Contenu du sommaire : L'énergie en Afrique : les faits et les chiffres

Revue Afrique Contemporaine Mir@bel
Numéro no 261-262, 2017/1-2
Titre du numéro L'énergie en Afrique : les faits et les chiffres
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial - Vincent Foucher p. 5-6 accès libre avec indexation
  • L'énergie en Afrique : les faits et les chiffres

    • L'énergie en Afrique : les faits et les chiffres. Introduction - Roberto Cantoni, Marta Musso p. 9-23 accès libre avec indexation
    • La réforme du secteur de l'électricité au Ghana et en Tanzanie : Rapports de pouvoir, diffusion du savoir et appropriation - Oliver Johnson p. 25-48 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Aujourd'hui encore, les infrastructures électriques en Afrique sont inefficaces, peu fiables et inéquitablement réparties – une réalité qui explique les déclarations théoriques appelant à d'indispensables réformes. Mais il est difficile de dire si ces nouveaux discours intègrent ou non l'histoire en dents de scie des réformes du secteur de l'électricité du continent. Cet article éclaire les trajectoires actuelles de développement en tirant les enseignements des réformes menées dans les années 1990 et 2000 au Ghana et en Tanzanie. L'auteur analyse l'influence de la réforme du secteur de l'électricité sur les processus économiques engagés dans ces deux pays, ainsi que leurs limites. Il examine les rapports de force en termes de pouvoir, de savoir et d'appropriation entre la Banque mondiale, qui a financé et promu les réformes, les gouvernements bénéficiaires, qui les ont mises en œuvre, et les entreprises publiques concernées, souvent rétives à leur introduction.
      Electricity infrastructure remains inefficient, unreliable and inequitably distributed in Africa today – a fact that explains the theoretical declarations calling for indispensable reforms. And yet it is difficult to say whether this new discourse has considered the history of uneven reforms to the electricity sector on the continent. This article sheds light on current development trends by drawing lessons from reforms conducted in the 1990s and 2000s in Ghana and Tanzania. The author analyses the influence of electricity sector industry reform on the economic processes at work in both countries, as well as their limitations. He examines the power dynamics at play in terms of power, knowledge and appropriation between the World Bank, which funded and promoted the reforms, the recipient governments that implemented them, and the affected public companies, often reticent towards their introduction.
    • Une persistance de l'Empire britannique en Afrique postcoloniale ? : Le rôle des compagnies pétrolières British Petroleum et Shell - Jonathan Kuiken p. 49-63 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Les compagnies pétrolières britanniques British Petroleum (BP) et Shell ont joué un rôle politique et économique actif dans l'Afrique postindépendance des années 1960 et 1970. Deux événements, la guerre civile au Nigeria et la lutte autour de l'indépendance de la Rhodésie, révèlent la persistance de cette influence. Dans un cas comme dans l'autre, les décisions prises sur le terrain n'étaient pas sous le contrôle des sièges sociaux de BP et de Shell, mais de leurs filiales locales. Cet article démontre que ces filiales ont souvent agi en fonction de ce qu'elles estimaient être leurs intérêts propres, à l'encontre des intérêts de leurs sociétés mères et de ceux des instances dirigeantes de la politique étrangère britannique. L'influence des compagnies pétrolières en Afrique est donc bien moins directe, et plus complexe, qu'on n'aurait pu le penser.
      British oil companies British Petroleum (BP) and Shell played an active political and economic role in post-independence Africa in the 1960s and 1970s. Two events – the Nigerian civil war and the struggle for Rhodesian independence – underscore the persistence of this influence. Decisions taken on the ground in both cases were not done so under the control of BP and Shell headquarters however, but rather of their local subsidiary companies. This article shows how these subsidiaries often acted based on what they deemed were their own best interests rather than in the interests of the mother corporation or of the governing authorities of British foreign policy. The influence of oil companies in Africa is as such much less direct and more complex than we may have previously thought.
