Contenu du sommaire : Parcs nationaux de montagne et construction territoriale des processus participatifs

Revue Revue de Géographie Alpine Mir@bel
Numéro vol. 98, no 1, 2010
Titre du numéro Parcs nationaux de montagne et construction territoriale des processus participatifs
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Préface - Lionel Laslaz accès libre
  • Preface - Lionel Laslaz accès libre
  • Formes, acteurs et enjeux de la participation dans la genèse du Parc national des Cévennes (1950-1970) - Karine-Larissa Basset accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les paradigmes successifs de la sociologie française ont construit une représentation de l'évolution de la participation environnementale qui tend à opposer la période « écocitoyenne » actuelle à celle des Trente Glorieuses, marquée à la fois par une adhésion massive à l'élan modernisateur et par une gestion étatique autoritaire des contestations. La récente réforme de la législation française sur les Parcs nationaux paraît exemplaire de cette évolution. Nous proposons cependant de réexaminer la période 1950-1970, qui fut fondatrice des Parcs nationaux, à la lumière de l'expérience historique, longue et complexe, de l'invention du Parc national des Cévennes. L'expérience cévenole, caractérisée par une implication forte des acteurs locaux, permet en effet de nuancer une périodisation et une perception parfois trop rigides de l'évolution des modes de participation. Par ailleurs, les modalités singulières de cette dynamique participative - en particulier l'importance des individus et des relations interpersonnelles - incitent à davantage intégrer dans l'analyse des questions de « gouvernance » certaines catégories subjectives, ainsi que la capacité interprétative des acteurs.
    The successive paradigms of French sociology have constructed a representation of the evolution of environmental participation that tends to contrast the so-called current « eco-citizen » phase, with a 1950-1970 phase which supposedly witnessed both a massive public adhesion to modernisation trends, and an authoritarian management by the State of diverging views. The recent reform of the French legislation on National parks is highly representative of this evolution. However, we here propose to revisit the 1950-1970 period, when most National parks were created, by focussing on the long and complex history of the “invention” of the Cévennes National Park. It actually appears that the Cévennes experience was characterised by a heavy involvement of local stakeholders, which may help moderate our sometimes too rigid perception of the evolution of participation levels. Moreover, the specificities of this participatory dynamics - and especially the importance of key individuals and interpersonal relations - should encourage us to better integrate in our analysis of governance matters some subjective aspects, as well as the interpretative capacity of the stakeholders.
  • Forms, stakeholders and challenges of participation in the creation of the Cevennes National Park (1950-1970) - Karine-Larissa Basset accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les paradigmes successifs de la sociologie française ont construit une représentation de l'évolution de la participation environnementale qui tend à opposer la période « écocitoyenne » actuelle à celle des Trente Glorieuses, marquée à la fois par une adhésion massive à l'élan modernisateur et par une gestion étatique autoritaire des contestations. La récente réforme de la législation française sur les Parcs nationaux paraît exemplaire de cette évolution. Nous proposons cependant de réexaminer la période 1950-1970, qui fut fondatrice des Parcs nationaux, à la lumière de l'expérience historique, longue et complexe, de l'invention du Parc national des Cévennes. L'expérience cévenole, caractérisée par une implication forte des acteurs locaux, permet en effet de nuancer une périodisation et une perception parfois trop rigides de l'évolution des modes de participation. Par ailleurs, les modalités singulières de cette dynamique participative - en particulier l'importance des individus et des relations interpersonnelles - incitent à davantage intégrer dans l'analyse des questions de « gouvernance » certaines catégories subjectives, ainsi que la capacité interprétative des acteurs.
    The successive paradigms of French sociology have constructed a representation of the evolution of environmental participation that tends to contrast the so-called current « eco-citizen » phase, with a 1950-1970 phase which supposedly witnessed both a massive public adhesion to modernisation trends, and an authoritarian management by the State of diverging views. The recent reform of the French legislation on National parks is highly representative of this evolution. However, we here propose to revisit the 1950-1970 period, when most National parks were created, by focussing on the long and complex history of the “invention” of the Cévennes National Park. It actually appears that the Cévennes experience was characterised by a heavy involvement of local stakeholders, which may help moderate our sometimes too rigid perception of the evolution of participation levels. Moreover, the specificities of this participatory dynamics - and especially the importance of key individuals and interpersonal relations - should encourage us to better integrate in our analysis of governance matters some subjective aspects, as well as the interpretative capacity of the stakeholders.
