Contenu du sommaire : Perspectives économiques 2022-2023

Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Mir@bel
Numéro no 178, 2022
Titre du numéro Perspectives économiques 2022-2023
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Présentation générale - Éric Heyer, Xavier Timbeau p. 5-8 accès libre
  • Prévision

    • Partie I. Du coup de chaud au coup de froid : Perspectives 2022-2023 pour l'économie mondiale et la zone euro - Éric Heyer, Xavier Timbeau p. 9-129 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'activité économique mondiale a connu un fort rebond en 2021 : +5,8 % après une baisse du PIB de 3,5 % en 2020. Au début de l'année 2022, les problèmes d'approvisionnement ont persisté. L'invasion de l'Ukraine par la Russie a amplifié les tensions sur les prix de l'énergie, et plus particulièrement sur le prix du gaz, et fortement accru le risque géopolitique. Les ménages et les entreprises subissent les effets de ce choc via la baisse de leur pouvoir d'achat ou la hausse de leurs coûts de production. Pour lutter contre l'inflation, les banques centrales ont amorcé un resserrement de la politique monétaire qui se traduit par une remontée des taux. Sur le plan budgétaire, les gouvernements prennent des mesures visant soit à freiner la hausse des prix soit à amortir le choc sur les revenus. Le ralentissement de l'activité économique se confirmerait en fin d'année 2022 et au début de 2023. Pour autant, ce gel de l'activité serait temporaire. Les ménages parviendraient à amortir en partie la baisse de leur pouvoir d'achat en puisant dans l'épargne accumulée pendant la crise de la Covid. Sous l'hypothèse que la situation géopolitique ne se dégrade pas et ne conduise pas à une rupture d'approvisionnement en gaz, l'activité repartirait progressivement au deuxième trimestre 2023. Au niveau mondial, le PIB progresserait de 2,7 % en 2022 puis de 2 % en 2023. Quelques pays, notamment l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni subiraient une légère récession tandis que pour la France et les États-Unis, l'activité stagnerait.
      Global economic activity rebounded strongly in 2021, with GDP rising 5.8% following a 3.5% decline in 2020. Supply problems persisted at the start of 2022. Russia's invasion of Ukraine has ramped up tension on energy prices, particularly on gas prices, and greatly heightened geopolitical risks. Consumers and businesses are feeling the effects of this shock through reduced purchasing power and higher production costs. To combat inflation, central banks have begun tightening monetary policy, which is being reflected in higher interest rates. On the fiscal side, governments are taking measures either to curb price increases or to cushion the impact on incomes. The slowdown in economic activity should be confirmed at the end of 2022 and the beginning of 2023. This freeze in activity should, however, be temporary. Households will be able to cushion some of the decline in their purchasing power by drawing on the savings they built up during the Covid crisis. Assuming that the geopolitical situation does not deteriorate and there is no further disruption of gas supplies, activity should gradually recover in the second quarter of 2023. At the global level, GDP will grow by 2.7% in 2022 and 2% in 2023. Some countries, notably Germany, Spain and the United Kingdom, will experience a slight recession, while the economies of France and the United States stagnate.
