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Titre Les chiites de la province saoudienne du Hasa : une minorité « nationale » stratégique au cœur des enjeux ethno-confessionnels régionaux
Auteur Rigoulet-Roze David
Mir@bel Revue Hérodote
Numéro no 133, 2ème trimestre 2009 Le Golfe et ses émirats
Page 108-135
Résumé Les dirigeants de plusieurs pays arabes sunnites expriment régulièrement, dans le prolongement du renversement de Saddam Hussein en 2003, suivi de l'accession au pouvoir d'une majorité arabe chiite en Irak, leurs craintes que cela ne galvanise les ambitions des autres chiites du monde arabe. Ces craintes sont particulièrement vives dans les pétromonarchies du Golfe où vivent d'importantes minorités chiites, quand ces dernières ne sont pas tout simplement majoritaires comme à Bahreïn (la population du petit royaume est environ à 70% d'obédience chiite). Plus que tout autre, le royaume d'Arabie saoudite, par ailleurs champion du rigorisme sunnite dans sa variante wahhabite – laquelle se caractérise entre autres par une forme virulente d'hostilité envers le chiisme dont se réclament pour tant une minorité de ses «nationaux» –, a donc la hantise d'une forme de «syndrome chiite» potentiellement déstabilisateur pour la pérennité du régime. Les chiites représentent environ 10% de la population saoudienne et plus du tiers des habitants de la province orientale et ô combien stratégique du Hasa qui recèle la quasi-totalité des ressources pétrolières du royaume. Ils sont généralement d'origine irakienne et gardent en mémoire le lourd passif des persécutions causées par l'islam wahhabite des Al-Saoud dont la dynastie s'est unilatéralement octroyé la garde du Haram al-Charif («Lieux saints») constitué par les mosquées de La Mecque et de Médine, un privilège jugé indu par certains pays musulmans, notamment par la République islamique de l'Iran chiite. Depuis l'avènement d'une majorité chiite en Irak, les dirigeants saoudiens craignent par-dessus tout un effet de contagion des revendications de leur minorité chiite avide de reconnaissance, et stigmatisent l'émergence d'un «Croissant chiite» qui serait instrumentalisé par Téhéran pour développer son influence, voire établir une forme d'hégémonie régionale
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The Shiites of Saudi province of Hasa: a few “national” strategic issues at the heart of regional ethno-confessional The leaders of several Sunni Arab countries regularly expressed fears that the aftermath of the overthrow of Saddam Hussein in 2003, followed by the accession to power of a Shiite Arab majority in Iraq, would galvanize the ambitions of other Shiites in the Arabic world. These fears are particularly acute among the oil monarchies of the Gulf where there are substantial Shia minorities, or even majorites in Bahrain (the population of the small kingdom is about 70% Shiite adherents). More than any other, Saudi Arabia worries about a form of «Shiite syndrome» likely to challenge the regime, which champions Sunni rigorism in its Wahhabi variant – characterized by a virulent hostility to Shi'ism to which belong, nonetheless, a minority of the nation. Shiites represent about 10% of the Saudi population and over a third of the Eastern Province, a highly strategic place for the Hasa hold almost all the oil resources of the kingdom. They usually come from Iraq and bear the heavy burden of persecution caused by the Wahhabi Islam of Al-Saud dynasty. The dynasty was unilaterally granted custody of the Haram al-Sharif («Holy Places»), consisting in mosques of Mecca and Medina, a privilege deemed unfair by some Muslim countries, especially by the Islamic Republic of Iran Shia. Since the advent of a Shia majority in Iraq, the Saudi leaders fear above all a contagion effect of the claims of their Shiite minorities, eager to get recognition. They are concerned about the emergence of a «Shia Crescent» manipulated by Tehran to expand its influence, or even establish a form of regional hegemony.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=HER_133_0108