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Titre L'impérialisme moral. Les juristes et l'impérialisme américain (Philippines, Indonésie)
Auteur Dezalay Yves, Garth Bryant
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 171-172, mars 2008 Politiques impérialistes
Rubrique / Thématique
Dossier : Politiques impérialistes
Page 40-55
Résumé Cet article vise à montrer les continuités entre la politique d'impérialisme moral, expérimentée à l'occasion de la colonisation des Philippines par les États-Unis au début du XXe siècle, et les stratégies de domination symbolique qui leur ont permis de s'imposer comme puissance hégémonique à la faveur de la guerre froide. En effet, les lawyers de Wall Street, qui furent les architectes de cette stratégie de légitimation de la colonisation, sont aussi les pères fondateurs du Foreign Policy Establishment, dont les réseaux ont conçu les stratégies et géré les institutions de la guerre froide. Dans les deux cas, cet impérialisme revendique son idéalisme, tout en s'appuyant sur une politique clientéliste : tant localement au sein des institutions d'État, que mondialement par la mise en place de réseaux éducatifs et philanthropiques qui assurent la sélection et la formation d'élites professionnelles modernistes et respectueuses des normes démocratiques. Cette politique hégémonique, qui se développe en complément aux interventions militaires, se trouve ainsi relayée et amplifiée par l'influence de ces élites périphériques, reconverties en « amis de l'Amérique». Afin de montrer la genèse de ces effets d'homologie, l'article analyse ensuite les trajectoires d'héritiers des juristes coloniaux, exclus du pouvoir par Soekarno, puis réinventés avec l'appui de la Fondation Ford autour de la figure hybride de défenseur des idéaux de justice et d'entrepreneur du droit des affaires, conformément au modèle imposé par l'élite juridique américaine.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This article stresses the continuities between the US policy of moral imperialism, implemented during the colonization of the Philippines in the early 20th century, and the strategies of symbolic domination that buttressed US hegemony during the Cold War. The Wall Street lawyers who sought to make colonialism legitimate also happen to be the founding father of the foreign policy establishment, which later mobilized its networks to oversee the strategies and the institutions of the Cold War. In both cases, imperialism blended idealism and clientelistic policies locally, within state institutions, but also internationally, through the establishment of educational and philanthropic networks that ensured the selection and the training of modernist professional elites upholding democratic norms. This hegemonic policy that unfolds in parallel to military interventions is relayed and amplified by the influence of these elites in the periphery, often reconverted into “friends of the United States”. The article then proceeds to analyze these homologies by tracing the trajectories of the heirs of colonial jurists, first expelled from power by Sukarno and later reinventing themselves, with the assistance of the Ford Foundation, as both defenders of a law-based ideal of justice and corporate law entrepreneurs, following a model imposed by the US legal elite.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_171_0040