Contenu du sommaire : Place aux jeunes !

Pour les jeunes immigrants au Québec, le passage à la vie adulte se joue dans une mobilité géographique qui est susceptible de renouveler le cadre relationnel de proximité. Les spécificités de l'expérience de ces jeunes sont doubles : le processus migratoire agit comme un accélérateur du passage à la vie adulte dont l'exploration des séquences s'effectue de manière solitaire. Ces jeunes mobiles sont contraints de s'activer sans les proches qui les soutiennent au quotidien. Ainsi, le fait de grandir en migration repose sur des trajectoires d'émancipation à l'égard de l'espace et des relations affectives.

Dans la région de Gatineau-Ottawa, la transition de la formation générale des adultes (FGA) dans le secteur francophone vers les études collégiales francophones relève de différentes logiques d'actions chez les étudiants issus de l'immigration. L'étude du récit de leur expérience scolaire collégiale révèle la prédominance de la stratégie dans le choix de leur programme d'étude. Les participants souhaitent s'orienter vers un accès rapide au marché du travail à la suite de l'obtention de leurs diplômes, et cela malgré leur intention de poursuivre leur scolarisation au niveau universitaire.

L'étude de l'émigration française invite à renouveler la pensée des mobilités, souvent associées à un caractère coercitif, à la volonté de répondre à une obligation sociale, économique, politique, ou climatique. Les émigrés français au Canada fondent davantage le choix de quitter leur pays sur un objectif de réalisation personnelle placée sous le signe de l'aventure. Cette trajectoire d'émancipation à travers l'espace garde à distance le pays d'origine et participe d'une recomposition des rapports aux espaces nationaux.

L'étude de la scolarisation et de l'insertion économique des jeunes québécois admis comme réfugiés durant l'enfance révèle des spécificités par rapport aux jeunes natifs et aux autres jeunes issus de l'immigration. Bien qu'un peu plus scolarisés que les jeunes natifs, ils pâtissent d'un risque de chômage accru et d'un revenu d'emploi moins élevé. Toutefois, l'origine de ces inégalités réside moins dans leur statut de réfugiés que dans leur appartenance à certaines minorités racisées. Ainsi, leur trajectoire dans l'emploi contribue à mettre au jour certaines formes de discriminations sur le marché du travail québécois.

Le Québec et le Canada constituent des destinations de migration de plus en plus privilégiées par la jeunesse urbaine et éduquée du Maroc. Si ces migrations résultent de politiques d'immigration utilitaristes et sélectives de la part du pays de destination, on constate que, dans la société d'émigration, le départ est davantage mû par un désir de reproduction ou d'ascension sociale. Cette enquête menée auprès de jeunes migrant·e·s marocain·e·s au Québec permet de remettre en question le substrat économique des politiques d'immigration québécoises et canadiennes et de la sociologie des migrations.

Les enquêtes statistiques au Canada et ailleurs montrent que les réfugiés sont souvent affectés de manière disproportionnée par le chômage et le sous-emploi, en particulier lors des premières années qui suivent leur arrivée dans leur pays d'accueil. La comparaison des politiques de soutien à l'emploi des jeunes réfugiés dans trois pays ayant un système fédéral, le Canada, l'Australie et la Belgique, s'appuie sur les statistiques disponibles. Elle permet notamment d'identifier les niveaux de gouvernement impliqués dans ces politiques publiques et de mieux comprendre les défis liés à leur mise en œuvre.

Plusieurs études montrent que la réussite et la persévérance scolaire des jeunes canadiens d'origine immigrante sont globalement comparables à celle de leurs pairs dont les parents sont canadiens de naissance, un phénomène plutôt exceptionnel par rapport à ce qui est observé à l'échelle internationale. Pourtant, ce portrait général occulte des disparités importantes entre les groupes ethniques, que les chercheurs associent à la discrimination systémique. Entre autres, la situation est moins favorable, voire défavorable, dans le cas des minorités ethniques dites racisées, particulièrement les communautés noires.