    • L'énergie solaire thermodynamique en Afrique : La Société française d'études thermiques et d'énergie solaire, ou Sofretes (1973-1983) - Frédéric Caille p. 65-84 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La Sofretes, Société française d'études thermiques et d'énergie solaire, une société d'économie mixte spécialisée dans le pompage solaire thermodynamique, a été créée en octobre 1973 au terme d'une décennie d'expérimentations entre la France et le Sénégal par l'ingénieur français Jean-Pierre Girardier. Devenue leader dans son domaine et propriété majoritaire du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), elle a disparu au terme d'une dizaine d'années d'existence. Cet article met en perspective cette aventure singulière avec des éléments d'anthropologie de l'énergie et d'histoire du solaire thermodynamique en Afrique, dont les premiers projets et expériences remontent aux années 1860-1920, avant un renouveau qu'incarnèrent les professeurs de physique Henri Masson au Sénégal et Abdou Moumouni Dioffo au Niger.
      Sofretes – the Société française d'études thermiques and d'énergie solaire (French research company in solar and thermal energy) – a mixed economy corporation specialized in thermodynamic solar pumping, was founded in October 1973 after a decade of experimentation in France and Senegal by French engineer Jean-Pierre Girardier. The company became a leader in its field and the French Atomic Energy Commission (CEA) had ownership of the controlling interest, but it disappeared after just ten years in business. This article examines this unique adventure from the perspective of the anthropology of energy and the history of thermodynamic solar power in Africa, whose first projects and experiences date back to the 1860s-1920s, before the renewal embodied by physics professors Henri Masson in Senegal and Abdou Moumouni Dioffo in Niger.
    • Peut-on faire une histoire nucléaire du Maroc ? : Le Maroc, l'Afrique et l'énergie nucléaire - Matthew Adamson p. 85-102 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Près de soixante-dix réacteurs nucléaires sont actuellement en construction pour la production d'électricité dans le monde. Il n'y en a aucun en Afrique. Une seule centrale nucléaire existe en Afrique du Sud. Si l'Afrique a connu de nombreux projets de développement de l'énergie nucléaire, et encore plus de programmes de recherche et d'extraction d'uranium, elle n'a guère bénéficié directement de cette énergie. Cet article examine le cas du Maroc pour tenter d'en expliquer les raisons, en s'appuyant notamment sur une comparaison avec l'Afrique du Sud. Cet article démontre que les conditions transnationales nécessaires au développement de l'énergie nucléaire – notamment un réacteur de recherche opérationnel intégré dans un réseau nucléaire international – n'ont jamais été obtenues, privant le Maroc et les autres pays africains des avantages (et des coûts) de l'énergie nucléaire.
      There are currently almost seventy nuclear reactors under construction for power generation around the world. But none of these is in Africa. There is indeed only one nuclear power plant on the continent, in South Africa. While Africa has seen numerous projects to develop nuclear energy and even more programmes focused on research and the extraction of uranium, it has scarcely benefitted directly from this type of energy. This article examines the case of Morocco to attempt to explain why, based notably on a comparison with South Africa. The article shows that the transnational conditions necessary for the development of nuclear energy – and notably an operational research reactor within an international nuclear network – have never been met, thus depriving Morocco and other African countries of the advantages (and costs) of nuclear energy.
    • La véranda, le climatiseur et la centrale électrique : Race et électricité en Tanzanie postsocialiste - Michael Degani p. 103-121 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Cet article analyse l'importance idéologique de la notion de « race » dans le secteur de l'électricité en Tanzanie, en suivant les débats autour de deux exploitants de centrales thermiques privés, Independent Power Tanzania Limited (IPTL)/Pan African Power (PAP) et Richmond Development Corporation. Engagées à l'origine dans le cadre de contrats de fourniture « d'énergie de secours », les deux sociétés sont devenues des prestataires de longue durée pour la production d'électricité en Tanzanie. Toutes deux ont également été le théâtre de collaborations entre financeurs asiatiques et hommes politiques africains, cherchant à réaliser d'énormes profits, au grand désarroi des donateurs euro-américains. Les scandales et la rhétorique politique qui en ont résulté soulignent la façon dont la libéralisation postsocialiste a revitalisé les débats sur la race, créant de nouvelles lignes complexes de récriminations sociopolitiques et un mélange ambigu de privatisations officielles et de facto.
