Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°77

Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Mir@bel
Numéro no 77, avril 2001
Titre du numéro Revue de l'OFCE n°77
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Perspectives pour 2001-2002 -

    • Après la bulle...Perspectives 2001-2002 pour l'économie mondiale - p. 7-98 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En 2000, la croissance mondiale a été de 4,7 %, soit le plus haut niveau depuis 1988, ceci grâce à la conjonction exceptionnelle de facteurs favorables : effets de la « nouvelle économie » ; bulle boursière ; sortie de crise dans les pays émergents d'Asie, en Amérique latine et en Russie ; dynamisme persistant de la Chine et de plusieurs pays d'Europe en transition ; enfin, nouvel essor européen. Par contre, la hausse des prix de l'énergie a pesé sur la croissance. Le bas niveau de l'euro a eu un effet positif, en redistribuant la demande des États-Unis vers l'Europe. Après un premier semestre euphorique, l'activité a montré des signes de faiblesse au second semestre, en particulier aux États-Unis et en Allemagne. En 2001 la croissance mondiale ne serait que de 3,1 % mais remonterait à 3,7 % en 2002. La croissance connaîtrait un passage à vide aux États-Unis, entraîné par la fin de la bulle de la « nouvelle économie » : chute des cours boursiers et épuisement de l'impulsion donnée par les nouvelles technologies. S'y ajouteraient l'engluement du Japon et un net ralentissement de la croissance en Asie, frappée par la baisse de la demande de biens à haut contenu technologique. La zone euro verrait le maintien d'une croissance relativement vigoureuse, malgré un ralentissement en cours d'année 2001 induit par la faiblesse des demandes d'Amérique du Nord et d'Asie. L'écart se creuserait entre une conjoncture favorable en France et plus déprimée en Allemagne, malgré une réforme fiscale expansionniste. La croissance du commerce mondial passerait d'un rythme de 14 % l'an en 2000 à 4 % au premier semestre 2001, puis 8 % en 2002. Le prix de l'énergie resterait à un niveau relativement élevé (22 dollars pour le Brent en 2002). La remontée de l'euro vis-à-vis du dollar serait limitée. La plus grande incertitude provient des États-Unis. Notre prévision suppose que, même s'il a généré une bulle financière, l'essor récent de l'économie américaine reposait sur une base réelle : l'amélioration importante des perspectives de productivité et de production. La croissance potentielle est passée de 2,25 à 3,5 % l'an. Le ralentissement actuel serait alors une « pause cyclique », brève et facilement curable par la baisse des taux d'intérêt et la baisse des impôts. L'expérience récente montre qu'une croissance vigoureuse est possible dans la zone euro sans de trop fortes tensions inflationnistes. Dans notre prévision, la dynamique interne de la zone serait suffisante pour que la croissance se maintienne malgré le ralentissement américain. Selon une variante réalisée à l'aide du modèle MIMOSA, l'effet des chocs extérieurs sur la zone euro en 2001 (ralentissement américain, retour de l'euro à la parité, baisse du yen, baisse du prix du baril), induirait une baisse du PIB de 0,7 à 1 point de PIB (selon que la BCE baisse fortement ou modérément son taux d'intérêt). La croissance de la zone s'infléchirait à 2,6 % en 2001, puis rebondirait à 2,9 % en 2002. Ce scénario serait encore consolidé par un policy mix plus satisfaisant et concerté, la BCE acceptant de soutenir la croissance et les gouvernements ne mettant pas en place des politiques budgétaires restrictives. L'autre scénario envisageable est celui d'une période prolongée de marasme aux États-Unis en raison d'une forte hausse du taux d'épargne des ménages et d'une baisse de l'investissement. Il implique une forte baisse du dollar, quand les marchés auront cessé d'escompter de forts profits aux États-Unis. Cette baisse propagerait la récession américaine à l'échelle mondiale. La poursuite des désordres financiers priverait de financement les pays émergents. La dynamique de croissance européenne serait brisée par une demande extérieure plus faible que prévue, un environnement financier plus défavorable, un ralentissement plus net de l'investissement, induit par la désillusion vis-à-vis des TIC, déjà sensible par exemple dans le secteur des télécommunications et par l'effet de contagion, sur les anticipations des entrepreneurs, que pourrait avoir une récession aux États-Unis alors que la politique économique en Europe serait hésitante et peu disposée à prendre le relais pour impulser la croissance mondiale.