Le portrait statistique des jeunes immigrants ayant obtenu le statut de résident permanent permet de mieux comprendre les étapes de leur parcours au Québec. Prenant en compte leur situation pré-migratoire et à l'arrivée, notamment en matière de formation, d'emploi, de réseau d'information et de soutien ou de choix de la région d'établissement, l'étude mobilise une comparaison avec les migrants plus âgés à partir des données de l'enquête ECINA. Parmi ses résultats, elle révèle une légèrement meilleure insertion professionnelle des plus jeunes et le rôle déterminant des études dans leur projet migratoire.

L'étude des représentations médiatiques des jeunes demandeurs d'asile arrivés au Canada à la suite d'un passage irrégulier de la frontière canado-américaine entre 2017 et 2018 révèle leur construction stéréotypée. Les demandeurs d'asile sont principalement présentés par les journaux québécois et canadiens comme des victimes, dont les histoires insistent sur les perceptions positives de leur accueil dans le pays. Ce faisant, ces médias contribuent à la perpétuation du mythe national du Canada en tant que pays prônant les droits de la personne et offrant une vie meilleure.

Avec le soutien du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, le Musée national de l'histoire de l'immigration lance son prix de la bande dessinée qui récompensera chaque année un ouvrage écrit en français sur les thématiques des migrations, de l'exil, de la mémoire ou des identités plurielles.Celui-ci sera pour la première fois décerné au mois de mars 2022 par un jury composé de plusieurs personnalités du monde du livre et des arts, présidé par l'autrice et illustratrice Lisa Mandel.

Les transmigrants d'Afrique du Nord contribuent, avec ceux des Balkans, à alimenter les marchés informels européens en produits électroniques du Sud-Est asiatique, en négociant en « poor to poor » c'est-à-dire « par les pauvres pour les pauvres », hors taxes et contingentements. Ce faisant, les trajectoires de ces nomades de la mondialisation par le bas dessinent ensemble un territoire circulatoire euro-méditerranéen aux mains des mafias italiennes et russo-ukrainienne1. Les confinements liés à la pandémie de la covid-19 bouleversent ces logistiques et augurent d'un prochain redéploiement, spatial et social, du territoire des circulations.

En France métropolitaine, 59 300 personnes ont obtenu un premier titre de séjour (hors motif étudiants) d'au moins un an en 2018 dans les dix départements les plus peuplés par les primo-arrivants. Parmi elles, la moitié a signé un contrat d'intégration républicaine (CIR). Si, comme pour l'ensemble des primo-arrivants, les signataires du CIR disposent majoritairement d'un titre de séjour familial, les titres de séjour humanitaires y sont nettement plus nombreux que pour le reste de la population. Pour autant, les signataires du CIR sont plus souvent en emploi, avec 56 % de personnes en emploi en 2019, contre 53 %. Les personnes ayant signé un CIR semblent globalement satisfaites des formations suivies, tant civiques que linguistiques. La satisfaction retirée des formations civiques augmente avec le niveau en français. Les formations linguistiques prescrites apparaissent en adéquation avec le niveau de difficulté en français.

Le Canada semble relativement épargné par la montée des mouvements populistes anti-immigrants qui se répandent à travers le monde. De nombreuses études soulignent que, dans leur grande majorité, les citoyens canadiens considèrent l'immigration et la diversité ethnoculturelle croissante du pays comme un atout. Pour expliquer cet optimisme, qui contraste avec la situation des autres démocraties occidentales, la littérature universitaire doit davantage tenir compte des spécificités du Canada, comme la structure de son système d'immigration et sa position géographique.

Place aux jeunes en région (PAJR) est un organisme à but non lucratif qui, depuis plus de 30 ans, travaille à favoriser l'attraction, l'intégration et la rétention des jeunes qualifiés de 18 à 35 ans en région. De même, il aide les jeunes dans leurs démarches visant à s'établir, travailler et contribuer au développement dans leur nouveau milieu.

Le samedi 11 décembre 2021, pour son Week-End Grèce, la Philharmonie de Paris proposait dans sa grande salle Exil, une œuvre du compositeur et joueur de oud grec Kyriakos Kalaitzidis, fondateur et directeur artistique de l'Ensemble En Chordais. Les six membres de son orchestre étaient rejoints sur scène par huit musiciens, danseurs et chanteurs, ainsi que par Maria Farantouri, diva et passionaria interprète des œuvres de Mikis Theodorakis, dont la profonde voix de contralto galvanisait la dernière partie du spectacle.