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Titre Les trois états du capital culturel
Auteur Pierre Bourdieu
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro vol. 30, no. 1, 1979
Page 3-6
Résumé Les trois états du capital culturel. La notion decapital culturel a été construite pour rendre compte de l'inégalité des performances scolaires, en mettant d'emblée l'accent sur l'inégale distribution entre les classes des instruments nécessaires à l'appropriation des biens culturels (e.g. œuvres d'art). Les propriétés du capital culturel existant à l'état incorporé, i.e. intériorisé sous forme de disposition permanente et durable (habitus), sont pratiquement réductibles au fait qu'il s'agit d'une forme de capital identifié aux individus : son accumulation demande du temps, bien social difficile à s'approprier par procuration; il demande un investissement personnel; son accumulation est limitée par les limites biologiques de son support, etc. Ces propriétés spécifiques qui, étant perçues comme liées à la personne, ajoutent aux avantages de l'héritage les apparences de l'inné et les vertus de l'acquis, et font du capital culturel incorporé le moyen de transmission légitime par excellence du patrimoine lorsque les formes directes et visibles de transmission tendent à être socialement considérées comme illégitimes. Les biens culturels (livres, tableaux, machines), capital culturel à l'état objectivé, sont transmissibles instantanément et appropriables formellement dans leur matérialité, mais les conditions de leur appropriation spécifique sont soumises aux mêmes lois de transmission que le capital culturel à l'état incorporé. Le capital culturel peut exister enfin sous la forme institutionnalisée de titres scolaires, qui, comme la monnaie, sont relativement indépendants par rapport au porteur du titre. Cette forme certifiée et garantie du capital culturel permet de poser le problème des fonctions sociales du système d'enseignement et d'appréhender pratiquement les relations qu'il entretient avec le système économique.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais The Three Stages of Cultural Capital. The concept of cultural endowment was developed to account for inequalities in academic performance, by stressing the inequality in the way in which the tools for the appropriation of cultural assets such as works of art were distributed. The diverse properties of this cultural endowment are literally 'incorporated'; that is, interiorised in the form of a set of permanent and lasting attitudes. The capital itself is in a sense identified with individuals; its accumulation requires time, which is a social asset that can not be acquired by proxy; it demands a personal investment of energy; the biological limitations of its System of maintenance are the limitations to its own capacity for accumulation. These specific properties, which are seen as being linked to the individual, enhance the advantages of the system of inheritance by having both the appearance of something in-born and at the same time acquired. This means that 'incorporated' cultural capital becomes the predilect means of the legitimate transmission of the human heritage at times when direct and visible forms of transmission fall into disfavour. Cultural assets (books, paintings, machines), which are the objectified counterpart to cultural capital, are transmissible immediately and may be appropriated formally as material objects. But in any one case of their transmission, they are subject to the same strictures as apply to 'incorporated' cultural capital. A last instance of cultural capital is that of academic qualifications. These, like coins, are relatively independent in value of their bearers. This certified and guaranteed form of cultural capital raises the whole question of the social functions of the educational system and may lead into a practical awareness of the relationship between cultural capital and the economic system.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1979_num_30_1_2654