    • Partie II. La croissance manque d'énergie : Perspectives 2022-2023 pour l'économie française - Éric Heyer, Xavier Timbeau p. 131-163 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'économie française encaisse de multiples chocs (hausse des prix de l'énergie, incertitudes et tensions géopolitiques, vagues du variant Omicron et difficultés d'approvisionnement, hausse des taux d'intérêts…) conduisant à une baisse de la croissance malgré les dispositifs budgétaires mis en place. Après avoir crû de 6,8 % en 2021, rattrapant partiellement la chute de 2020 (-7,9 %), le PIB n'augmenterait que de 2,6 % en 2022 et de 0,6 % en 2023. Cette prévision n'intègre pas d'effet lié à des ruptures ou un rationnement d'énergie. Le seul « choc énergie », comparable au premier choc pétrolier pour l'économie française, réduirait le PIB de 3,3 points mais les mesures budgétaires pour répondre à la crise énergétique amortiraient le choc à hauteur de 1,5 point en 2023, pour un coût budgétaire brut de 47 milliards d'euros (18 milliards en net).Avec un baril de pétrole à 100 dollars en 2023 et une revalorisation de 15 % des tarifs réglementés du gaz et de l'électricité, les prix de l'énergie augmenteraient de 22 % en 2022 et de près de 10 % en 2023. Le salaire mensuel de base (SMB) connaîtrait une hausse nominale de 3,4 % en 2022 et 3,8 % en 2023. Au total, l'inflation mesurée par l'IPC augmenterait, en moyenne, de 5,1 % en 2022 et de 4,6 % en 2023.Le revenu des ménages va fortement s'accroître au second semestre 2022 en raison des fortes revalorisations de l'été, compensant en grande partie les fortes pertes de revenu du premier semestre. En 2023, l'ajustement attendu sur le marché du travail va peser sur la dynamique de la masse salariale et le RDB réel baisserait de -0,3 % en 2023. Sur deux ans, malgré les mesures budgétaires et la revalorisation du SMIC, le pouvoir d'achat par unité de consommation se contracterait de 1,4 %, ce qui le ramènerait à un niveau proche de 2019. Le taux d'épargne passerait de 15,5 % actuellement à 17,4 % fin 2022 en raison de l'inertie de la consommation et de l'incertitude qui restera élevée en fin d'année. En 2023, le taux d'épargne se réduirait pour revenir en fin d'année à un niveau proche de son niveau d'avant-crise. La « sur-épargne » accumulée depuis 2020 atteindrait 11,7 % du RDB fin 2023.Après près de 240 000 emplois créés en 2022, la faible croissance en 2023 et l'ajustement progressif du sureffectif, évalué à plus de 500 000 emplois à la mi-2022, se traduiraient par des destructions d'emplois (-175 000). Dans ce contexte, après avoir atteint un point bas à 7,2 % au troisième trimestre 2022, le taux de chômage remonterait à 8 % en fin d'année 2023. Ce scénario suppose une relative stabilité du stock d'apprentis au cours des prochains trimestres, autour de 900 000.Sur l'ensemble de la période 2020-2023, les mesures exceptionnelles prises par le gouvernement pour faire face à la crise Covid puis à celle de l'énergie représenteraient un coût exceptionnel pour les finances publiques de 270 milliards d'euros, soit 10,8 % du PIB sur quatre ans.Après un déficit public à 8,9 points de PIB en 2020 et 6,4 points en 2021, celui-ci continuerait de baisser malgré les nouvelles mesures prises sur l'énergie, pour s'établir à 4,9 points de PIB en raison de l'extinction progressive des mesures d'urgence liées à la crise Covid et du fort rendement fiscal des prélèvements obligatoires. En 2023, le déficit public s'élèverait à 5,2 % du PIB, conséquence du ralentissement de la croissance et du moindre dynamisme attendu des recettes fiscales, de la hausse des charges d'intérêts et de la baisse structurelle des prélèvements obligatoires.Après une faible diminution en 2022 à 111,2 % du PIB (contre 112,5 % en 2021), la dette publique, au sens de Maastricht, ré-augmenterait en 2023 pour s'établir à 112,2 % du PIB.
      The French economy is experiencing multiple shocks (rising energy prices, geopolitical uncertainties and tensions, waves of the Omicron variant and supply difficulties, rising interest rates, etc.), leading to a decline in growth despite the fiscal measures taken. While GDP grew by 6.8% in 2021, which partially offset the fall in 2020 (-7.9%), it will increase by only 2.6% in 2022 and 0.6% in 2023. This forecast does not take into account any effect linked to energy disruptions or rationing.The “energy shock” alone, comparable to the first oil shock for the French economy, would reduce GDP by 3.3 points, but the fiscal measures taken to respond to this should cushion the shock by 1.5 points in 2023, at a gross cost to the budget of 47 billion euros (18 billion net).With oil at 100 dollars a barrel in 2023 and a 15% hike in regulated gas and electricity tariffs, energy prices should rise by 22% in 2022 and by almost 10% in 2023. The nominal basic monthly wage ( salaire mensuel de base – SMB) should rise in nominal terms by 