais
      Les budgets participatifs sont souvent considérés comme un exemple de dispositif alternatif en matière de politique urbaine, en rupture avec les principes dominants de l'entrepreneurialisme urbain. Malgré sa popularité croissante aux yeux de nombre d'analystes des politiques urbaines, de militants associatifs ou de praticiens, peu de travaux ont cherché à évaluer jusqu'à quel point des pratiques se revendiquant du modèle du budget participatif dans différentes villes présentaient effectivement un caractère “alternatif”. Cet article propose une évaluation critique en ce sens de deux expériences de budgets participatifs menées respectivement à Cordoue, dans le Sud de l'Espagne, et à Sopot, dans le Nord de la Pologne. Cette analyse est appuyée sur une opérationnalisation du concept de “droit à la ville” d'Henri Lefebvre et la mise en regard de celui-ci avec des éléments tirés de la littérature critique sur la participation citoyenne dans les politiques urbaines actuelles. Nos résultats suggèrent que la capacité des budgets participatifs à incarner une alternative à l'entrepreneurialisme urbain est conditionnée par un certain nombre d'aspects complexes. Tandis que l'idée de budget participatif est reprise dans de nombreuses villes de par le monde en tant que référence en matière de politique alternative, les pratiques mises en œuvre en son nom peuvent de fait poursuivre des objectifs et produire des résultats très largement en phase avec les principes de l'entrepreneurialisme urbain.
      In recent years, participatory budgeting has been often regarded as an example of an alternative urban policy experience, detached from the entrepreneurial mainstream. Despite its increasing popularity amongst urban policy analysts, activists and practitioners, however, few works have effectively assessed the actual “alternative” character of policy practices carrying the participatory budgeting label in different urban contexts. This paper engages in such a critical assessment. We first build an analytical framework theoretically informed by Lefebvre's conceptualisation of the “right to the city” as well as by elements put forward in the critical literature on citizens' participation in urban policy-making. We then apply this framework to examine participatory budgeting practices in two different urban contexts, namely Cordoba in Southern Spain and Sopot in Northern Poland. Our findings suggest that the capacity of participatory budgeting to constitute an alternative to urban entrepreneurialism is conditioned by a number of intricate aspects. Although the model travels intensively around the globe as a benchmark for “alternative” policy, the actual practices of participatory budgeting may follow aims and produce results that are in fact to a large extent in tune with urban entrepreneurialism.
  • Débats

    • Beyond entrepreneurial cities - Peter North, Alexander Nurse accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse les caractéristiques d'un urbanisme post-capitaliste susceptible de répondre à l'enjeu du changement climatique tout en offrant une alternative aux stratégies de développement économique pro-croissance, qui sont généralement associées au tournant entrepreneurial des politiques urbaines. Il souligne que les stratégies alternatives de développement qui s'attaquent aux racines du problème climatique manquent de légitimité auprès des élites politiques et économiques. Les débats sur le développement économique des villes s'apparentent, en effet, à des discussions technocratiques et post-politiques centrées sur l'identification de modèles de « croissance verte » susceptibles de réduire les émissions de CO2 tout en générant de nouvelles opportunités économiques. En s'appuyant sur une description des critiques radicales de l'urbanisme néolibéral, cet article plaide pour la mise en place de réponses plus stratégiques à la question climatique, qui seraient fondées sur l'approche de l'« économie de la diversité » et permettraient d'ouvrir un espace de débats pour l'élaboration de politiques urbaines climatiques progressistes qui, bien qu'étant marginales aujourd'hui, semblent contredire l'idée d'une ville post-politique.
      This paper lays out the lineaments of a post-capitalist grassroots urbanism in response to climate change and resource depletion as an alternative to ‘business as usual' economic development strategies focused on growth maximisation associated with the ‘entrepreneurial thesis' of urban management. The paper argues that alternative development strategies that do what radical critics argue is necessary to avoid dangerous anthropogenic climate change lack legitimacy within political and economic elites. Debates about a city's economic development policy are channelled into a technocratic process of identifying models of ‘green growth' that reduces carbon emissions and generates new jobs and business opportunities in ways that some have labelled ‘post-political'. The paper argues that that radical grassroots critics are mounting a challenge to neoliberal conceptions of entrepreneurial urbanism and develops a manifesto for what a more strategic urban response to climate change might look like which draws on ‘diverse economies' perspectives, and which opens up a contested political space for a progressive urban politics of resource crises and climate change. While these ideas are presently underdeveloped, their existence means that debates about sustainable development cannot be dismissed as uniformly post-political.
  • Recensions