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Revue Annales de géographie Mir@bel
Numéro no 720, 2018/2
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Comparer la dimension spatiale des luttes urbaines. Analyse critique des mobilisations contre la gentrification à San Francisco (États-Unis) et contre la prédation immobilière à Valparaíso (Chili) - Florian Opillard p. 115-144 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cette contribution propose d'expliciter les conditions théoriques et pratiques qui rendent possible la comparaison des luttes urbaines dans des contextes géographiques distincts, dans le cas présent les villes de San Francisco et de Valparaíso. Ces luttes urbaines sont caractérisées par des objets et des formes d'actions collectives distincts. Elles sont analysées à partir des outils de la géographie sociale, aidée de la sociologie pour en distinguer les spatialités. Ainsi, une première étape d'explicitation de la comparaison situe ses conditions de possibilité dans les formes de réflexivité et d'engagement du chercheur sur ses terrains de recherche. Cette comparaison interroge dans un second temps la construction des objets des luttes, en lien avec l'analyse des contextes plus larges qui leur font prendre forme. Elle met en avant la constance des luttes contre la dépossession au fondement des mobilisations urbaines. Enfin, les contextes propres à ces actions collectives sont approfondis à partir de la comparaison des controverses spatiales locales, qui constituent un outil pertinent d'analyse du positionnement des acteurs en lien avec la dimension spatiale des objets contestés. Ces controverses apparaissent enfin comme le moment privilégié de l'observation des processus de territorialisation liés aux mobilisations des habitant.e.s.
    This paper intends to shed light on the theoretical and practical ways in which the comparison of urban struggles in distinct contexts can be conducted, in this case San Francisco (United-States) and Valparaíso (Chile). These urban struggles, which encompass distinct subjects and repertories of contention, are analyzed through the lens of social geography and sociology, to highlight their spatial dimensions. As a first step, the conditions for making the comparison possible lay within the researcher's reflexivity and engagement while doing fieldwork. This contribution then analyses the subjects at the centre of struggles and the way that contexts shape them. It emphasizes the consistency of anti-dispossession motives in the actors' discourses and actions. Finally, while going deeper into the cases studied, spatial controversies appear as both an analytical concept and a practical way to elaborate on the actors' positions in relation to the spatial dimension of the subjects of contestation. In the controversies, people's mobilization around the systems of municipal regulation stands out as particularly interesting cases of territorialization processes.
  • Une expérience de planification urbaine postcoloniale : le cas des villes nouvelles indiennes (1947-1991) - Anna Dewaele p. 145-168 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le présent article propose d'analyser le motif de la ville nouvelle pour questionner les inflexions de la planification urbaine publique dans le contexte indien. L'acte de fondation d'une ville nouvelle est emblématique de l'intervention de la puissance publique dans le domaine urbain. Parce qu'elle est présentée comme une table rase par les bâtisseurs, la ville nouvelle fonctionne par ailleurs comme un miroir grossissant des politiques de planification urbaine. L'Inde postcoloniale est un cadre privilégié de développement de villes nouvelles. L'analyse des cas d'étude de Chandigarh, Gurgaon, Navi Mumbai et Salt Lake City permet de mettre en lumière la transformation des programmes d'urbanisation, des échelles d'intervention ainsi que du niveau d'investissement des acteurs publics dans les décennies qui suivent l'Indépendance. L'essai critique de généalogie urbaine des villes nouvelles indiennes offre en définitive un éclairage nouveau sur les projets de fondation contemporains, notamment la Smart City Mission lancée en 2015.
    The paper questions the development of new towns in postcolonial India in order to analyse the transformations of urban planning. Because new towns are supposed to constitute a tabula rasa, they can be understood as a showcase of urban planning politics. Several new towns were developed in India after Independence. The analysis of successive kinds of greenfield developments highlights the transformations of urban policies, scales of urban planning and urban stakeholders in postcolonial India. Based on critical typologies and in-depth studies of various new towns, the paper aims to build an analytical framework for a better understanding of the contemporary foundations.
  • Accéder à un espace à soi. Contraintes de genre, luttes de classement et résistances en situation administrative précaire - Joanne Le Bars p. 169-191 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article se propose d'interroger à partir de quatre « cas » la trajectoire résidentielle et la construction d'un chez-soi dans l'agglomération parisienne de femmes sans-papiers parties seules en France. Il souhaite montrer les variables sociales discriminantes de ces trajectoires résidentielles, de la construction d'un chez-soi et comment les rapports de genre, classe et « race » se forgent au quotidien, dans et par l'habitation, et participent à la définition de la position sociale de ces femmes.
    This paper deals with housing trajectories and fighting to find a home among undocumented women who have migrated alone to the Paris region. It sheds light on the social differentiation between these women, their housing trajectories and their desires for a home. Factors regarding gender, class and “race” are shown to intermingle daily in and through the home to help define the social position of these women.
  • La ville cachée : pratiques et stratégies des acteurs de l'urbain dans la diffusion des complexes fermés à Johannesburg - Karen Lévy p. 192-218 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La multiplication à grande échelle de complexes résidentiels fermés et sécurisés d'entrée de gamme est particulièrement prégnante dans le Gauteng et en Afrique du Sud en général. Fondées sur une financiarisation ordinaire des ménages et un rapport à l'anxiété de ces derniers tant pour la sécurité des biens et des personnes que pour la pérennité d'un investissement, ces gated communities d'un nouveau genre participent à la transformation sociale sans précédent de la métropole et à la construction d'une classe moyenne via l'accès au crédit bancaire, notamment pour les citadins qui quittent les townships. Les relations banques-promoteurs immobiliers et le rôle des promoteurs dans l'orientation de leur clientèle en fonction de ce qu'ils imaginent être des parcours résidentiels types, apportent un nouvel éclairage sur les raisons du succès hégémonique de ces complexes fermés. L'analyse croisée de trois types de regard, celui des acteurs privés de la ville, celui des habitants et celui de la collectivité, met en lumière la complexité des mécanismes en jeu et donne une vision transversale des logiques économiques de cet objet multiforme.
    The large-scale proliferation of enclosed and secured entry-level residential complexes, where the emerging middle classes settle, is particularly prominent in Gauteng and South Africa in general. These gated communities of a new kind are based on the financialization of households thanks to loans and their residents relationship with anxiety, both for the security of goods and people and for the sustainability of their investment. Via these dynamics, they contribute to an unprecedented social transformation of the metropolis and the construction of a middle class through access to bank credit, especially for city dwellers who leave the townships. The relationship between banks and developers and the role of developers in orienting their clientele towards what they imagine to be an aspirational residential experience reveal the reasons for the hegemonic success of these closed complexes. By cross-analysing the perspectives of urban private actors, residents and communities, we can highlight the complexity of the mechanisms involved, as well as a transverse vision of the economic strategies behind this multifaceted development.
  • Comptes rendus - p. 219-222 accès libre