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Titre Chronique des tendances de la société française
Auteur Louis Dirn, Louis Chauvel, Michel Forsé, Henri Mendras, Laurent Mucchielli.
Mir@bel Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques)
Numéro no 57, 1996 Revue de l'OFCE n°57
Page 181-203
Résumé La réflexion sur l'évolution de la structure de la société française a été au centre de la campagne présidentielle. La contestation des élites et l'importance accordée par les médias à la pauvreté relèvent de la même inquiétude : la société française est-elle en train de se fracturer ? Les sociologues se sont peu exprimés sur cette question, pourtant centrale dans leur discipline, parce que les schémas d'analyse traditionnels sont remis en question et qu'ils tâtonnent à la recherche de nouveaux modèles. Dans de précédentes chroniques nous avons présenté des analyses de la répartition des revenus ; ici on trouvera trois points de vue complémentaires : • L'analyse des diplômes et des revenus moyens par catégorie socioprofessionnelle incite à penser qu'une fracture est en passe d'éloigner les catégories supérieures des autres catégories au sein desquelles il est difficile de différencier ouvriers, employés et professions intermédiaires. • L'évolution quantitative des catégories professionnelles dans la dernière période intercensitaire montre que ce sont les catégories supérieures qui sont en croissance la plus rapide, alors que dans les années soixante les professions intermédiaires croissaient le plus vite : à la << moyennisation » succéderait une « élitisation ». • Si la position professionnelle est moins déterminante que par le passé pour fixer la position sociale d'un individu et si le genre de vie devient plus déterminant, les pratiques culturelles doivent être scrutées avec soin. Les statistiques sur les pratiques culturelles dont nous disposons montrent une remarquable stabilité du clivage entre public « cultivé » et public « populaire » malgré la scolarisation massive et l'omniprésence de la télévision^ comme s 'il existait deux écoles et deux télévisions. Ces trois angles de vue induisent à conclure que la structure sociale française subit une nouvelle mutation qui conduirait à une opposition entre les catégories supérieures (15 % de la population) et l'ensemble de la nation au sein de laquelle les différences et les inégalités sont nettement moins marquées. Enfin une comparaison de la criminalité dans les différents pays européens confirme que l'urbanisation et l'enrichissement sont les facteurs qui influencent le plus l'augmentation de la criminalité et que la France se situe dans la moyenne entre l'Angleterre, l'Allemagne et la Scandinavie d'une part et les pays méditerranéens d'autre part.
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1996_num_57_1_1425