Contenu du sommaire : Négocier la crise en temps de crise : les négociations environnementales internationales

Revue Négociations Mir@bel
Numéro no 37, 2022/1
Titre du numéro Négocier la crise en temps de crise : les négociations environnementales internationales
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Négocier la crise en temps de crise : les négociations environnementales internationales

    • Introduction au numéro spécial - Carola Klöck, Adrien Estève p. 7-15 accès libre
    • Conference diplomacy in the era of COVID: How do international environmental fora adapt to virtual formats? - Frauke Pipart, Joseph Earsom p. 17-38 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les négociations environnementales internationales ont été bouleversées par la pandémie de la COVID 19. La fermeture des frontières et les mesures de distanciation étant la norme, la gouvernance internationale a dû s'adapter. De nombreux forums ont choisi de mener les négociations de manière virtuelle. Dans cet article, nous analysons les défis et les opportunités des négociations multilatérales virtuelles vis-à-vis de la gestion du processus de négociation. Nous mettons l'accent sur les négociations virtuelles au sein de la Convention sur la diversité biologique, du Protocole de Montréal et de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Les données sont collectées à partir de documents officiels, de rapports de presse spécialisés et d'entretiens semi-structurés. Les résultats montrent que l'impact des formats virtuels est particulièrement élevé sur la transparence et l'inclusivité des petits groupes et la transparence vis-à-vis l'agenda des négociations.
      Like nearly every aspect of life, international environmental negotiations have been turned upside down by the COVID-19 pandemic. As closed borders and distancing measures are the norm for the foreseeable future, international environmental governance has been forced to adapt. Many regimes chose to conduct negotiations virtually. In this paper, we analyse the challenges and opportunities of virtual multilateral negotiations vis-à-vis the management of the negotiation process. We place a particular emphasis on the virtual negotiations within the United Nations Convention on Biological Diversity, the Montreal Protocol for Substances that Deplete the Ozone Layer, and the United Nations Framework Convention on Climate Change. Data is collected from official documents, specialized press reports, and semi-structured interviews with organizers and participants of virtual formats. Findings show that the impact of virtual formats is particular high on small group transparency and inclusiveness, as well as transparency about the negotiation schedule.
    • A matter of time: the impacts of Covid-19 on marine biodiversity negotiations - Arne Langlet, Krystel Wanneau, Paul Dunshirn, Silvia C. Ruiz Rodríguez, Ina Tessnow-von Wysocki, Alice B.M.Vadrot p. 39-65 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les négociations en personne du nouveau traité pour conserver et utiliser durablement la biodiversité marine au-delà des juridictions nationales (BBNJ) ont été interrompues par la pandémie du Covid-19 et ses confinements, à l'instar de nombreuses autres réunions internationales sur l'environnement. Dans le cas du BBNJ, les acteurs étatiques et non étatiques ont initié plusieurs formats d'échanges numériques et de ‘sites' virtuels de négociation pour continuer ces relations multilatérales sur une période de deux ans. Pour explorer l'impact de ce ‘tournant numérique' dans les processus de création d'accords multilatéraux environnementaux, nous avons adapté les méthodologies que nous avions utilisées auparavant pour étudier les négociations en personne et ainsi conduit deux questionnaires en ligne et une ethnographie politique critique. Deux questions générales ont guidé notre recherche : comment les négociations sont-elles devenues numériques et quels ont été les impacts de ce tournant numérique ? Nous analysons les impacts à plusieurs niveaux et les discutons par le biais de trois dimensions temporelles : la temporalité comprise comme une vitesse, une période, et un élan. Nos résultats indiquent que, premièrement, les acteurs non étatiques ont participé plus activement dans les formats en ligne pour maintenir le rythme des négociations ; deuxièmement, les individus ont perçu cette période supplémentaire de temps — pendant laquelle ils ne pouvaient que communiquer en ligne ‘en attendant' le retour des négociations en personne —comme étant certes négative mais dont l'expérience était partagée ; et troisièmement, les formats en ligne ont assuré que l'élan des négociations ne s'éteigne pas pendant la crise du Covid-19 —et ainsi évité un échec du processus général de négociation.
      Like many other global environmental meetings, the in-person negotiations for a new legally binding instrument to conserve and sustainably use marine biodiversity beyond national jurisdiction (BBNJ) were disrupted by the Covid-19 pandemic and its lockdowns. In the BBNJ case, both state and non-state actors initiated several types of digital dialogue and virtual negotiation ‘sites' to continue multilateral relations over a period of two years. To explore the impact of what we call a ‘digital turn' in multilateral environmental agreement-making, we adapted methodologies that we had used in the past to study in-person negotiations by conducting two online surveys and digital critical policy ethnography. Two overarching questions guided our research: how did the negotiations turn digital and what were the impacts of this digital turn? We explore impacts at several levels and discuss them in relation to three dimensions of time: time as speed, as period, and as momentum. Our findings indicate that, firstly, non-state actors participated more actively in online formats to keep up the pace of the negotiations; secondly, individuals perceived the additional period of time — during which they could only communicate online while ‘waiting' for the in-person negotiation to resume —as a negative but commonly experienced period and finally, the online formats ensured the momentum throughout the Covid-19 crisis — thus preventing a failure of the overall negotiation process.