      World GDP is expected to decelerate from 4.7 percent in 2000 to 3.1 in 2001 and to rebound to 3.7 next year. The rapid deceleration of the US economy, induced by the burst of the “new economy” bubble, is accompanied by a stagnation in Japan and by a deceleration in Asia, hit by a decrease in demand for hi-tech goods. US output will recover from 2001, thanks to a prompt monetary policy loosening. Growth will remain rather robust in the Euro area, with slightly expansionary fiscal policies and a neutral monetary policy. Oil prices will stay relatively high. The appreciation of the Euro against the dollar will be limited. A sharper than expected deceleration of the US economy and a stronger impact on European economies are the main risks to our forecast.
    • Contre vents et marées.Perspectives 2001-2002 pour l'économie française - p. 99-140 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La prévision de croissance de l'OFCE est de 3,0 % pour l'année 2001 et de 3,3 % pour l'année 2002. La dynamique de croissance enclenchée en France et en Europe depuis 1997 se poursuit malgré un contexte international dégradé. La révision de croissance est importante, de 0,7 point pour l'année 2001. Le ralentissement américain et ses conséquences sur l'économie mondiale sont à l'origine de cette moindre croissance. Néanmoins, la dynamique interne n'est pas remise en cause. L'investissement reste le moteur de la croissance et les créations d'emplois dynamiques alimentent le revenu des ménages et leur consommation. La politique fiscale et budgétaire est neutre et les baisses d'impôts engagées compensent le dynamisme des recettes fiscales.
      We expect Frances's GDP growth to reach 3.0 % in 2001 and 3.3 % in 2002. Albeit slowing down, job creations will be strong in 2001 and 2002 and the unemployment rate will drop to 7.6 % by the end of 2002. Like in 2000, the external environment is not expected to curb a French growth driven by a strong momentum in domestic demand. High employment growth boosts disposable income and consumer confidence. It stimulates private investment as capacity utilisation rates are historically high. For the two years to come, France will benefit by a virtuous circle of self-fed strong domestic demand. Despite wages' acceleration, inflation will remain under control thanks to productivity gains and tax cuts. The rise in households' real income will keep on stimulating demand and competitiveness will increase.
    • Débat sur les perspectives - Jean-Paul Fitoussi p. 141-155 accès libre
    • La réforme de la protection sociale du risque dépendance : les enjeux économiques et sociaux. - Arnaud Lechevalier et Yves Ullmo p. 157-198 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La prise en charge de la dépendance est un exemple particulièrement significatif des problèmes, anciens et nouveaux, qui se posent à notre système de protection sociale et, plus généralement, à la politique sociale conduite dans notre pays. Après avoir montré que la situation actuelle et les perspectives de la dépendance et de l'action publique en la matière dépendent d'évolutions démographiques et sanitaires incertaines, mais aussi et surtout d'un système d'offre et de financement sur lequel il est souhaitable d'agir, on décrit le dispositif actuel, provisoire, et, en attente d'une réforme annoncée, de la prestation spécifique dépendance (PSD) et l'on établit le bilan négatif de cette expérience. Le projet de réforme qui a été annoncé en mars 2001 par le gouvernement remédie aux insuffisances et aux dysfonctionnements les plus marquants de la PSD. Mais se situant dans la continuation — certes amendée — des dispositifs actuels, il laisse ouvertes un certain nombre de questions de fond qui sont ici analysées.
