Contenu du sommaire
Revue | Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques — RSPT |
---|---|
Numéro | Tome 104, no 1, janvier-mars 2020 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Jean-Pierre Jossua (1930-2021) : In memoriam - Étienne Fouilloux p. 3-6
Exégèse et philosophie
- Présentation - Vincent Blanchet p. 9-16
- L'auto-exégèse orphique : l'âme divine - Alain Petit p. 17-29 Cet article cherche à montrer qu'une métaphysique s'engendre au sein même de l'orphisme, par l'auto-exégèse du mythe, métaphysique qui irriguera le platonisme et le néo-platonisme. Elle se place sous la figure d'un personnage conceptuel, Dionysos, depuis lequel se pensent les rapports de l'Un et du multiplie et par conséquent aussi, la façon dont les âmes s'engendrent à partir de l'Un.This article seeks to show that a metaphysics is engendered at the very heart of Orphism, through the self-exegesis of myth, a metaphysics that went on to irrigate Platonism and neoplatonism. It is placed under the figure of a conceptual character, Dionysus, from whom are thought the relations of the One and the multiple, and therefore also, the way in which souls are generated from the One.
- L'exégèse philosophique chez Philon d'Alexandrie : Étude d'une image - Anca Vasiliu p. 31-52 L'article tente de saisir le rapport entre exégèse, rhétorique et philosophie dans les textes de Philon à partir d'un angle particulier : l'usage philonien croisé des images bibliques et du rôle spécifique assigné à l'image dans la pensée hellénique. S'il y a chez l'Alexandrin une réflexion sur les vertus du langage déployée entre l'exégèse des textes bibliques et le recours constant aux modèles théoriques de la philosophie, cette réflexion vise explicitement à établir une science, la théologie rationnelle, légitimée par sa fondation sur la lettre biblique et validée en même temps par une démarche et un lexique spécifiquement philosophiques. Or la pratique des images s'inscrit dans cette tentative philonienne de fonder la réflexion théologique sur les rapports de la langue avec les facultés sensibles et intellectives, depuis les figures et les concepts avec lesquels travaille le langage philosophique jusqu'à l'établissement d'un savoir à partir du paradigme des vertus épiphaniques dont la lettre biblique est pourvue.This article attempts to grasp the relationship between exegesis, rhetoric and philosophy in the texts of Philo from a particular angle: the Philonian use of biblical images and the specific role assigned to images in Hellenic thought. If there is in the Alexandrine a reflection on the virtues of language deployed between the exegesis of biblical texts and the constant recourse to theoretical models of philosophy, this reflection explicitly aims to establish a science, rational theology, legitimized by its foundation on the biblical letter and validated at the same time by a specifically philosophical approach and lexicon. However, the practice of images falls within this Philonian attempt to found theological reflection on the relationship of language with the sensitive and intellectual faculties, from the figures and concepts with which philosophical language works to the establishment of a knowledge from the paradigm of the epiphanic virtues with which the biblical letter is provided.
- Exégèse et philosophie dans les « analyses grammaticales » de L'Etoile de la Rédemption - Émeline Durand p. 53-74 Cet article se penche sur les trois « analyses grammaticales » se trouvant au cœur de L'Étoile de la Rédemption de Franz Rosenzweig (1921). Dans ces fragments d'exégèse associés à l'étude des notions de Création, de Révélation et de Rédemption, Rosenzweig se livre à une singulière lecture de la Bible hébraïque, qui semble obéir avant tout à un dessein philosophique. Après avoir déterminé les principes directeurs de cette pratique exégétique, l'on montre en quoi les analyses grammaticales proposent une variation sur les méthodes traditionnelles de l'interprétation, sans renoncer au souci de la lettre ni démentir la fidélité au sens premier du texte. La relation entre le propos philosophique et le texte sacré apparaît alors comme une forme de traduction, grâce à laquelle la « pensée nouvelle » que Rosenzweig appelle de ses vœux trouve sa propre langue. Une grammaire guidée par des principes philosophiques reçoit dès lors la tâche de nous préparer à accueillir le témoignage du texte sacré.This article examines the three « grammatical analyses » at the heart of Franz Rosenzweig's The Star of Redemption (1921). In these fragments of exegesis associated with the study of the notions of Creation, Revelation and Redemption, Rosenzweig gives himself to a singular reading of the Hebrew Bible, which seems to obey above all a philosophical purpose. After ascertaining the guiding principles of this exegetical practice, we show how the grammatical analyses offer a variation on traditional methods of interpretation, without abandoning concern for the letter or denying fidelity to the primary meaning of the text. The relation between the philosophical subject and the sacred text then appears as a form of translation, thanks to which the « new thinking » called for by Rosenzweig finds its own language. A grammar guided by philosophical principles therefore assumes the task of preparing us to receive the testimony of the sacred text.