  • L'écodéveloppement participatif en question - Lucie Dejouhanet accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Si les politiques forestières indiennes ont évolué d'un paradigme directif à un paradigme participatif, les aires protégées sont encore gérées par des textes de loi qui privilégient la séparation entre activités humaines et espaces à protéger. L'écodéveloppement, soutenu par la Banque Mondiale, se voulait un moyen de favoriser des activités alternatives à l'exploitation des ressources et de faire participer les populations à la protection de leur environnement. Lancé en 2001 dans la réserve naturelle de Parambikulam au Kérala, ses résultats quelques années après sont peu concluants. Alors qu'un rapport de 2003 accuse le délitement social des populations concernées, cet article insiste davantage sur l'inadaptation des projets des comités d'écodéveloppement au contexte des villages ; le cliché essentialiste attaché aux populations adivasi constitue une vision a-historique qui ne permet pas de penser le développement aujourd'hui. L'écodéveloppement, s'il veut atteindre ses objectifs, doit permettre une réelle négociation entre acteurs des aires protégées et proposer des compromis réalistes entre limitation des activités et survie des populations.
    While Indian forest policies have evolved from a directive paradigm to a participative one, protected areas are still managed by legislative acts, which advocate a clear separation between human activities and areas to be protected. Eco-development financed by the World Bank was planned as a tool for developing alternative activities to resource exploitation and for involving local populations in environment protection through participation. Started in 2001 in the Wildlife Sanctuary of Parambikulam in Kerala, its results few years after are rather inconclusive. While a report in 2003 was accusing the social disintegration of concerned people, I am more stressing on the inappropriateness of EDC to villages' context. The essentialist cliché attached to adivasi people is an a-historical viewpoint, which does not allow thinking local development today. Eco-development, for reaching its goals, has to permit a real negotiation between protected area actors and to propose realistic compromises between restraining activities and allowing population survival.
  • Participatory eco-development in question: - Lucie Dejouhanet accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Si les politiques forestières indiennes ont évolué d'un paradigme directif à un paradigme participatif, les aires protégées sont encore gérées par des textes de loi qui privilégient la séparation entre activités humaines et espaces à protéger. L'écodéveloppement, soutenu par la Banque Mondiale, se voulait un moyen de favoriser des activités alternatives à l'exploitation des ressources et de faire participer les populations à la protection de leur environnement. Lancé en 2001 dans la réserve naturelle de Parambikulam au Kérala, ses résultats quelques années après sont peu concluants. Alors qu'un rapport de 2003 accuse le délitement social des populations concernées, cet article insiste davantage sur l'inadaptation des projets des comités d'écodéveloppement au contexte des villages ; le cliché essentialiste attaché aux populations adivasi constitue une vision a-historique qui ne permet pas de penser le développement aujourd'hui. L'écodéveloppement, s'il veut atteindre ses objectifs, doit permettre une réelle négociation entre acteurs des aires protégées et proposer des compromis réalistes entre limitation des activités et survie des populations.
    While Indian forest policies have evolved from a directive paradigm to a participative one, protected areas are still managed by legislative acts, which advocate a clear separation between human activities and areas to be protected. Eco-development financed by the World Bank was planned as a tool for developing alternative activities to resource exploitation and for involving local populations in environment protection through participation. Started in 2001 in the Wildlife Sanctuary of Parambikulam in Kerala, its results few years after are rather inconclusive. While a report in 2003 was accusing the social disintegration of concerned people, I am more stressing on the inappropriateness of EDC to villages' context. The essentialist cliché attached to adivasi people is an a-historical viewpoint, which does not allow thinking local development today. Eco-development, for reaching its goals, has to permit a real negotiation between protected area actors and to propose realistic compromises between restraining activities and allowing population survival.