3.4% in 2022 and 3.8% in 2023. In total, CPI inflation will pick up by an average of 5.1% in 2022 and 4.6% in 2023.Household income will go up sharply in the second half of 2022 due to these strong revaluations in the summer, largely offsetting the sharp losses in the first half year. In 2023, the expected adjustments in the labour market will weigh on wage hikes, and real GDI is expected to fall by -0.3% in 2023. Over two years, despite the fiscal measures and the revaluation of the minimum wage (SMIC), purchasing power per consumption unit should shrink by 1.4%, bringing it down to a level close to 2019.The savings rate should rise from the current 15.5% to 17.4% at end 2022 due to the inertia of consumption and the level of uncertainty, which will remain high at year end. The savings rate should fall back to a level close to its pre-crisis state by the end of 2023, at which point the "over-savings" accumulated since 2020 should reach 11.7% of GDI.After the creation of 240,000 jobs in 2022, weak growth in 2023 and the gradual adjustment of overstaffing, estimated at more than 500,000 jobs in mid-2022, should result in job losses (-175,000). In this context, the unemployment rate, after having fallen to a low of 7.2% in the third quarter of 2022, should rise to 8% by the end of 2023. This scenario assumes that the stock of apprentices will remain relatively stable over the next few quarters at around 900,000.Over the 2020-2023 period as a whole, the exceptional measures taken by the government to deal with the Covid crisis and then the energy crisis will represent a one-off cost for the public purse of 270 billion euros, or 10.8% of GDP over four years.The public deficit, which fell from 8.9 GDP points in 2020 to 6.4 points in 2021, should continue to narrow despite the new measures taken on energy, to 4.9 GDP points in 2022, due to the gradual fading out of the emergency measures linked to the Covid crisis and the high tax yield from compulsory levies. In 2023, the deficit should be slightly over 5.2% of GDP, as a result of the slowdown in growth and the expected lower intake from tax revenues, the rise in interest charges and the structural decline in compulsory levies.The public debt, in the Maastricht sense, fell slightly in 2022 to 111.2% of GDP (compared to 112.5% in 2021), but should rise again in 2023 to 112.2% of GDP.
  • Étude spéciale

    • Guerre en Ukraine et hausse des tensions internationales : quel impact sur le PIB ? : Analyse empirique de l'économie mondiale et de six pays avancés à partir d'un indicateur de « risque » géopolitique - Raul Sampognaro p. 165-184 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'invasion de l'Ukraine lancée par la Russie le 24 février 2022 a constitué un choc majeur pour l'économie européenne, déjà mise à mal par d'autres facteurs contraignants (difficultés d'approvisionnement, difficultés de recrutement). L'objectif de cette étude est d'expliciter la méthodologie employée dans les prévisions de mai et d'octobre 2022 de l'OFCE pour quantifier les effets de la montée du risque géopolitique sur son scénario de croissance. L'indicateur de risque géopolitique construit par Caldara et Iacoviello (2022) est mobilisé pour mesurer quantitativement le niveau des tensions en cours. En estimant la fonction de réaction du PIB aux chocs de tensions géopolitiques, nous estimons que la montée des tensions géopolitiques observée en 2022 expliquerait une baisse du commerce mondial des marchandises de 0,7 point (en volume) et une baisse de la production industrielle mondiale de 0,6 point. En outre, l'Allemagne pourrait perdre jusqu'à 1,1 point de PIB en 2022. Ailleurs, les effets sont plus faibles mais significatifs : 0,4 point de PIB en France, 0,3 point aux États-Unis, Italie et au Royaume-Uni. Enfin, la perte du PIB en Espagne serait de 0,2 point.
      Russia's invasion of Ukraine on 24 February 2022 delivered a major shock to Europe's economy, which was already suffering from other constraints (supply difficulties, recruitment difficulties). The goal of this study is to explain the methodology used in the OFCE's May and October 2022 forecasts to quantify the impact of rising geopolitical risk on its growth scenario. The indicator for geopolitical risk constructed by Caldara and Iacoviello (2022) is used to quantitatively measure the level of ongoing tension. By estimating the reaction function of GDP to geopolitical shocks, we estimate that the rise in geopolitical tension observed in 2022 could explain a fall in world trade in goods of 0.7 points (in volume) and a fall in world industrial production of 0.6 points. Furthermore, Germany could lose up to 1.1 GDP points in 2022. Elsewhere, the effects are smaller but significant: 0.4 GDP points in France, and 0.3 points in the US, Italy and the UK, with Spain suffering a loss of 0.2 points.
  • Liste des abréviations de pays - p. 189-191 accès libre