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Titre La langue des paumés
Auteur William Labov
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro vol. 17, no. 1, 1977
Page 113-129
Résumé Cet article est extrait d'un ouvrage où William Labov s'attaque à une tâche sociolinguistique concrète : décrire ce qu'il appelle le vernaculaire noir-américain (VNA), autrement dit le dialecte anglais «relativement uniforme» parlé par les Noirs des Etats-Unis dans les grandes villes (New York, Détroit, Los Angeles, etc.). Relativement uniforme, cela veut dire que, abstraction faite de quelques variations géographiques, le VNA s'oppose en bloc, au plan horizontal, à chacun des autres dialectes anglais. Mais il ne s'ensuit pas qu'il n'est pas sensible à la différenciation sociolinguistique, en tant qu'il s'inscrit verticalement dans le continuum qui va du «dialecte pur» à l'anglais standard. Pour le démontrer, Labov choisit deux groupes de jeunes Noirs aussi proches qu'il est possible : vivant tous à Harlem, dans le même environnement socioculturel, et appartenant à la même classe sociale, la lower class, ils ne se distinguent que par le fait que les uns (les «affranchis») sont membres de bandes de jeunes, alors que les autres (les «paumés») sont isolés, extérieurs à ces bandes. En d'autres termes, les premiers participent pleinement à une certaine culture -«la culture des rues»- et les seconds, sans y être étrangers, n'y sont pas vraiment intégrés. Or, cette différence entre les deux groupes, somme toute légère en regard de ce qui les unit, est suffisante pour que les grammaires qu'ils emploient divergent sur un certain nombre de points précis et formalisables, phonologiques, syntaxiques et stylistiques, divergence qui se traduit par le fait que, sur tous ces points, les «paumés» sont plus proches des variétés plus standard de l'anglais que ne le sont les «affranchis». Par-delà le problème précis qui est ici traité, l'article de Labov démontre à quel degré de finesse peut atteindre la variation sociolinguistique et, donc, la validité de l'étude sociolinguistique lorsqu'elle sait échapper aux généralités du type «classe et langage».
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais The Linguistic Consequence of Being a Lame This article is extracted from Language in the Inner City in which William Labov tackles a concrete problem of sociolinguistics : to describe what he calls black American vernacular, that is to say, the «relatively uniform» English dialect spoken by blacks in the large cities of the United States (New York, Detroit, Los Angeles, etc.). Relatively uniform signifies here that, with the exception of certain geographie variations, this vernacular can be contrasted as a whole, on the horizontal plane, with each of the other English dialects. But this does not mean that it is un-susceptible to sociolinguistic differentiation ; for, vertically, it lies within the continuum extending from «pure dialect» to standard English. To show this, Labov chooses two groups of young blacks which are as similar as possible. All of the youths involved live in Harlem, in the same socio-cultural environment, and belong to the same social class, i.e. the lower class, the only difference between them is that those in the first group (the «members») are members of youth gangs, whereas those in the second (the «lames») live isolated lives, outside these gangs. Put in other terms, the former participate fully in a certain culture -«street culture»- while the latter, though not foreign to it, are not truly integrated in it, either. Now, this difference between the two groups, although really quite small compared to what unites them, is sufficient to cause the grammars used in them to diverge on a number of precise, formalizable points pertaining to phonology, syntax, and stylistics. This divergence is manifest in the fact that, with regard to ail these points, the «lames» are closer to the more standard varieties than the «members». Beyond the specifie problem treated here, Labov's article demonstrates the degree of subtlety that can be reached by sociolinguistic variation and, therefore, the validity of sociolinguistic research when it avoids the kind of generalities usually found in discussions of «class and language».
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1977_num_17_1_2579