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Titre Du "bastion" au "ghetto" Le communisme municipal en butte à l'immigration
Auteur Olivier Masclet
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 159, septembre 2005 Politique des espaces urbains
Rubrique / Thématique
Politique des espaces urbains
Page 10
Résumé Comment la surreprésentation des immigrés dans les quartiers populaires a-t-elle peu à peu été érigée en « problème » ? On peut en rendre compte en étudiant comment la thématique de la « mixité sociale » a pris forme, d'abord dans les municipalités communistes puis dans les villes de banlieue où les grands ensembles ont été construits. Confrontées à la reprise de l'immigration après la Seconde Guerre mondiale, les municipalités communistes ont cherché à défendre la rénovation de leur territoire contre l'installation jugée trop importante des immigrés. La « lutte contre les ghettos », qu'elles popularisent, exprime d'abord leur dénonciation des logiques étatiques et patronales qui sont à l'origine du rassemblement des étrangers dans les communes ouvrières. Cette mobilisation montre au demeurant que la rénovation urbaine des villes ouvrières contribue à dresser de nouveaux obstacles à l'intégration des immigrés qui, localement, sont privés de la légitimité du statut de travailleur. Si cette thématique se resserre dans les décennies suivantes sur le seul objectif d'un « équilibre des populations » dans les cités HLM, c'est qu'elle est désormais portée par un groupe plus large de maires qu'unissent la présence des grands ensembles dans leurs communes et la volonté de réduire les effets négatifs associés aux transformations de leur peuplement. Ainsi les causes des « problèmes » des habitants des quartiers, principalement liées aux processus de précarisation sociale, sont-elles peu à peu évacuées au profit de la seule dénonciation de la concentration spatiale des pauvres et des immigrés.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In order to understand how the over representation of immigrants in working-class districts has been progressively framed as a “problem,” it is necessary to analyze the notion of “social diversity” as it first emerged in Communist municipalities, before spreading to suburban towns where high-density housing complexes were being built. Confronted with the revival of immigration after the end of the Second World War, Communist municipalities sought to protect their urban renewal projects against immigrant settlements that they deemed too large. The “fight against the ghettos” that they popularized was also a way to denounce the state- and employer-driven logic leading to the concentration of foreigners in working-class communities. This mobilization suggests that the urban renovation of working-class towns contributed to raising new obstacles to the integration of immigrants, who were locally deprived of the legitimacy associated with the status of worker. If this theme narrowed down to a preoccupation with “population balance” within the council-estate blocks (HLM) over the course of the following decades, it is because a wide group of mayors were concerned by the presence of high-density housing complexes in their communities and were intent on limiting the negative effects associated with changing social composition of their inhabitants. While they were mostly related to a growing social and economic insecurity, the causes of the “problems” experienced by the inhabitants of these districts were progressively reduced to the denunciation of the spatial concentration of the poor and immigrants.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_159_0010