  • Le Ladakh, royaume du développement durable ? - David Goeury accès libre avec résumé
    Avec 15 000 km² d'aires protégées, le Ladakh est devenu un haut lieu de la protection de la biodiversité en Inde. Localement ont été élaborées des procédures spécifiques de préservation. Les élites locales qui contestaient les principes de la hard law indienne ont bénéficié des initiatives de nombreuses ONG et proposent désormais un modèle de protection alternatif. Certains grands mammifères emblématiques comme le léopard des neiges ont permis de légitimer cette politique qui s'appuie sur la participation des populations locales et non sur leur éviction à la périphérie d'espaces sanctuaires. Les aires protégées intègrent alors un projet identitaire ladakhi de distinction vis-à-vis du pouvoir régional cachemiri.
  • Ladakh, kingdom of sustainable development? - David Goeury accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Avec 15 000 km² d'aires protégées, le Ladakh est devenu un haut lieu de la protection de la biodiversité en Inde. Localement ont été élaborées des procédures spécifiques de préservation. Les élites locales qui contestaient les principes de la hard law indienne ont bénéficié des initiatives de nombreuses ONG et proposent désormais un modèle de protection alternatif. Certains grands mammifères emblématiques comme le léopard des neiges ont permis de légitimer cette politique qui s'appuie sur la participation des populations locales et non sur leur éviction à la périphérie d'espaces sanctuaires. Les aires protégées intègrent alors un projet identitaire ladakhi de distinction vis-à-vis du pouvoir régional cachemiri.
    With some 15,000 km² of protected areas, Ladakh has become synonymous with biodiversity protection in India. Specific regulations have been drawn up for the region to ensure preservation of the natural environment. Local officials who contested the principles of India's hard law have benefited from the initiatives of numerous NGOs and have developed an alternative model for protecting the environment. Certain large emblematic mammals like the snow leopard have enabled the legitimisation of a policy that is based on the participation of local inhabitants rather than on their eviction to areas outside the sanctuaries. The protected areas have thus become an element of a Ladakhi identity project that distinguishes the region with respect to Kashmiri regional power.
  • Conflits et coopérations en territoire montagnard Mapuche (Argentine) - Renaud Miniconi, Sylvain Guyot accès libre avec résumé
    La question des autochtones est devenue, durant les deux dernières décennies, une préoccupation majeure dans différents pays du monde, comme en Argentine où environ 600 000 individus se reconnaissent comme tels, soit 1,5 % de sa population totale. Toutefois, ces populations sont encore trop souvent marginalisées à l'échelle de certaines régions, comme c'est le cas pour les Mapuche du Parc National Nahuel Huapi, situé dans les provinces du Rio Negro et de Neuquén. Si les textes internationaux et parfois nationaux réhabilitent certains droits humains essentiels de ces populations, les réalités locales sont plus contrastées, du fait d'intérêts souvent divergents des acteurs régionaux. Dans le contexte particulier d'une Argentine marquée par des difficultés d'accès à la propriété foncière pour une large part de la population, les parcs nationaux se révèlent être des outils pertinents, pour les populations autochtones, de recouvrement de leurs terres ancestrales, grâce en particulier aux processus de co-gestion participative mise en place sur ces territoires.
  • Conflicts and cooperation in the mountainous Mapuche territory (Argentina) - Renaud Miniconi, Sylvain Guyot accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La question des autochtones est devenue, durant les deux dernières décennies, une préoccupation majeure dans différents pays du monde, comme en Argentine où environ 600 000 individus se reconnaissent comme tels, soit 1,5 % de sa population totale. Toutefois, ces populations sont encore trop souvent marginalisées à l'échelle de certaines régions, comme c'est le cas pour les Mapuche du Parc National Nahuel Huapi, situé dans les provinces du Rio Negro et de Neuquén. Si les textes internationaux et parfois nationaux réhabilitent certains droits humains essentiels de ces populations, les réalités locales sont plus contrastées, du fait d'intérêts souvent divergents des acteurs régionaux. Dans le contexte particulier d'une Argentine marquée par des difficultés d'accès à la propriété foncière pour une large part de la population, les parcs nationaux se révèlent être des outils pertinents, pour les populations autochtones, de recouvrement de leurs terres ancestrales, grâce en particulier aux processus de co-gestion participative mise en place sur ces territoires.