- Les sources exégétiques albertiennes de l'interprétation philosophique eckhartienne du "castellum" - Julie Casteigt p. 75-98 Cet essai a pour objet d'analyser les relations entre exégèse et philosophie en comparant les interprétations eckhartienne et albertienne du terme castellum dans la péricope de Marthe et Marie, tirée de l'Évangile selon saint Luc (Lc 10, 38-42) : en particulier, dans le sermon allemand 2 de Maître Eckhart et dans le sermon latin XXXI ainsi que dans le commentaire Super Lucam (Lc 10, 38-42) d'Albert le Grand. Les enjeux de l'exégèse de ce passage sont, notamment, les suivants : une réflexion éthique sur la vie active et la vie contemplative, un questionnement anthropologique sur la femme, une interrogation théologique sur l'union au principe divin. Albert le Grand interprète castellum dans un sens apparemment fort différent de la théorie de l'âme humaine comme lieu de l'Un et du simple que propose Maître Eckhart. Cependant, l'hypothèse de cet essai est qu'Eckhart énonce de manière plus radicale et explicite les thèses que Maître Albert présente comme ses intuitions les plus personnelles.The aim of this essay is to analyse the relationship between exegesis and philosophy by comparing the Eckhartian and Albertian interpretations of the term castellum in the pericope of Martha and Mary, taken from the Gospel of Saint Luke (Lk 10, 38-42), in particular, in Meister Eckhart's German sermon 2 and his Latin sermon XXXI, as well as in Albert the Great's commentary Super Lucam (Lk 10, 38-42). The particular matters at stake in this passage's exegesis are as follows : an ethical reflection on the active life and the contemplative life, an anthropological inquiry into the status of woman, a theological questioning of union with the divine Principle. Albert the Great interprets castellum in a sense apparently very different from the theory of the human soul as the place of the One and the simple, as proposed by Meister Eckhart. However, the hypothesis of this essay is that Eckhart states in a more radical and explicit way the theses that Master Albert presents as his most personal intuitions.
- La trame biblique et le tissu du monde : La lecture philosophique de l'écriture chez Maître Eckhart - Martina Roesner p. 99-117 Cet article examine le rôle que joue l'approche philosophique de Maître Eckhart dans son exégèse biblique. À travers une analyse de sa théologie trinitaire, de sa théologie de la création, de sa théorie de l'intellect et de sa philosophie du langage, nous montrons qu'Eckhart interprète la Bible à partir de la « grammaire profonde » qui sous-tend la réalité dans son ensemble. Tout en insistant sur l'importance du « livre des créatures », Eckhart souligne néanmoins que le texte biblique reste indispensable pour la théologie dans la mesure où il parle de l'immanence permanente de toutes choses en Dieu, nonobstant leur efflux sous forme de création. En fin de compte, tous les livres dont parle Eckhart – la Trinité, le monde créé et les Écritures – doivent être laissés en arrière pour céder la place au silence, qui seul nous donne accès à l'unité absolue de l'origine.This article examines the role that Meister Eckhart's philosophical approach plays in his biblical exegesis. Through an analysis of his Trinitarian theology, his theology of creation, his theory of the intellect and his philosophy of language, we show that Eckhart interprets the Bible from the « deep grammar » that underlies reality as a whole. While insisting on the importance of the « book of creatures », Eckhart nevertheless highlights the biblical text's perduring indispensability for theology, insofar as it bespeaks the permanent immanence of all things in God, notwithstanding their efflux in the form of creation. Ultimately, all the books of which Eckhart speaks – the Trinity, the created world and the Scriptures – must be left behind to give way to silence, which alone provides us access to the absolute oneness of the origin.