      This article analyses the ideological importance of the notion of “race” in the electricity sector in Tanzania by examining the antics of two private thermal power plants – Independent Power Tanzania Limited (IPTL)/Pan African (PAP) and Richmond Development Corporation. Initially contracted to provide “emergency power”, the two companies became long-term suppliers for electricity generation in Tanzania. Both have also been the backdrop for collaboration between Asian financers and African political figures seeking to make enormous profits, to the great dismay of Euro-American donors. The subsequent scandals and political rhetoric underscore how post-socialist liberalization has revitalized debates over race, thus creating complex new lines of socio-political backlash and an ambiguous mix of official and de facto privatizations.
  • Expertises

    • Évolutions, révolutions et inerties dans l'énergie : Quelles implications pour l'Afrique ? - Stéphane His, Christian de Gromard p. 125-138 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Le monde de l'énergie est dans une ère de profonde mutation marquée par la révolution que certains qualifient « des 3 D » : décarbonation, décentralisation et digitalisation du secteur de l'énergie. Face à ces transformations majeures, l'Afrique occupe une position singulière. Si le continent ne représente que 5 % de la consommation d'énergie mondiale et des émissions de gaz à effet de serre, il est en revanche particulièrement exposé aux effets du changement climatique. Sa consommation d'énergie reste encore dominée par les usages de la biomasse pour la cuisson (et cela devrait perdurer). L'avènement des nouveaux modèles électriques marqués par la « révolution des 3D » fait émerger de nouvelles solutions sur le continent qui résultent de la combinaison de plusieurs innovations en matière d'énergies renouvelables, d'accumulateurs électriques, de réseaux intelligents et de paiement en ligne via le téléphone portable.
      The energy sector is undergoing a period of profound change marked by what some people describe as the “3D” revolution involving the decarbonation, decentralization and digitization of the energy sector. Africa occupies a unique place in the face of such major change. While the continent represents only 5% of global energy consumption and greenhouse gas emissions, it is particularly exposed to the effects of climate change. Its energy consumption remains largely dominated by the use of biomass for cooking (and that will likely continue). The advent of new electric models influenced by the “3D revolution” is introducing new solutions to the continent through a combination of several innovations surrounding renewable energy, storage batteries, intelligent networks and online payment via mobile telephones.
    • L'électrification complète de l'Afrique d'ici 2030 est-elle possible ? - Charles Debeugny, Christian de Gromard, Grégoire Jacquot p. 139-153 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Si l'objectif d'un accès universel à l'énergie en Afrique sub-saharienne d'ici 2030 est communément admis, les stratégies et moyens à mettre en œuvre restent encore à définir. De nouveaux modèles de gouvernance seront notamment nécessaires pour assurer le montage et la réalisation de projets d'électrification durables et inclusifs pensés à l'échelle des États africains.
      While the goal of providing universal access to energy in sub-Saharan Africa by 2030 is commonly advanced, the strategies and means for actually doing so still need to be defined. New models of governance will notably be needed to ensure the lead-up and completion of sustainable and inclusive electrification projects conceived at the scale of African states. Is a complete electrification of the African continent possible in less than twelve years and, if so, under what conditions?
    • Options technologiques et modèles d'organisation de l'électrification rurale en Afrique : Retours d'expériences - Pierre Jacquemot, Marie-Noëlle Reboulet p. 155-184 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Les options décentralisées en matière énergétique sont des réponses aux besoins des populations rurales qui resteront longtemps éloignées des grands réseaux. Les leçons tirées de l'expérience d'actions conduites dans divers pays africains sont particulièrement riches, tant en ce qui concerne les modes de gestion et l'implication des bénéficiaires que des possibilités d'extension à une vaste échelle. L'analyse sociale et économique de ces dispositifs décentralisés montre qu'ils sont exigeants en termes de responsabilité collective, d'interaction entre acteurs, de tarification et de moyens financiers nécessaires à mettre en œuvre. Il n'y a clairement pas de miracle : l'électricité décentralisée est une piste incontournable, mais très ardue.
      Decentralized options for energy are a solution to the needs of rural populations that will remain cut-off from large networks for the foreseeable future. We can draw particularly informative lessons from the experience of actions conducted in different African countries, both in terms of approaches to management and the involvement of benefiting parties, as well as regarding the potential to expand on a vast scale. A social and economic analysis of such decentralized approaches shows that they are demanding in terms of shared responsibility, interaction between actors, pricing and the financial means necessary for their implementation. There is clearly no miracle solution: decentralized energy is a path that is both extremely complex yet unavoidable.