    Over the past two decades, indigenous issues have become a major concern for different countries all over the world. Argentina is one of these countries, with 600 000 people who recognize themselves as indigenous, representing 1.5% of the nation's entire population. Nevertheless, these populations are still too often marginalized on a regional scale. This is the case for the Mapuche in the Nahuel Huapi National Park, located in the two provinces of Rio Negro and Neuquén. Even though both international and some national texts rehabilitate essential human rights for these populations, local realities are more contrasted due to regional stakeholders' divergent interests. In the particular context of Argentina, where a large part of the population faces problems gaining access to land, national parks have emerged as a relevant tool for indigenous peoples to recover their ancestral lands, especially thanks to a new process taking place in these territories: co-management.
  • Participation et gestion dans les parcs nationaux de montagne : approches anglo-saxonnes - Stéphane Héritier accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'implication du public est devenue l'un des éléments clé des politiques de conservation dans le monde. Cet article a pour objectif de proposer une analyse générale dans quatre pays ayant établi des parcs nationaux de manière très précoce, souvent en opposition avec les populations locales ou autochtones. Depuis les années 1970, la participation publique est devenue une pratique commune dans la gestion des parcs nationaux, même si elle revêt des réalités très variables. Cet article analyse les tendances générales de la participation (notamment au niveau des dispositifs) dans les pratiques de gestion des parcs nationaux, qui sont généralement considérées comme des réussites en termes de pratiques politiques ou de gouvernance et qui sont souvent présentées comme des modes d'élaboration de démocratie délibérative. L'analyse utilisant les différents niveaux scalaires tend à montrer au contraire que les dispositifs de participation publique peuvent aussi fragmenter les parties prenantes et rendre plus difficile la constitution efficace d'une coalition d'acteurs.
    Public involvement has become a key concept in conservation management worldwide. This paper intends to give an overview on four countries known to have established national parks for over a century, and often in clearing the land from previous ‘indigenous' or local occupation. Since the seventies, public participation has become a common practice in parks' management, even if reality does not fit always perfectly with theory. The paper analyses general trends of public participation in parks management practices, which are most often considered as a successful governance policies by most authors, and is also considered as a way to build participative democracy. The analysis using the level of scale intends to show that public participation can also fragment the stakeholders, making really difficult the emergence of any efficient coalition of stakeholders.
  • Public Participation and Environmental management in Mountain National Parks - Stéphane Héritier accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'implication du public est devenue l'un des éléments clé des politiques de conservation dans le monde. Cet article a pour objectif de proposer une analyse générale dans quatre pays ayant établi des parcs nationaux de manière très précoce, souvent en opposition avec les populations locales ou autochtones. Depuis les années 1970, la participation publique est devenue une pratique commune dans la gestion des parcs nationaux, même si elle revêt des réalités très variables. Cet article analyse les tendances générales de la participation (notamment au niveau des dispositifs) dans les pratiques de gestion des parcs nationaux, qui sont généralement considérées comme des réussites en termes de pratiques politiques ou de gouvernance et qui sont souvent présentées comme des modes d'élaboration de démocratie délibérative. L'analyse utilisant les différents niveaux scalaires tend à montrer au contraire que les dispositifs de participation publique peuvent aussi fragmenter les parties prenantes et rendre plus difficile la constitution efficace d'une coalition d'acteurs.
    Public involvement has become a key concept in conservation management worldwide. This paper provides an overview of the situation in four countries where national parks have been established for over a century, and where their creation often involved clearing the land of earlier indigenous settlements. Since the 1970s, public participation has become common practice in park management, even though such participation has taken on a variety of forms. The paper analyses the general trends in public participation in park management practices, participation that most authors consider has contributed to successful governance policies and helped build participative democracy. Analyses at different levels, however, reveal that public participation can also divide stakeholders, making it really difficult for any effective coalition of stakeholders to emerge.