Contenu du sommaire

Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Mir@bel
Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques
Numéro No 2, 1982
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Chronique de conjoncture

    • Les contraintes de l'assainissement - Philippe Sigogne, Monique Fouet p. 5-41 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Ni franche reprise, ni dépression : l'activité économique mondiale semble, à l'automne 1982, devoir se stabiliser puis effacer lentement les pertes des trimestres récents. Car l'effort d'assainissement que certains pays ont entrepris atteint les autres et les condamne tous à l'expectative. L'acuité de la concurrence sur un marché mondial en stagnation rend cette rigueur d'autant plus nécessaire à chacun : l'austérité imposée aux pays en développement continuera à brider leurs importations, tandis que les politiques économiques appliquées dans les pays de l'OCDE n'y stimuleront guère la demande intérieure. La France est particulièrement pénalisée par la configuration actuelle des changes qui renchérit ses importations et ampute sa compétitivité. La dévaluation de juin a mis en évidence certaines faiblesses structurelles de nos échanges extérieurs. La politique économique vient d'accomplir un premier pas pour tenter d'y remédier : la hausse des charges qui pèsent sur les entreprises est freinée ; le blocage simultané des prix et des rémunérations évite d'aggraver brutalement leurs difficultés financières. Les mesures récentes vont corriger le partage des revenus et réduire le déficit extérieur au prix d'une pause de l'activité. Les résultats risquent toutefois d'être encore insuffisants pour rendre à l'industrie sa compétitivité dans l'environnement présent; ils permettent seulement d'attendre.
      It seems that we have reached the trough of the recession. None the less, a revival of world economic activity can hardly be expected in the coming months. Owing to the financial adjustments undertaken in many countries, the ground lost over recent months will only be recovered slowly. Moreover, economic policies must remain tight in the face of fierce competition on sluggish world markets. Domestic demand in OECD countries is therefore unlikely to be buoyant while the austerity imposed on developing countries will continue to curb their imports. France is particularly handicapped by present exchange rates which simultaneously increase the cost of imports and reduce competitivity. Economic policy has recently moved towards redressing certain weaknesses in the structure of foreign trade brought to light by the devaluation in June. The rise in production costs has been stemmed and the freezing of both prices and incomes should prevent any sudden worsening of the financial difficulties of the corporate sector. Recently adopted measures should rectify the pattern of income distribution and reduce the foreign trade deficit, though activity may suffer. However, in the present environment, the end result is more likely to be a breathing-space than a return to full industrial competitivity.
  • Une analyse comparative des structures du chômage en Europe - Dominique Gambier, Daniel Szpiro p. 43-68 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'aggravation du chômage est considérée comme une conséquence majeure d'une crise dont la particularité est d'être internationale. Une question surgit naturellement : puisque la même cause est partagée par tous les pays, qu'en est-il de ses effets ? On sait bien que les évolutions moyennes ont suivi des sentiers différents, mais peut-on discerner une tendance au rapprochement des structures du chômage ? A travers une description du chômage européen sur la période 1973-1979, l'objectif de cette étude est de fournir un début de réponse à cette question importante en ce qu'elle détermine les possibilités et les limites d'une politique commune de l'emploi au niveau de la communauté. Après avoir traité succinctement des problèmes de comparabilité, l'article décrit l'évolution du chômage global, en soulignant d'une part les décalages entre pays, d'autre part les évolutions divergentes de la dernière période. Une analyse des structures démographiques du chômage est menée afin d'étudier un éventuel resserrement des caractéristiques des chômeurs de chaque pays. On s'interroge ensuite sur le processus qui conduit au chômage (licenciement, démission, recherche d'un premier emploi ou reprise d'activité) et sur sa durée. La structure du chômage peut donc être analysée selon différents critères. En les prenant tous en compte, un essai de typologie des pays est proposé. L'une des conclusions de l'article est que la crise ne semble pas avoir contribué à une convergence des structures du chômage. Ce n'est donc pas dans cette dimension que la crise est internationale. Une politique commune européenne de l'emploi devrait être suffisamment différenciée pour pouvoir tenir compte des caractéristiques socio-économiques de chaque pays.