- Une lecture de `ibCrainte et tremblement`/ib : Søren Kierkegaard - Julie Giangiobbe p. 119-137 Cet article propose une lecture, ou plutôt un cheminement à travers Crainte et tremblement de Søren Kierkegaard, pour en souligner la complexité et la force paradoxale, à la lumière d'autres lieux de l'œuvre du penseur danois dans ces mêmes années 1840. La dialectique existentielle avoue son dépassement infini par la foi, incarnée par la figure d'Abraham sacrifiant.This article offers a reading, or rather a journey through Søren Kierkegaard's Fear and Trembling to underline its complexity and paradoxical force, in the light of other places in the work of the Danish thinker in these same 1840s. The existential dialectic acknowledges its infinite surpassing by faith, embodied by the figure of Abraham offering sacrifice.
- Les deux voix du grec. Heidegger et le « livre des livres » - Vincent Blanchet p. 139-157 Depuis la publication des Cahiers noirs, percer l'énigme du rapport entretenu par Heidegger avec le christianisme et le judaïsme constitue une tâche d'une urgence nouvelle. Si l'hostilité et la concurrence caractérisent cette relation, il s'agit d'en bien déterminer l'enjeu autant que l'arène. Entre la pensée de l'Être et la Parole de Dieu, les pages qui précèdent s'efforcent de montrer qu'il y va pour Heidegger d'un affrontement autour de la vérité elle-même. Le lieu de cette lutte s'avère alors la langue grecque, où s'est une fois pour toutes inscrit le commencement de la question de l'être et en laquelle s'est finalement traduit l'appel de Dieu. Il s'agit alors de présenter la façon dont Heidegger aura conçu l'événement de cette rencontre advenue dans la langue native de la philosophie. En plaçant sa lecture de la lettre biblique, et sa compréhension de l'esprit qui l'anime, en regard de l'exégèse de son ancien collègue et ami Rudolf Bultmann, apparaîtront également les limites qui furent celles de l'entente heideggérienne des paroles se recueillant dans la Bible et les secrètes dépendances que sa philosophie conserve à leur endroit.Since the publication of the Black Notebooks, unraveling the enigma of Heidegger's relationship with Christianity and Judaism has been a task of new urgency. While hostility and competition characterize this relationship, this is a matter of accurately determining what is at stake, as well as the arena. Between the thought of Being and the Word of God, the preceding pages endeavor to show that for Heidegger there is a conflict surrounding truth itself. The place of this struggle then turns out to be the Greek language, wherein the beginning of the question of being was once and for all inscribed and in which the call of God was finally expressed. This is then a question of presenting the way in which Heidegger will have conceived the event of this encounter which took place in philosophy's native language. In the placement of his reading of the biblical letter, and his understanding of the spirit which animates it, in relation to the exegesis of his former colleague and friend Rudolf Bultmann, will also appear the limits which were those of the Heideggerian understanding of words gathered in the Bible and the secret dependencies that his philosophy holds for them.
Bulletin
- Bulletin d'histoire des doctrines médiévales - Marta Borgo, Iacopo Costa, Marc Millais, Kristina Mitalaité, Jean-Christophe de Nadaï, Adriano Oliva, David Piché p. 159-220
Recensions et notices
- Recensions et notices - p. 221-232