Contenu du sommaire

Revue Métropoles Mir@bel
Numéro no 19, 2016
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • La démocratie participative dans les politiques culturelles métropolitaines : quel changement dans la conduite des politiques publiques ? - Pierre Miglioretti accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Si la participation fait désormais partie des impératifs de l'action publique, il est important d'analyser la confrontation de cette injonction avec certaines politiques publiques sectorielles. La construction des politiques publiques de la culture a pu osciller entre volontarisme et éloignement vis-à-vis de la participation. Elle pose de ce fait singulièrement la problématique de l'adaptation à cette injonction globale. Les contextes locaux présentent quant à eux aussi une influence forte sur la mise en œuvre des dispositifs participatifs. Ceux-ci ne peuvent ainsi être compris que dans leur encastrement avec les politiques publiques ordinaires. Ces dernières, désormais de plus en plus soumises au niveau local à des formes de territorialisation, inscrivent les dispositifs participatifs dans une même finalité d'instrument de développement local.
    As participation is certainly now part of the imperatives of public action, it is essential to analyse how this injunction is confronting with some sector-specific public policies. The way the cultural policies have been built with some ambivalence regarding the issue of participation especially raises the question of the adjustment to this overall dictate. Meanwhile, the local contexts have a strong influence on the implementation of these mechanisms. They can only be analysed in the way they are connected to the day-to-day public policies. These ones more and more subjected at the local level to forms of territorialization are incorporating the participatory mechanisms in the same end of being tools for the local development.
  • La « parole des habitants » sous contrôle ? Compétition politique et participation citoyenne à Besançon et à Strasbourg - Virginie Anquetin, Cécile Cuny accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article s'intéresse à la manière dont la parole citoyenne est configurée par les rapports de compétition politique à l'échelle locale. Dans quelle mesure la compétition politique exerce-t-elle des contraintes sur la « parole citoyenne » issue des arènes participatives ? À travers quels mécanismes ces contraintes s'exercent-elles ? Dans quelle mesure ces mécanismes varient-ils d'une configuration sociopolitique à l'autre ? L'article répond à ces questions à partir d'une comparaison entre les politiques de « démocratie participative » menées à Strasbourg et Besançon, deux villes dirigées par un maire PS à la tête d'une alliance entre listes socialiste et écologiste pendant la mandature 2008-2014.
    This article deals with the impact of local political competition on participatory democracy. To what extent does political competition at local level shapes the production of ‘citizen participation' in participatory arenas? What are the mechanisms through which the ‘citizen participation' is framed or controlled by local representatives? To what extent do the political constraints on participatory democracy vary across different socio-political and institutional configurations? We suggest an answer to these questions on the basis of a comparison between participatory politics in Besançon and Strasbourg in 2008-2014.
  • La métropolisation contre la métropole ? Réflexion sur la gouvernance « stratégique » du Grand Londres à partir du cas des zones d'opportunité - Martine Drozdz avec résumé avec résumé en anglais
    L'ouverture des systèmes d'acteurs qui accompagne la construction de la gouvernance métropolitaine se produit dans une situation paradoxale (Lefèvre, 2009). Chargés de coordonner l'action des collectivités pour réduire la fragmentation sociale et institutionnelle, les gouvernements métropolitains semblent manquer d'une capacité d'action suffisante pour mener à bien ces missions. Le Grand Londres (GLA – Greater London Authority), institution responsable de l'aménagement stratégique de la capitale britannique depuis une quinzaine d'années, illustre en partie cette situation. Chargée d'assurer la cohésion sociospatiale et la compétitivité de la capitale, le maire et l'assemblée de Londres souffrent néanmoins d'une autonomie limitée vis-à-vis des collectivités locales qui composent la région urbaine, du gouvernement central et des acteurs privés. Face à l'impossibilité de mobiliser les collectivités limitrophes, l'action de la GLA dans le champ de l'aménagement urbain s'est concentrée sur le cœur de la capitale où elle prend part au pilotage des périmètres prioritaires de la régénération, les zones d'opportunité. Initialement conçus comme le moteur de politiques progressistes, ces grands projets ont suscité une vague de critiques lors des débats publics du London Plan. En nous appuyant sur une analyse originale des résultats du recensement de 2011 et sur une enquête menée auprès des acteurs publics locaux et métropolitains, nous montrons que cette politique a permis de catalyser les flux d'investissements immobiliers vers des espaces peu valorisés dans les décennies précédentes, mais qu'elle a également eu pour effet d'exclure les groupes sociaux les moins bien lotis et de renforcer la fragmentation socio-spatiale dans le centre de la capitale. Nous soutenons que cette réorientation s'explique moins par l'alternance politique à la tête de la mairie depuis 2008 que par la configuration institutionnelle qui préside à la gouvernance des grands projets. Finalement, il semble que ce soit l'agenda de la métropolisation entendue au sens de la concentration des investissements les plus rentables pour la promotion immobilière qui a finalement dominé dans les projets d'intérêt métropolitain, aux dépens de celui de la construction d'une entité politique capable de lutter contre la fragmentation socio-spatiale de la capitale.