    • Quel avenir pour le charbon minéral en Afrique ? - Jean-Marie Martin-Amouroux p. 185-199 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Alors qu'ils ont tous signé l'accord conclu à l'issue de la COP 21 de décembre 2015, les pays africains vont-ils pour autant renoncer à exploiter le charbon minéral ? Les éléments de réponse à cette question dépendent en premier lieu de l'Afrique du Sud, qui compte pour plus de 90 % de la production africaine de charbon et pour 80 % de sa consommation. Dans les autres pays africains qui utilisent le charbon, l'avenir de ce minerai dépendra principalement de la position de leurs dirigeants vis-à-vis de la thermoélectricité charbon et du dynamisme des autres filières de production d'électricité. Ces pays seront influencés par les politiques des grands pays qui exportent le charbon ou ses technologies (principalement l'Afrique du Sud, la Chine et l'Inde).
      Despite having all signed the agreement following the COP 21 conference in December 2015, will African countries actually manage to stop exploiting fossil coal? The answer to this question hinges primarily on South Africa which accounts for over 90% of African coal production and for 80% of its consumption. In other African countries that use coal, the future of this mineral ore will mainly depend on the position of leaders towards coal thermal power and the robustness of other electricity generating channels. These countries will be influenced by the policies of large countries that export coal or related technologies (mainly South Africa, China and India).
    • Le bois, énergie de première nécessité en Afrique : Une ressource trop souvent négligée - Gérard Madon p. 201-222 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      En 2014, le bois énergie (bois de feu et charbon de bois) représente 70 % de l'énergie consommée en Afrique. Toutefois, cette moyenne masque d'importantes disparités entre les pays et entre les milieux urbains, où les combustibles de substitution ont parfois largement pénétré, et les milieux ruraux, où ce n'est pas le cas. Cet article propose une analyse de l'ensemble des enjeux passés, présents et futurs de cette ressource essentielle souvent négligée dans les politiques, ainsi que des pistes d'actions pour y faire face.
      In 2014, energy wood (firewood and charcoal) represented 70% of the energy consumed in Africa. This average nevertheless masks large disparities between countries and between urban areas – where alternative fuels are at times widely available – and rural areas where this is not the case. This article offers an analysis of the past, present and future issues surrounding this essential resource which is often overlooked in policies, as well as potential actions to address the issue.
    • De la biomasse à la bioéconomie, une stratégie énergétique pour l'Afrique ? - Roland Louvel, Christian de Gromard p. 223-240 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La biomasse occupe une place importante dans les bilans énergétiques des pays d'Afrique subsaharienne – principalement sous forme de bois de feu. Néanmoins, cette ressource pourrait être mieux mise en valeur. Les analyses et les discours en reconnaissent la nécessité mais, dans les faits, cette orientation peine à se concrétiser. Pourquoi cette énergie reste-t-elle si peu valorisée ? Après avoir recensé les freins à l'essor des bioénergies, le présent article s'intéresse à la modernisation des filières traditionnelles et au déploiement de filières avancées en Afrique, ainsi qu'à leur place comme levier des transitions énergétiques et écologiques qui s'imposent aux pays africains. Si les plans biomasse sont à adapter à chacun des pays, l'objectif est le même : ne plus dépendre des énergies fossiles et lutter contre le changement climatique, en préservant le patrimoine naturel des écosystèmes.
      Biomass is a major component in the energy balance of sub-Saharan African countries – mainly in the form of firewood. And yet the resource could be better developed. Analyses and discourse have recognized this, but it has been hard to actually act on the matter. Why has this energy remained so underdeveloped? This article begins by examining what is stifling the expansion of biomass energy. Then it looks at the modernization of traditional channels and the deployment of advanced channels in Africa, as well as their place as a driver of energy and ecological transition necessary for African countries. While biomass plans need to be adapted to each country, the goal is the same everywhere: end fossil fuel-dependency and combat climate change, while conserving the natural environment and ecosystems.
  • Repères

  • Notes de lecture