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Titre Les formes élémentaires de l'effervescence collective, ou l'état d'esprit prêté aux foules
Auteur Nicolas Mariot
Mir@bel Revue Revue Française de Science Politique
Numéro Vol. 51, no 5, 2001
Rubrique / Thématique
Articles
Page 707-738
Mots-clés (matière)comportement croyance manifestation mouvement social opinion publique science politique sociologie
Mots-clés (géographie)Monde
Résumé Cette étude interroge la place tenue par l'observation des comportements collectifs dans les démonstrations du caractère intégrateur des rassemblements de masse. Depuis Durkheim et sa notion d'effervescence sociale, celles-ci reposent en effet sur une opération de pensée d'appa­rence évidente mais qui pose d'importants problèmes dans le cadre de l'analyse défoules. Cette logique interprétative consiste à assigner aux émotions observables les croyances qui doivent leur correspondre pour que les individus aient adopté les comportements observés. En la matière, le commentaire savant ne se distingue pas du discours profane, qu 'il soit politique, policier ou journalistique. A partir de ce constat, les deux caractères essentiels de l'opération (sa naturalité et son réductionnisme) sont discutés : l'étude conclut que bien que ce glissement interprétatif des corps aux états d'esprit nous soit profondément naturel (ce qui explique l'extraordinaire efficacité sociale de l'opération dans les processus de construction d'agrégats sociaux), il est nécessaire de rejeter ce principe explicatif : en effet, fournir la preuve du lien causal entre états d'esprit et comportements est, en matière de comportements collectifs observés à distance, tout à fait illusoire puisqu'on peut multiplier à l'infini les conditions sous lesquelles la proposition « un homme qui applaudit croit » est valide.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Basic forms of collective effervescence, or the state of mind attributed to crowds This study examines the place which observation of group behavior holds in demonstrations of the integrationist effect of mass gatherings. Since Durkheim and his notion of social efferves­cence, such demonstrations are based on an apparently obvious thought process, which however raises many problems in the analysis of crowds. This interpretative logic assigns to observable emotions the beliefs which individuals must harbor for having adopted the observed behaviors. Scholarly commentary does not differ in that matter from ordinary discourse, whether political, journalistic or from the police. The two essential characteristics of the ope­ration (its natural character and its reductionism) are discussed. The study concludes that even though this interpretative sliding from bodies to states of mind is deeply natural (which explains the extraordinary social efficiency of the operation in constructions of social aggregates) it must be discarded as an explanatory principle. Providingproofofthe causal link between states of mind and behavior is totally illusory concerning collective behavior observed at a distance, since the conditions under which the proposition that "a person who applauds believes" is valid can be multiplied infinitely.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_2001_num_51_5_403663