    The expansion of actors networks during the construction of metropolitan governance occurs in a paradoxical situation (Lefevre, 2009). Responsible for coordinating the action of local authorities in order to reduce social and institutional fragmentation, metropolitan governments seem to lack sufficient capacity for action to carry out these missions. The case of the Greater London Authority (GLA), responsible for strategic development in the British capital for the last fifteen years, partly illustrates this situation. In charge of ensuring the socio-spatial cohesion and competitiveness of the capital, the Mayor and the London Assembly nevertheless suffer from limited autonomy vis-à-vis local authorities that make up the functional urban region, central government and private actors. Unable to coerce the communities adjacent to the territory of Greater London to realise its policies, the GLA focuses its planning efforts on the heart of the capital where the majority of large urban projects are produced, inside designated ‘opportunity areas'. Originally designed as engines of progressive policies, these major projects have sparked a wave of criticism during the Examination in Public of the London Plan, the reference document which describes the regional planning strategy of the GLA. Drawing on an original analysis of the results of the 2011 census and a survey conducted among key actors in local and metropolitan authorities, we show that this policy has helped to catalyze flows of investment into areas that were undervalued in previous decades but it also had the effect of excluding the less well-off social groups and strengthened the socio-spatial fragmentation in the centre of the capital. We argue that this shift can be explained by the institutional configuration which governs the implementation of large urban projects more than by the political changeover at the head of the mayoral office since 2008. In total, it seems to be the agenda promoting the concentration of the most profitable real estate investments that has eventually dominated in projects of metropolitan interest, at the expense of the construction of a political entity capable of alleviating the socio-spatial fragmentation of the capital.
  • Une financiarisation si discrète ? La circulation des standards de la filière d'investissement en immobilier tertiaire dans les politiques de développement urbain du Grand Lyon - Antoine Guironnet accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les études urbaines françaises demeurent relativement discrètes sur le processus de financiarisation de la production des espaces urbains. Cette situation est paradoxale au regard de l'arrivée d'acteurs et la diffusion d'outils de la finance de marché dans plusieurs segments urbains (infrastructures, immobilier non résidentiel) dans les années 1990, et du poids de ces secteurs dans l'aménagement. L'objectif de l'article est de démontrer l'intérêt de prendre en compte les acteurs de la filière d'investissement immobilier locatif (gestionnaires d'actifs, promoteurs, commercialisateurs) dont l'activité s'articule autour de la production d'actifs immobiliers « quasi financiers » pour éclairer les politiques et projets de développement urbains. Pour cela, il revient sur le cas de l'agglomération lyonnaise à travers une enquête sur le projet du Carré de Soie et le Schéma d'accueil des entreprises du Grand Lyon. Le renforcement de l'approche du développement économique par l'immobilier au cours des années 2000 contribue à redoubler la circulation des attentes des gestionnaires d'actifs. Celles-ci ne sont plus seulement anticipées par les promoteurs, mais aussi appropriées par les services communautaires de développement économique au fur et à mesure de leur rapprochement cognitif et organisationnel avec les acteurs locaux de la filière. Or ces attentes sélectives pèsent sur l'aménagement urbain en termes de localisation et de standardisation des programmes immobiliers et de la sélection de leurs occupants. Nous revenons en conclusion sur le concept de financiarisation, en esquissant les modalités d'une approche d'économie politique urbaine pour saisir les recompositions des rapports de pouvoir entre gouvernements urbains et gestionnaires d'actifs à mesure de leur entrée dans l'urbain.
    In France, the concept of financialisation has stayed at the edges of urban studies. This situation is paradoxical given the rise of financial investors and the spread of market finance-based techniques in multifarious parts of the built environment (infrastructures, commercial property) in the 1990s, and the contribution of these sectors to urban redevelopment. Against this background, the article argues for accounts cognisant of the actors from the commercial property investment industry (financial investors, developers, brokers), whose business corresponds to the production of “quasi-financial assets”, in order to analyse urban development projects and policies. The Lyon city-region is thus reexamined through a case-study of the Carré de Soie large-scale regeneration project and the Schéma d'Accueil des Entreprises, both undertaken by the metropolitan authority (Grand Lyon). Its recent property-led economic policy has contributed to further the circulation of financial investors' expectations, which are not only preempted by property developers. The metropolitan authority has also gradually integrated them as its economic development staff has became more acquainted with the regional actors of the industry. Yet these selective expectations bear upon urban redevelopment through the location and standardisation of commercial properties, and the selection of their tenants. In conclusion the article discusses the concept of financialisation by sketching an urban political economy approach to study the restructuring of power relationships between city governments and financial investors based on their rise in the urban built environment.
  • Gouverner la ville avec des milieux « communautaires ». Construction et légitimation des « communautés » gagnantes dans l'espace public marseillais - Cesare Mattina accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La célébration du melting-pot, du cosmopolitisme marseillais et de « communautés » coexistant de manière pacifique est devenue dans les années 1990 et 2000 un puissant véhicule de représentations sociales au travers des médias locaux, nationaux et étrangers, de la littérature, des musiques et des disciplines artistiques, des institutions politiques, du discours commun, ainsi que des sciences sociales. Selon ces discours, il y aurait donc à Marseille des « communautés » dont la construction sociale en tant qu'entités coexistant pacifiquement serait le corollaire naturel d'un supposé cosmopolitisme. Cette invention du cosmopolitisme marseillais et des « communautés » sous leur forme pacificatrice et consensuelle cache néanmoins le fait que les « communautés » ne sont pas toutes construites et légitimées de la même manière par les acteurs associatifs-communautaires, et ne reçoivent pas toutes les mêmes avantages ni la même reconnaissance de la part des autorités politico-institutionnelles.
    The celebration of the melting pot and cosmopolitanism of Marseilles and "communities" coexisting peacefully became in the 1990s and 2000s a powerful vehicle of social representations through the local, national and foreign media, literature, music and artistic disciplines, political institutions, the common discourse, and social sciences. According to these words, so there would be in Marseille "communities" whose statement of their peaceful coexistence would be the natural complement cosmopolitanism. The invention of the Marseilles cosmopolitanism and "communities" in their peacemaking and consensual form conceals however that all the "communities" are not constructed and legitimated in the same way by association-community actors and do not receive the same benefits and recognition by political and institutional authorities.
  • Recensions