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Titre Honnêtes gens en l'an IV : les mots, enjeu et reflet des luttes politiques
Auteur François Wartelle
Mir@bel Revue Mots. Les langages du politique
Numéro no 9, octobre 1984 Michel Pêcheux. Analyse de discours. Mots dans l'histoire : individu, subsistances, patronat, honnêtes-gens
Rubrique / Thématique
II. Lexicométrie
Page 167-188
Résumé LES MOTS, ENJEUX ET REFLETS DES LUTTES POLITIQUES: HONNÊTES GENS EN L'AN IV (1795-1796) L'expression honnêtes gens connaît un succès sans précédent dans la presse républicaine entre l'insurrection royaliste manquée du 5 octobre 1795 et l'échec de la conspiration babouviste du 10 mai 1796. Les emplois du terme sont d'abord peu nombreux, d'horizons politiques divers et pas tous péjoratifs; ils deviennent plus abondants, plus univoques et fortement dévalorisants à mesure que s'accentue la poussée démocratique. Une polémique sur la définition du terme divise le camp républicain. Les tenants de l'orthodoxie lexicale cherchent à conserver au terme sa valeur culturelle (pluriel ď honnête homme). Au contraire, la plupart des républicains unitaires jouent de l'association établie en 1793-1794 (honnêtes gens = aristocrates), occultent les antagonismes intrarépublicains et tentent de faire du vocable l'équivalent de chouans, de contre-révolutionnaires. Pourtant, sous la pression de la faction démocratique (Babeuf et Lebois), les connotations sociales (honnêtes gens = riches) deviennent prépondérantes au printemps 1796. Dès lors, les modérés, incapables de contrôler le glissement sémantique, préfèrent abandonner le terme qui devient l'apanage des seuls patriotes prononcés.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais WORDS AS STAKES AND REFLECTIONS OF THE POLITICAL FIGHTS: HONNÊTES GENS DURING FRENCH REVOLUTIONARY YEAR IV (1795-1796) Honnêtes gens finds an unprecedented success in the republican press from the royalist riot's defeat of October 5th 1795 to the unsuccessful babouvist's plot of may 10th 1796. The occurrences of the term are initially few in number, originate in various political horizons and are always pejorative; they become more abundant, more uniform and strongly devalorised, as the democratic movement gains momentum. A polemic about the definition rises and splits the republican party. The lexical orthodoxy supporters try to keep to the word the cultural sense (honnêtes gens as a plural of honnête homme. On the contrary, most of the unitary republicans play with the ambiguity established in 1793-1794, (honnêtes gens = aristocrats), conceal the intrarepublican antagonisms and try to make h.g. an equivalent of chouans or contre-révolutionnaires. However, pressed on by the democratic faction (Babeuf, Lebois) the social connotations (h.g. = the rich) become preponderant during the spring of 1796. From then on the moderates, unable to control the shift in meaning, choose to abandon the phrase which is used by true patriots exclusively.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1984_num_9_1_1170