      Long-term-care benefits provide a particularly telling example of the sorts of problems — both old and new — which are confronting our system of social-welfare and, more generally, of social policy in France. After having shown that the current situation as well as the perspectives for long-term care and public intervention in this field rely both on uncertain demographic and health-related developments, as well as — and above all — on a system of supply and financing, which no doubt needs to be revamped, the current, interim system and the specifics of long-term-care benefits is described, and a negative appraisal of this experience is drawn up. The reform bill remedies the PSD's most conspicuous shortcomings and dysfunctional aspects. But inasmuch as it is situated in the — albeit amended — continuation of the current system, it leaves a certain number of fundamental issues unresolved.
    • Faut-il contraindre la politique budgétaire en Union monétaire ? Les enseignements d'une maquette simulée - Jérôme Creel p. 199-249 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Des discussions récentes, au niveau européen, ont ravivé les inquiétudes des détracteurs du Pacte de stabilité et de croissance. Le 12 février 2001, les ministres des Finances des pays de l'UE, moins celui de l'Irlande, ont condamné publiquement sa politique budgétaire et ont recommandé à son gouvernement qu'il « mette un terme à la non-conformité de son budget 2001 avec les grandes orientations de politique économique » adoptées par le Conseil européen en juin 2000. Cette recommandation, qui révèle une lecture très stricte du Pacte de stabilité et de croissance, est paradoxale : d'une part, les performances macroéconomiques irlandaises lui ont permis d'accumuler des excédents publics records ; d'autre part, la condamnation par les Quatorze d'une politique budgétaire pro-cyclique tranche avec les exhortations des années 1990 à assainir les finances publiques en Europe alors que l'UE subissait une grave crise économique ! Pour étudier les conséquences du Pacte de stabilité et de croissance, nous avons construit une maquette à deux pays en union monétaire dont les valeurs initiales et les multiplicateurs sont basés sur l'économie française et sur des résultats issus du modèle MIMOSA. Le modèle est keynésien à court terme mais inclut des effets de richesse. Prenant en compte les accumulations d'actifs, dont la dette publique, il peut reproduire à long terme certains des résultats de la « théorie budgétaire du niveau des prix », mais aussi donner des résultats inédits dans ce cadre. Nous distinguons deux visions du Pacte de stabilité : d'une part, celle selon laquelle la phase de réduction des déficits publics entreprise à la fin des années 1990 n'a été justifiée que par l'objectif d'entrer dans la zone euro dès 1999, ou comme un moyen transitoire de rétablir des marges de manœuvre pour la politique budgétaire ; d'autre part, celle selon laquelle la politique budgétaire doit être « paralysée » pour des raisons de crédibilité et être dominée par la politique monétaire. Les résultats de notre modélisation sont que, malgré son caractère keynésien, il peut être profitable aux gouvernements eux-mêmes de se lier les mains en adoptant un budget en équilibre constant. Ce résultat ne vaut pas à court terme, et vacille si les politiques budgétaires sont coordonnées avec la politique menée par la banque centrale. Celle-ci peut avoir intérêt à laisser les politiques budgétaires être contra-cycliques à court terme. A long terme, néanmoins, elle préférera toujours que les politiques budgétaires soient neutralisées. Ainsi est-elle la seule bénéficiaire permanente d'une lecture stricte du Pacte.
      We study the consequences of the Stability and Growth Pact on the implementation of fiscal and monetary policies in Europe. Within a two-country model in a monetary union; two fiscal frameworks are alternatively introduced: governments minimise a loss function and stabilise public debt in the long run; or governments adopt balanced-budget rules. The model is keynesian in the short run but includes wealth effects; hence, it can reproduce the main results of the fiscal theory of the price level in the long run. Outcomes are that governments benefit from tying their hands in the long run if their policies are not coordinated with monetary policy. Even if they are, the common central bank will always prefer that fiscal policies follow balanced-budget rules. Conflicts between fiscal and monetary policies after a shock will likely arise.
