Contenu de l'article

Titre L'identité nationale saisie par les logiques de racisation. Aspects, figures et problèmes du racisme différentialiste
Auteur Pierre-André Taguieff
Mir@bel Revue Mots. Les langages du politique
Numéro no 12, mars 1986 Numéro spécial. Droite, nouvelle droite, extrême droite. Discours et idéologie en France et en Italie
Page 91-128
Résumé L'IDENTITÉ NATIONALE SAISIE PAR LES LOGIQUES DE RACISATION Le terme-carrefour ďidentité, à la fois indispensable et obscur, donne lieu à plus d'un paradoxe dans ses usages idéologico-politiques. L'antinomie, centrale, de l'individuo-universalisme (absolutisation de l'individu) et du communautarisme (absolutisation d'un type exclusif d'appartenance collective) sous-tend les conflits prenant la forme de l'opposition entre nationalisme-racisme et humanitarisme-antiracisme. Trois opérations caractérisent depuis quinze ans les discours de langue française : la « racialisation » des lexiques de la culture, de la religion, des traditions et mentalités ; le déplacement rhétorique de l'argument inégalitaire à l'argument différentialiste (on nomme « mixophobie » ou hantise du mélange la forme désormais dominante du racisme intégré au nationalisme, dont la vulgate est propagée par le discours national-populiste (Le Pen) et la légitimation savante fournie par le différentialisme de la nouvelle droite) ; l'usage systématique de la stratégie de « rétorsion », définie comme opération de reprise-appropriation, détournement et retournement d'un argument adverse. Imbrication du nationalisme et du racisme : les argumentations racistes peuvent aussi bien légitimer que contester les doctrines nationalistes au nom des sciences anthropologiques. L'analyse de textes récents de Le Pen fait distinguer trois logiques de racisation : différentialiste, préférentialiste, inégalitariste.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais NATIONAL IDENTITY FRAMED IN THE LOGICS OF RACISATION The cross-roads term « identity », both essential and abstruse, gives place to some paradoxes in the field of ideologico-political discourse. The antinomy between individuo-universalism (absolutization of individual) and communitarism (absolutization of an exclusive type of group belonging) mainly underlies most of the conflicts taking the form of the opposition nationalism-racismlhumanitarism-antiracism. Three operations characterize the last fifteen years of French racist speeches : the « racialization » of vocabularies of culture, religion, traditions and mentalities ; the rhetorical shifting from the inegalitarian argument to the differencialist argument - (Mixophobia is the term suggested for designating the presently dominant form of racism integrated in nationalism, the bible of which being propagated by the national-populist discourse (Le Pen) and legitimated by the differentialism of the New Right) - ; the systematic use of a strategy of « retortion », defined as an operation of re-using- appropriation, self-legitimation and dis-legitimation of the ennemy. When interweaving nationalism and racism, the racist arguments can both justify and contest nationalist doctrines in the name of bio-anthropological sciences. An analysis of J.M. Le Pen's recent texts cause to distinguish three logics of racisation : differentialist, preferentialist and inequalitist.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1986_num_12_1_1225