Contenu du sommaire : Vilfredo Pareto (1848-1923)

Revue L'Année sociologique Mir@bel
Numéro vol. 73, no 1, 2023
Titre du numéro Vilfredo Pareto (1848-1923)
Texte intégral en ligne Accès réservé
  • In memoriam : Jean Baechler (1937-2022) - Pierre Demeulenaere p. 9-14 accès réservé
  • In memoriam : François Chazel (1937-2022) - Jean-Christophe Marcel p. 15-18 accès réservé
  • Vilfredo Pareto (1848-1923)

    • Introduction - Philippe Steiner p. 21-25 accès réservé
    • Les comptes rendus sur l'œuvre de Pareto de son vivant - Fiorenzo Mornati p. 27-43 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article a pour but de restituer les commentaires sur la pensée de Pareto parus de son vivant, notamment sur le Cours d'économie politique, les Systèmes socialistes, le Manuel d'économie politique et le Traité de sociologie générale. Leur examen montre que Pareto ne suscite pas, d'emblée, une grande attention, ce qui nous confirme dans l'impression que sa renommée n'a pris son envol qu'après son décès.
      This article aims to restore the commentaries on the thought of Pareto that were published during his lifetime, in particular on Cours d'économie politique, Systèmes socialistes, Manuel d'économie politique and Traité de sociologie générale. Their examination shows that Pareto's work did not arouse much attention upon publication, which confirms our impression that he became well known posthumously.
    • La triple théorie des croyances collectives de Pareto et sa signification actuelle - Alban Bouvier p. 45-79 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Dans le Traité de sociologie générale, Pareto a livré sous le nom de « théorie des résidus et des dérivations », une théorie sociologique des croyances collectives encore in statu nascendi, d'où sa relative obscurité. L'auteur de cet article propose de distinguer trois esquisses de théories idéal-typiques nettement différenciées (anthropologique, psychologique et épistémologique), à partir des analogies et exemples présentés par Pareto comme paradigmatiques. Ces trois théories, compatibles entre elles, constituent virtuellement une théorie très intégrative et très puissante, desservie par la polysémie des termes « résidu » et « dérivation » dont le sens varie en fonction des perspectives. L'auteur explicite la signification de cette théorie pluri-perspectiviste au sein des grands débats contemporains en sociologie et en philosophie des sciences sociales.
      In Mind and Society, under “theory of residues and derivations,” Pareto provided us with a sociological theory of collective beliefs that is still in statu nascendi, hence its relative obscurity. The author of this paper suggests distinguishing between three differentiated ideal-typical theories (anthropological, psychological and epistemological), based on the analogies and examples presented by Pareto as paradigmatic. These three theories, compatible with each other, virtually constitute a very integrative and powerful theory, which is hampered by the polysemous use of the key terms “residue” and “derivation,” whose meaning varies according to the perspective. The author endeavors to show the significance of this pluri-perspectivist theory in the major contemporary debates in sociology and philosophy of social sciences.
    • La critique du socialisme par Pareto : analyse scientifique ou engagement normatif ? - Pierre Demeulenaere p. 81-111 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Pareto a consacré une grande partie de son travail à considérer qu'il n'y avait pas de validité scientifique des revendications de « devoir-être », et que l'analyse scientifique ne pouvait conduire à la promotion de certains principes normatifs au détriment d'autres. Pourtant, une partie importante de ses écrits est constituée d'une critique du socialisme et du protectionnisme, et des principes associés à ces deux modes d'organisation sociale. L'objet de cet article est d'essayer de comprendre comment s'articulent ces deux dimensions chez Pareto, afin de mettre en évidence soit la possibilité d'une complémentarité entre les deux points de vue, soit, au contraire, l'existence d'une contradiction. L'article s'orientera plutôt vers cette deuxième éventualité.
      Pareto devoted much of his work to the affirmation that there can be no scientific relevance to any “ought” claim, and that scientific analysis cannot lead to the promotion of certain normative principles to the detriment of others. However, a great deal of his writings consists of a critique of socialism and protectionism, and of the principles that sustain those social arrangements. The purpose of this article is to try to understand how those two perspectives are articulated in Pareto's work, to highlight either the possibility of a complementarity between the two points of view, or conversely the existence of a contradiction. The article will suggest that the latter is the case.
    • L'introduction de la loi de Pareto dans la modélisation financière - Christian Walter p. 113-150 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La loi de Pareto entre dans la modélisation financière au début des années 1960 grâce à la découverte de deux de ses propriétés : c'est une loi d'invariance par changement d'échelle, et une loi limite en probabilité. Cette insertion dans la modélisation des dynamiques boursières lui confère une existence dans l'économie financière, en injectant des lois de puissance dans les modèles de prix. Après avoir rappelé les propriétés mathématiques du cadre parétien, on présentera le débat sur la modélisation entre une combinaison de modèles (gaussien pour les valeurs moyennes et parétien pour les valeurs extrêmes) et un modèle unique pour l'ensemble des valeurs (alpha-stable), puis l'introduction de la loi de Pareto dans la finance en suivant la démarche de Mandelbrot, ce qui permet d'approcher la notion de hasard parétien. Enfin, on considérera les pratiques financières du capital-investissement comme des « mathématiques parétiennes naturelles », hypothèse qui ouvre des perspectives sur l'élargissement de la rationalité aux contextes parétiens.
      The Pareto distribution entered financial modeling at the beginning of the 1960s when two of its properties were identified: that it is a scale invariant distribution and a limit distribution in probability. This incorporation into the modeling of stock market dynamics gives it a new life in financial economics, by injecting power laws into pricing models. After revisiting the mathematical properties of the Paretian framework, we will present the debate on modeling between a mixture of models (Gaussian for average values and Paretian for extreme values) and a single model for all values (alpha-stable), then the arrival of the Pareto distribution in finance by using Mandelbrot's methodology, which enables us to present the concept of Paretian chance. Finally, we will consider the financial practices of private equity as “natural Paretian mathematics”, a hypothesis that opens perspectives on the extension of rationality to Paretian environments.
    • De quelques usages de l'Économie pure dans le Traité de sociologie générale de Pareto - Pascal Bridel p. 151-172 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article examine les usages faits par Pareto de sa théorie économique pure dans la construction de sa sociologie. Après une discussion des différences méthodologiques (discipline quantitative vs discipline qualitative) et de la continuité conceptuelle entre économie pure et sociologie, l'article examine la notion d'utilité (ophélimité), les parallèles entre l'équilibre économique général et l'équilibre social du Traité de sociologie générale pour finalement aborder la difficile réconciliation dans le cadre de l'économie du bien-être naissante entre l'optimum parétien et l'utilité sociale maximum. Cette contribution permet de rappeler aux économistes qu'au-delà de la « première approximation » de la théorie du choix rationnel fondée sur des agents pour lesquels la société n'est que « fonctionnelle », Pareto propose en fait une introduction à une théorie de l'action érigée au sein d'une société dans laquelle les individus font preuve d'un degré substantiel de sociabilité.
      This article examines uses made by Pareto of his pure economic theory in the construction of his sociology. After a discussion of the methodological differences (quantitative discipline vs qualitative discipline) and the conceptual continuity between pure economics and sociology, the article examines the notion of utility (ophelimity), the parallels between general economic equilibrium and social equilibrium in the Traité to finally tackle the difficult reconciliation within the framework of the nascent welfare economy between a Pareto optimum and the maximum social utility. This contribution should help remind economists that beyond the “first approximation” of a rational choice theory based on agents for whom society is only “functional,” Pareto in fact offers an introduction to a theory of action within a society in which individuals demonstrate a substantial degree of sociability.
    • Pareto et la sociologie économique contemporaine : un « classique déclassé » - Philippe Steiner p. 173-196 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article commence par un exercice de bibliométrie montrant que Pareto est un classique déclassé, largement ignoré des sociologues économistes. Cependant, en deuxième partie, il montre que les thèmes, et certains outils, que Pareto a développés restent présents dans la sociologie économique contemporaine avec l'attention générale portée aux interrelations entre intérêt et valeurs, à la courbe de répartition des revenus et à l'interdépendance entre les phénomènes économiques et les phénomènes sociaux.
      This article begins with a bibliometric exercise showing that Pareto is a forgotten classic, now largely ignored by economic sociologists. However, the second part shows that some themes and tools that Pareto developed remain present in contemporary economic sociology with the general focus on the interrelations between interest and values, the income distribution curve and the interdependence between economic and social phenomena.
    • Note de lecture : Fiorenzo Mornati. –Vilfredo Pareto: An Intellectual Biography, tr. ang. John Paul Wilson, vol. I, From Science to Liberty (1848-1891), 2018, vol. II, The Illusions and Disillusions of Liberty (1891-1898), 2019, vol. III, From Liberty to Science (1898-1923), 2020, Londres, Palgrave Macmillan. - Philippe Steiner p. 197-202 accès réservé
  • Varia

