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Résumé |
Depuis le début du XXe siècle, se sont succédé en Iran quatre générations d'intellectuels. La première a vu officiellement le jour sous la Révolution constitutionnelle (1906-1911), et se réclamait d'un pluralisme politique entretenant des relations ambiguës avec l'islam. La seconde, sous Réza Shah, dans les années 1930 et 1940, se réclamait du nationalisme ou du marxisme, l'islam étant marginal dans leur horizon intellectuel. La troisième génération, à partir des années 1960, revient à l'islam et y puise les ressources pour lutter contre l'autocratie du chah et l'impérialisme occidental. L'islamo-marxisme en est la conséquence pour la grande majorité d'entre eux. Enfin, après la Révolution islamique s'ouvre, dans les années 1990, une nouvelle période où les intellectuels « religieux » (rowshan fekran dini) présentent une version pluraliste de l'islam qui remet en cause la théocratie islamique au nom d'un islam spirituel ou qui laisse le champ politique à la société. Cette nouvelle version de l'islam remet en cause le gouvernement du Jurisconsulte Islamique (velayat faqih) sur lequel est fondée la République Islamique d'Iran. L'opposition intellectuelle au pouvoir se décline désormais pour la première fois de manière explicite à partir d'une vision qui entend concilier islam et démocratie. |