Titre | La chaîne dans une usine hongroise | |
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Auteur | Istvàn Kemény | |
Revue | Actes de la recherche en sciences sociales | |
Numéro | vol. 24, no. 1, 1978 | |
Page | 62-77 | |
Résumé |
La chaîne dans une usine hongroise On admet, le plus souvent, que le travail à la chaîne, quel que soit le régime politique, impose aux ouvriers des cadences de travail et leur enlève toute autonomie et toute initiative. L'observation ethnographique, en Hongrie, du fonctionnement d'une chaîne de montage de motocyclettes et la réalisation d'interviews approfondis auprès des ouvriers montrent qu'il n'en est pas nécessairement ainsi. D'une façon générale, la régularité de la fabrication se heurte au fait que les ouvriers ne sont jamais totalement interchangeables. Dans le cas de l'industrie hongroise, l'absence d'outils standardisés et les multiples malfaçons qui entachent les pièces détachées s'y ajoutent pour empêcher l'instauration d'une cadence parfaitement normalisée de la chaîne de montage. Dans la mesure où la direction de l'usine est moins soumise aux demandes des consommateurs qu'aux impératifs de production formulés par le pouvoir politique, elle se préoccupe sans doute moins de fabriquer des motocyclettes de bonne qualité que de respecter, d'une façon souvent formelle, les normes de production fixées par le Plan. Parce que l'usine ne peut fournir, dans les conditions normales de fonctionnement, le nombre de motos prévu par les normes, une grande partie du travail est effectué en heures supplémentaires, celles-ci étant tout aussi indispensables aux ouvriers dont les salaires sont insuffisants qu'aux dirigeants de l'entreprise qui peuvent ainsi respecter le plan de production, un certain équilibre de pouvoir s'établissant de ce fait entre les ouvriers et les dirigeants. Les ouvriers les plus entraînés peuvent réglementer d'une façon relativement souveraine leur cadence de travail ; ils peuvent choisir également les outils et les méthodes de travail ; mais s'ils ont une assez grande autonomie, et maîtrisent la technologie, ils ne peuvent pas intervenir en ce qui concerne la quantité et la qualité de la production. Source : Éditeur (via Persée) |
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Résumé anglais |
The Assembly-Line in a Hungarian Factory. It is widely agreed that assembly-line work, what-ever the political regime may be, imposes on workers certain working-rhythms and takes from them all autonomy and all initiative. Ethnographical observation, in Hungary, of the running of a moped assembly-line and in-depth interviews carried out with the workers show that this is not necessarily the case. Broadly speaking, the regularity of production is obstructed by the fact that the workers are never totally interchangeable. In the case of Hungarian industry, the absence of standardised tools and the many defects which mar the spare parts are added factors preventing the establishment of a perfectly normalized assembly-rhythm. To the extent that the management of the factory is less subject to consumer demands than to the production targets set by the political power, it is doubtless less concerned with producing good-quality mopeds than with respecting, frequently in a purely formal manner, the production norms fixed by the Plan. Because the factory cannot deliver, under regulation working conditions, the number of motor-cycles provided for by the norms, a large part of the work is effected in overtime, this latter being as essential to the workers whose salaries are inedaquate as to the managers of the firm who can thus respect the production plan. In consequence to this a certain balance of power results between workers and managers. Higher-skilled workers can regulate their working rhythm to a relatively supreme degree; they can also choose the tools and the work-methods; but, if they do enjoy fairly great autonomy, and master technology, they have no say in matters concerning the quantity and quality of production. Source : Éditeur (via Persée) |
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Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1978_num_24_1_2616 |