    • Le séminaire Schumpeter-Parsons sur « la rationalité dans les sciences sociales » - François Chazel p. 205-237 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet essai critique se propose de (re)découvrir, à l'occasion de la parution très tardive de l'ensemble des contributions du séminaire Schumpeter-Parsons sur la rationalité (1939-1940) et à travers les débats et confrontations qui eurent lieu, les positions respectives de quelques figures majeures des sciences sociales et d'en réévaluer l'apport. Schumpeter y procéda à une « esquisse » de clarification conceptuelle et mit l'accent sur la distinction fondamentale entre cause effective et rationalité épistémique. Parsons s'inscrivit globalement dans la continuité de La Structure de l'action sociale, à un moment où précisément il tendait à prendre ses distances à l'égard de la conception économique de la rationalité. La communication de Schütz représenta l'intrusion d'un élément dissonant dans le séminaire, avec l'idée d'un divorce entre le niveau de la vie quotidienne et celui de la rationalité scientifique. Une esquisse rapide des développements récents ou en cours s'imposait donc : elle incite à penser que l'on assiste bien plutôt à des essais de redéfinition de la rationalité qu'à son dépassement.
      The long-delayed publication of the whole set of papers in the Schumpeter-Parsons seminar on rationality (1939-1940) gives us the opportunity to (re)discover through the debates that took place the respective positions of several major figures in the social sciences and to reevaluate their contribution. Schumpeter delivered a “sketch” on conceptual clarification and emphasized the imperative of distinguishing real cause from epistemic rationality. Parsons's paper was mainly in line with the framework of The Structure of Social Action, at a time when Parsons had begun to distance himself from the economic conception of rationality. The lecture given by Schütz brought some dissonance into the seminar with the idea of a gap between the level of everyday life and that of scientific rationality. A brief outline of recent developments was therefore required: it led us to consider that we are currently witnessing more efforts aimed at redefining rationality than towards lessening its importance.
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