Contenu de l'article

Titre Les États-Unis et le secteur caraïbe de l'Amérique latine
Auteur Leslie F. Manigat
Mir@bel Revue Revue Française de Science Politique
Numéro 19e année, n°3, 1969 Amérique latine (I)
Page 645-683
Résumé Les États-Unis et le secteur caraïbe de L'Amérique latine, par Leslie F. Manigat L'expression « Nord-Sud » pour caractériser le type de relations entre « centres » développés et dominateurs et « périphéries » sous-développées et dépendantes du monde, trouve un champ privilégié d'application dans le cas des rapports entre les Etats-Unis et le secteur caraïbe de l'Amérique Latine. Les fondements de ce type particulier de relations résident d'une part dans la spécificité d'une sub­région qui, dans sa discontinuité et dans l'expression multiforme de sa complexité, est un monde à part en Amérique Latine, et peut être considérée comme une miniature du monde, et, d'autre part, dans la spécialité et la constance des intérêts dont la grande puissance nord-américaine a ici poursuivi la recherche à travers une politique active d'intervention échelonnée du xixe au xxe siècle. De tels rapports ne sont pas vraiment représentatifs des relations entre les Etats-Unis et l'Amérique Latine en général, mais celle-ci s'approprie émotivement et solidairement ce qui relève de la problématique particulière des relations entre les Etats-Unis et la région des Caraïbes. De ce fait, cette dernière a développé une conscience aiguë d'être la zone de front dans le cadre des relations conflictuelles entre Nord et Sud du continent plutôt que de réaliser une vocation de pont. C'est dans la ligne de sa tradition d'épicentre des seules vraies révolutions d'Amérique Latine que la région des Caraïbes abrite aujourd'hui la révolution cubaine de Fidel Castro, ce qui fait d'elle le lieu de croisement des lignes de front résultant des deux grands clivages du moment : Est-Ouest et Nord-Sud. Compte tenu, d'une part, des exigences d'ouverture aux courants transnationaux contemporains et, d'autre part, de la pression des relations avec les Etats-Unis, une prospective caraïbe réaliste ne semble offrir aux pays de la région, pour éviter l'alternative entre l'absorption aliénante et le fier dépassement dans la singularité nationale, que la voie difficile d'une intégration que leur dispersion et les toxines de la géohistoire rendent à la fois incertaine et nécessaire.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais The United States and the Caribbean region of Latin America, by Leslie F. Manigat The expression "North-South" used to characterize the style of relationship between the developed, dominating "centres" and the underdeveloped, dependant "outskirts" is particularly apt when applied to the relationship between the U.S.A. and the Caribbean sector of Latin America. The basis of this particular sort of relationship is both the specific nature of a sub-region which, by its discontinuity and the many-sided expression of its complexity, is a world apart in Latin America and may be considered as a sort of world in miniature, and the special interests which the great North American power has persistantly sought here via an active policy of intervention throughout the 19th and 20th centuries. Such a relationship is not truly representative of the relationship between the U.S.A. and Latin America in general, but Latin America emotionally and by solidarity considers the relationship of the United States and the Caribbean region as a relevant model for itself. Because of this the Caribbean region has developed an acute consciousness of its situation as a zone of combat between the northern and southern parts of the continent rather than as a link between them. It is typical of its tradition as the epicentre of the only real revolutions in Latin America that the Caribbean region should foster within it the Cuban revolution of Fidel Castro, which makes it the centre of the lines which divide the world today: East-West and North- South. If we take into account the necessity to keep in touch with all contemporary international trends and the difficult relationship with the U.S.A., the only realistic Caribbean policy for the future, - to avoid absorption and alienation on the one hand and the proud closing-in of the nation on itself on the other - would offer the countries concerned the narrow path of integration, uncertain though it be on account of their scattered nature and the problems inherent to them on account of their history and geographical situation.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1969_num_19_3_393172