    The increase in European unemployment in the 1970's is often attributed to the « crisis » in the world economy. But has the common « crisis » given rise to similar unemployment experiences in different countries ? of course, aggregate unemployment rates vary between countries, but is its structure becoming more similar? the analysis addresses this question by providing a detailed description of unemployment in the member states of the EEC between 1973 and 1979. An answer to the question has, of course, significant policy implications since the possibility of a European response to unemployment may be limited by the extent to which it is the same problem for each country. In more detail, the discussion deals first with the problems of comparability and looks then at the evolution of national unemployment rates, paying particular attention to lags between countries and to developments in the latest period (1977-1979). We examine next wether, as unemployment has increased, the demograhic characteristics of the unemployed have become more similar across countries. This is followed by a discussion of the processes by which people enter unemployment (dismissal, resignation, voluntary spell away from work, seeking a first job) and we also examine the duration of unemployment. Then, using all these criteria, we look for a typology of the structures of unemployment of the member states of the EEC. One of the conclusions of the paper is that the « crisis » doesn't seem to have led to the emergence of more similar structures of unemployment in the various countries and, in this limited sense, it is difficult therefore to speak of an international « crisis ». An important consequence is that any common European policy must take into account the differing socio- economic characteristics of each country.
  • La fiabilité des prévisions macroéconomiques à court terme : 12 ans d'expériences françaises (1970-1981) - Alain Fonteneau p. 69-111 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article examine la « qualité » des prévisions économiques à court terme élaborées par douze organismes français sur la période 1970-1981. Les écarts prévisions-réalisations dépendent principalement des agrégats macro-économiques et de l'horizon prévisionnel considérés. L'erreur absolue sur le taux de croissance du PIB en volume est comprise entre 0,8 et 1,3 point, alors que la hausse des prix est prévue avec une erreur se situant entre 1,1 et 2,1 points par an. Sur l'ensemble de la période étudiée, les prévisionnistes ont péché par excès d'optimisme en surestimant la croissance du PIB en volume de 0,4 point tout en sous-évaluant l'inflation, en moyenne de 1,5 point par an. Pour cette variable, les prévisions des budgets économiques, du magazine L'Expansion et de Rexeco présentent un biais systématique plus important que celles des autres organismes étudiés. Une comparaison des différentes prévisions avec des prévisions fictives obtenues en utilisant des méthodes dites « naïves » montre que, sauf circonstances très particulières, les prévisionnistes reproduisent, dans leurs premières prévisions à court terme (12 à 18 mois), la tendance moyenne observée sur le passé récent. L'examen des performances obtenues par les conjoncturistes étrangers conforte les conclusions trouvées dans l'étude des prévisions françaises : les évolutions nominales sont sous-estimées, les échanges extérieurs ainsi que les fluctuations de l'investissement sont mal prévus, la croissance est, en moyenne, surestimée au cours des années 1970. La comparaison des erreurs de prévision entre le premier et le second « choc pétrolier » montre néanmoins que, en dépit des nouvelles secousses de l'économie mondiale, la prévision à court terme et l'établissement du diagnostic conjoncturel ont progressé, puisque les erreurs ont été souvent divisées par quatre.
    This paper considers the accuracy of the short-term economic forecasts of twelve French organizations over the period 1970-1981. Discrepancies between forecast and actual values depend mainly on the macro-economic aggregates and forecasting horizon considered. The absolute error on the rate of growth of real GNP is from 0.8 to 1.3 point while for the annual rate of inflation, it is from 1.1 to 2.1 points. In general, over the period in question, forecasters tend to over-optimism ; real GNP growth being on average overestimated by 0.4 point whereas annual inflation is underestimated by 1.5 point. > From a comparison of the various forecasts with results obtained by so-called « naïve methods », it can be seen that a forecast over a 12 to 18 months horizon normally follows the trend of the recent past. A survey of forecasts by foreign organizations confirms the conclusions of the paper. Nominal variables are underestimated, foreign trade and fluctuations in investment levels are badly forecast while GNP growth is, on the whole, overestimated. From the comparison of forecasting errors between the first and second oil shocks, it seems that, despite turbulence in the world economy, short-term forecasting and trade-cycle analysis have made some progress since, in many cases, the errors have been very considerably reduced.