  • Dossier : sociologie de l'emploi féminin

    • Emploi féminin, natalité et tâches maternelles : comparaison européenne. - Henri Mendras p. 253-257 accès libre
    • Les évolutions de l'emploi féminins, reflet des diversités sociales européennes. - Odile Benoit-Guilbot et Mireille Clémençon p. 259-296 accès libre
    • Les femmes obtiennent-elles ce qu'elles veulent ou se contentent-elles de ce qu'on leur propose ? - Catherine Hakim p. 297-306 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis quelques années, le nombre des emplois féminins à temps partiel en France s'est multiplié mais c'est un temps partiel long de quatre jours sur cinq et non un temps partiel court, ou très court comme les Anglaises, les Allemandes ou les Néerlandaises. La femme française a toujours eu une position plus indépendante, plus politique que ses consœurs européennes. Ce qui pourrait s'expliquer par la force de la vie politique locale. Après tout, les femmes ont été décisives dans les journées révolutionnaires. Ce qui expliquerait aussi que les mouvements féministes n'avaient jamais connu en France l'ampleur et les excès qu'ils ont manifesté dans les pays à dominante protestante. La mère anglaise poursuit ses habitudes traditionnelles de la classe ouvrière : travailler jusqu'à la première naissance puis cesser de travailler ou travailler à très faible temps, pour reprendre un temps complet lorsque les enfants sont élevés. Le choix difficile entre famille et emploi, qui se pose à toutes les femmes en Europe, trouve des solutions variées en fonction des mœurs coutumières et des systèmes de valeurs de chaque pays, et même de chaque région.
      Society is man-made — but also woman-made. In the long term, social institutions are the product of people's choices, rather than the cause of them. Two social revolutions in the last three decades have created even greater scope for genuine and free choices and wider opportunities for women. In this new scenario, illustrated most clearly by Britain, women choose between three very different combinations of paid work and family work.
    • Le travail à temps partiel et la "combinaison" famille-emploi aux Pays-Bas. - Marie Wierink p. 307-320 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le travail à temps partiel aux Pays-Bas est une forme d'emploi qui touche près de sept femmes sur dix, et au total, près de quatre personnes sur dix en emploi. Mais il n'en est pas pour autant synonyme de marginalisation et de déqualification puisque tous les niveaux d'emploi sont concernés. Cet état de fait tient à une conjonction de facteurs : facteurs historiques, socio-culturels, qui ont laissé très longtemps les femmes à l'écart de l'emploi, faisant peser l'ensemble des responsabilités familiales et ménagères sur elles au nom de leur vocation « naturelle » à les assume, facteurs sociaux et politiques tenant à la vigueur d'un mouvement social composé des forces féministes et syndicales et soutenu par une politique officielle de l'émancipation, au temps de la crise de l'emploi des années 1980 et des impératifs de flexibilisation de la décennie suivante. Ce mouvement social s'est mobilisé autour les thèmes de la réduction du temps de travail, du travail à temps partiel choisi, et du partage plus égalitaire du travail rémunéré et non rémunéré entre les hommes et les femmes, sans opposer travail à temps plein et à temps partiel.
      Part time work is an employment form which concerns about 70 % of the women, and 40 % of the total Dutch labour forces at all levels of qualification. This article focuses on historic and cultural factors enlightening this situation. It shows the influence of the feminist movement claiming for sharing occupational work, domestic and parental chores which inspired the governmental women emancipation policy lead from the end of the seventies and the contribution of the social partners to the regulation of working time including part time work from the beginning of the nineties, in the context of growing flexibility of work. It is likely that the recent bill about the right for everyone to adapt one's own working time will strengthen the tendency of Dutch people to reduce their work duration.
  • Cahiers de graphiques.