Contenu de l'article

Titre L'ombre du soldat de bronze
Auteur Chalvin Antoine
Mir@bel Revue Le Courrier des Pays de l'Est
Numéro no 1062, juillet-août 2007 Europe centrale et orientale
Rubrique / Thématique
Estonie 2006-2007
Page 6-16
Annexes Bibliographie, Chronologie, Tableaux
Mots-clés (matière)croissance économique élections législatives élections présidentielles émeutes gouvernement internet minorité situation économique vie politique
Mots-clés (géographie)Estonie Russie
Résumé En 2006 et 2007, l'Estonie a connu deux échéances électorales majeures. Le Parlement ayant échoué par trois fois à élire le président de la République, ce fut le collège électoral qui, le 23 septembre 2006, porta à la magistrature suprême Toomas Hendrik Ilves, député européen social-démocrate, ancien ministre des Affaires étrangères, qui, étant donné sa personnalité, devrait redonner au pays une visibilité internationale. Puis le 4 mars 2007, des élections législatives donnèrent la victoire au Parti de la réforme du Premier ministre sortant, Andrus Ansip, reconduit dans ses fonctions et qui, bien qu'avec de nouveaux partenaires de coalition, poursuit la politique menée avec l'équipe précédente, notamment en matière économique. Celle-ci a fait ses preuves : la croissance, tirée par la demande intérieure et extérieure et efficacement soutenue par les capitaux étrangers, a enregistré le taux record de 11,4 % en 2006. Ce dynamisme a cependant des effets contradictoires : s'il se traduit par un recul du chômage, il entraîne aussi, dans certains secteurs, une pénurie de main-d'œuvre, aggravée par l'émigration de travail, et partant, des hausses de salaires qui alimentent celle des prix, à laquelle concourt également l'alignement de certaines taxes sur les normes européennes. L'inflation est, certes, le seul des critères de Maastricht à ne pas être rempli par l'Estonie, mais son niveau élevé et de nature structurelle pourrait la contraindre à attendre jusqu'à 2010-2011 pour entrer dans la zone euro. Autre ombre au tableau, la brusque montée de la tension entre Tallinn et Moscou, provoquée par la décision, prise en avril 2007 par les autorités estoniennes, en application d'une loi, de déplacer du centre-ville pour le mettre dans un cimetière militaire un monument aux soldats de l'Armée rouge morts pendant la Seconde Guerre mondiale, qui cristallisait les tensions entre russophones nostalgiques de l'URSS et nationalistes estoniens. Si les réactions des dirigeants et des militants extrémistes ont été aussi maladroites en Estonie que disproportionnées en Russie, cette crise n'en révèle pas moins les insuffisances de la politique d'intégration de la communauté russophone menée dans le pays depuis les années 1990.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Estonia In the Bronze Soldier's Shadow Two important elections took place in Estonia between 2006 and 2007. As the Parliament had thrice failed to elect the Republic's president, it was the electoral college which on September 23,2006 named Toomas Hendrik Ilves, a social democrat European deputy and former Foreign minister, to the presidency, and who, considering his personality, should return the country to some international prominence. Subsequently, on March 4,2007, the Reform Party of outgoing Prime minister, Andrus Ansip, was victorious in the legislative elections, and he remained in office, albeit with new coalition partners, and is continuing the policies, the economic policies in particular, of the previous government. They have a solid track record : growth enhanced by domestic as well as foreign demand and bolstered by foreign capital reached a record 11.4 % in 2006. The repercussions are, however, contradictory : a decline in unemployment and, in some sectors, a labor shortage worsened by emigration has resulted in salary rises which along with tax hikes in line with European requirements have increased prices. Inflation is the only Maastricht criteria which Estonia has not met, but its level and structural nature could oblige the country to wait until 2010-2011 to enter the Euro zone. Another area of concern is the abrupt increase in tension between Tallinn and Moscow, resulting from the Estonian government's April 2007 decision, pursuant to a law, to move a monument to Red Army soldiers, victims of the Second World War, from downtown to a military cemetery, bringing tensions between Russian-speakers nostalgic for the USSR and Estonian nationalists to a head. Although reactions of the leadership and militant extremists were as awkward in Estonia as they were disproportionate in Russia, the crisis reveals the inadequacies of integration policies aimed at the Russian-speaking population carried out since the 1990s.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CPE_074_0006