  • Vers un renouveau du troc et de l'économie domestique ? - Henri Mendras, Michel Forsé p. 113-126 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'économie «informelle» est définie par les économistes en opposition aux activités économiques comptabilisables et en fonction des réglementations de la puissance publique, ce qui les enferme dans une contradiction : évaluer ce qui échappe à leurs comptes. Les sociologues proposent de retourner le point de vue en se plaçant du côté des acteurs dont ils veulent analyser les stratégies. Les échanges qui s'inscrivent dans des réseaux de sociabilité peuvent se comprendre en terme de troc, de don et de contre-don. Dans l'économie domestique, le producteur et le consommateur étant confondus, il n'y a pas d'échange. Dans tous ces cas, la comptabilisation est trop conventionnelle pour être significative ; par contre, l'étude des mécanismes permet d'esquisser les tendances. Les conséquences du chômage, la construction des maisons et les jardins potagers fournissent des illustrations de cette argumentation.
    Economists define the « informal » economy by applying the same rules as they use to evaluate activities which do enter their accounts. The difficulty which this implies might be significant since those categories are, almost by definition, not as relevant to the measurement and explanation of these phenomena. Sociologists propose an alternative viewpoint which recognizes explicitly the strategies employed by the actors whose activities they wish to analyse. For example, exchanges which take place within a social network can be understood in terms of barter or gift exchange and in such cases conventional national accounting procedures may not provide much insight. An analysis of the social mechanisms at work, though, may give some guide to the evolution of the « informal » economy and allow us to understand, for example, the implications of unemployment for such activities as home-improvement and the cultivation of kitchen-gardens.
  • Réflexions sur la crise économique mondiale - Jean-Marcel Jeanneney p. 127-155 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Alors que la crise de 1974-1975 avait été ressentie comme un épisode, l'actuelle récession suscite de profondes inquiétudes. Ni la théorie des cycles longs, ni celles d'un état stationnaire, rassurantes à certains égards, ne rendent compte de la situation présente. L'inflation est à la fois salariale et monétaire. Elle n'est guère limitée par les commerces extérieurs ; les changes flottants l'entretiennent par un jeu de cliquet. Le chômage persistant a des causes très diverses, notamment la rapidité des innovations, l'insuffisance de l'auto-financement des entreprises, des conditions trop inégales de concurrence internationale, la réduction des investissements et leur changement de nature. Les hausses du prix du pétrole n'ont été qu'un élément accidentel d'aggravation. Les risques de la conjoncture actuelle sont multiples. On peut craindre la poursuite de politiques restrictives de l'activité, l'éventualité d'inflations s'accélérant, une paralysie des initiatives privées, des insatisfactions ruineuses, une crise financière internationale ou un bouleversement trop rapide du commerce mondial. Cependant les chances de notre temps sont grandes : de prodigieux progrès techniques, la fin des illusions sur le collectivisme d'Etat, une meilleure conscience des problèmes nationaux et de la nécessité d'une coopération internationale.
    Whereas the « crisis » of 1974-1975 was thought to be a temporary problem, the present recession has caused much more concern. Indeed, neither the theory of long cycles nor that of the stationary state can account satisfactorily for the current situation. Inflation is related to the behaviour of both wages and money and is not constrained by the external balance because floating exchange rates allow it to continue by the operation of a ratchet effect. Persistent unemployment has a number of causes, among them rapid technical > change, the squeezing of retained profits, unfair international competition, and the reduction in the rate of investment. The increase in oil prices being only an accidental event which aggravated these more fundamental factors. In many ways the economic environment has become more incertain. Restrictive policies, the likelihood of accelerating inflation, the paralysis of private initiative, the international financial crisis and the rapid deterioration in international trading relationships : all are to be feared. Yet this is also a time of great possibilities : in prospect there is tremendous technical progress, the end of illusions about collectivism, a deeper understanding of national problems and of the need for international cooperation.
  • Summaries in english - p. 157-160 accès libre
  • Cahier de graphiques - Département des diagnostics de l'OFCE p. 160 accès libre