    • La crise sanitaire de la Covid 19 et ses conséquences sur les pratiques diplomatiques des États francophones et sur les actions de l'OIF lors des négociations climatiques de la COP 26 - Thomas Meszaros, Hong Khanh Dang p. 67-86 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La présente contribution porte sur les conséquences occasionnées par la crise de la Covid 19 sur les négociations environnementales de la COP 26. Notre étude interroge la manière dont l'OIF et les pays francophones se sont organisés pour participer aux discussions préparatoires et aux négociations de la COP 26 conciliant la temporalité de la crise sanitaire avec celle des négociations environnementales internationales. D'une part, notre contribution souligne les effets de la crise sanitaire sur les pratiques et sur l'agenda des négociations des pays francophones qui ont participé à ces négociations environnementales internationales. D'autre part, elle aborde les actions menées par l'OIF pour faciliter les pré-négociations et les négociations des États francophones lors de la COP 26. Pour répondre à notre questionnement initial et mener notre recherche, notre étude se base sur des rapports scientifiques, des discours et surtout de données issues d'entretiens semi-directifs menés auprès de représentants des institutions de la Francophonie (OIF, IFDD), de diplomates et négociateurs qui ont participé d'une manière ou d'une autre aux préparations et aux négociations de la COP 26.
      This contribution focuses on the consequences of the Covid 19 crisis on the COP 26 environmental negotiations. Our study examines the way in which the OIF and Francophones countries organised themselves to participate in the preparatory discussions and negotiations of COP 26, reconciling the temporality of the health crisis with that of the international environmental negotiations. On the one hand, our contribution highlights the effects of the health crisis on the practices and the negotiation agenda of the Francophone countries that participated in these international environmental negotiations. On the other hand, it discusses the actions carried out by the OIF to facilitate the pre-negotiations and negotiations of the Francophone states at COP 26. To answer our initial question and conduct our research, our study is based on scientific reports, speeches and, above all, data from semi-directive interviews conducted with representatives of the institutions of the Francophonie (OIF, IFDD), diplomats and negotiators who participated in one way or another in the preparations and negotiations of COP 26.
    • One Ocean Summit : tournant marin des négociations environnementales ou diplomatie océanique de club ? - Pierre-Yves Cadalen, Gaëlle Ronsin, Nadège Legroux p. 87-113 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'année 2022 marque les cinquante ans de la première Conférence des Nations unies sur l'environnement. Les négociations internationales environnementales ont donc une histoire relativement longue, mais leur portée effective peut apparaître limitée. Face à des défis environnementaux de plus en plus pressants, les États cherchent à renouveler ces négociations, en termes de format, d'acteurs engagés, de rythme et de publics. Le One Ocean Summit, sommet pour la protection de l'océan tenu à Brest du 9 au 11 février 2022, en est un exemple récent. Ce sommet traduit l'émergence d'une diplomatie océanique qui place l'océan au singulier comme un commun à préserver. Mais il s'agit en même temps d'une diplomatie improvisée, d'une initiative unilatérale qui s'inscrit dans un agenda présidentiel favorisant la communication et dont les retombées sont incertaines. Nos observations et entretiens de recherche nous conduisent à conclure sur la caractérisation de ce sommet comme relevant d'une forme hybride de diplomatie de clubs, ce que le présent article soutient et définit.
      The year 2022 is the anniversary of the first United Nations Conference on the Environment. International environmental negotiations have a long history but the effectiveness of their scope may appear somewhat limited. Faced with pressing environmental challenges, states are seeking to renew these negotiations in terms of format, actors involved, pace and audience. The One Ocean Summit held in Brest from February 9th to 11th, 2022, for the protection of the global ocean, is a recent example of such political transformations. This summit reflects the emergence of an ocean diplomacy that places the ocean as a commons to be preserved. It however also takes the shape of an improvised, unilateral diplomacy, part of a presidential agenda that favors communication and whose consequences are uncertain. Our observations and research interviews lead us to define this summit as part of a hybrid club diplomacy.
    • Les aires marines protégées de l'Autorité internationale des fonds marins : la négociation environnementale et l'extraction minière - Tiago Pires da Cruz p. 115-137 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'Autorité Internationale des Fonds Marins (AIFM) est mandatée pour réguler le développement de l'industrie minière des grands fonds marins au-delà des juridictions nationales. Elle développe des politiques environnementales dès ses débuts en 1996. Mais celles-ci demeurent liées à son mandat minier. La négociation internationale environnementale qui se déroule de 2007 à 2012 avec des acteurs externes met en lumière des enjeux entre sciences/politiques, experts/décisionnaires ou développement industriel/environnement. Elle se développe autour d'« Aires Marines Protégées » (AMP), des instruments de conservations par zonage à la popularité croissante. Leur visée étant d'exclure les activités minières de vastes zones de haute mer, le projet semble aller à l'encontre du mandat extractif de l'organisation internationale. Mais le format de la négociation va les rendre compatible avec le projet de laisser ouvert un horizon « durable » pour les mines des grands fonds marins.
      The International Seabed Authority (ISA) is mandated to regulate the development of the deep-sea mining industry beyond national jurisdictions. Since its beginning in 1996, it has developed environmental policies. However, these remain linked to the mining mandate of the international organization. The environmental negotiations that took place from 2007 to 2012 with external “experts” highlights issues such as the divide between science/politics, experts/decision-makers or industrial development/environment. This international environmental negotiation was developed around "Marine Protected Areas" (MPAs), conservation instruments by zoning, which are increasingly popular. Their aim is to exclude mining activities from vast areas of the high seas, and the project seems to run counter to the international organization's extractive mandate. But the format of the negotiation seems, ultimately, to make them compatible with the idea of a "sustainable" deep-sea mining.
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