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Titre Quelques concepts de la Révolution d'octobre et le mouvement de libération nationale en Indonésie, 1920-1942
Auteur Jacques Leclerc
Mir@bel Revue Revue Française de Science Politique
Numéro 31e année, n°4, 1981
Page 790-798
Résumé L'analogie entre les Indes néerlandaises et l'empire russe ? populations et cultures multiples sur un territoire gigantesque et disparate ?, pourrait laisser penser que l'expérience soviétique d'Etat multinational aurait eu quelque influence en Indonésie. Mais les condi­tions de la lutte nationale aux Indes néerlandaises font naître un projet d"Etat-nation centralisé, marqué davantage des pratiques de la Révolution française que de celles de la Révolution russe. Quand elle s'inspire de la Russie, la politique indonésienne des années 1920 en tire surtout l'idée de rupture révolutionnaire par l'insurrection et de gouvernement par les soviets, ainsi que celle de parti avant-garde, pour guider le mouvement. L'échec de l'insurrection, et le fait mondial de la montée du fascisme orientent progressivement le mouvement vers la revendication plus classique d'un parlement représentatif comme instrument de gouvernement et, partant, de négociation avec la puissance coloniale, et l'inclusion des « minorités » (celles ainsi désignées par le colonisateur en tant que « non indigènes ») dans le mouvement même, synonyme de la nation, qui jusqu'alors les excluait. Mais ce rejet du racisme traduit ici une volonté d'extension et d'intégration croissante, qui refuse en même temps tout ce qui pourrait, par la reconnaissance d'un projet d'Etat fédéral ou plurinational, ouvrir la porte aux manœuvres extérieures d'éclatement.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais L'analogie entre les Indes néerlandaises et l'empire russe ? populations et cultures multiples sur un territoire gigantesque et disparate ?, pourrait laisser penser que l'expérience soviétique d'Etat multinational aurait eu quelque influence en Indonésie. Mais les condi­tions de la lutte nationale aux Indes néerlandaises font naître un projet d"Etat-nation centralisé, marqué davantage des pratiques de la Révolution française que de celles de la Révolution russe. Quand elle s'inspire de la Russie, la politique indonésienne des années 1920 en tire surtout l'idée de rupture révolutionnaire par l'insurrection et de gouvernement par les soviets, ainsi que celle de parti avant-garde, pour guider le mouvement. L'échec de l'insurrection, et le fait mondial de la montée du fascisme orientent progressivement le mouvement vers la revendication plus classique d'un parlement représentatif comme instrument de gouvernement et, partant, de négociation avec la puissance coloniale, et l'inclusion des « minorités » (celles ainsi désignées par le colonisateur en tant que « non indigènes ») dans le mouvement même, synonyme de la nation, qui jusqu'alors les excluait. Mais ce rejet du racisme traduit ici une volonté d'extension et d'intégration croissante, qui refuse en même temps tout ce qui pourrait, par la reconnaissance d'un projet d'Etat fédéral ou plurinational, ouvrir la porte aux manœuvres extérieures d'éclatement. The analogy between the Dutch East Indies and the Russian Empire ? diverse populations and cultures spread over a vast and disparate area ? might suggest that Soviet experience as a multi-national State could have had some influence in Indonesia. However, the circumstances of the national struggle in the Dutch East Indies gave birth to plans for a centralized nation State, influenced by the practices of the French Revolution more than by those of the Russian Revolution. When drawing inspiration from Russia, Indonesian politics of the 1920s mainly derived the notions of achieving revolutionary break via insurrection and of government by soviets and also that of an vanguard party leading the movement. The failure of the insurrection and the worldwide rise of fascism gradually shifted the movement towards more conventional demands for a representative Parliament as an instrument of government and consequently, negotiations with the colonial power ? and the inclusion of "minorities" (those designated by the colonising power as "non-natives") in the movement itself ? synonymous with the nation ? which had hitherto excluded them. However, this rejection of racism was the reflection of a desire for extension and increasing integration, which at the same time refused anything that, through recognition of an intended federal or multi-national State, could open the door to outside attempts at division.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1981_num_31_4_393976