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Titre L'organisation internationale, rose des vents dans l'espace cardinal
Auteur Marie-Claude Smouts
Mir@bel Revue Revue Française de Science Politique
Numéro 36e année, n°6, 1986 Les relations cardinales. Polarisation internationale et changement politique dans les sociétés du Tiers Monde
Rubrique / Thématique
Les relations cardinales. Polarisation internationale et changement politique dans les sociétés du Tiers Monde
Page 752-766
Résumé Le Sud n'existe que là où se trouve un lieu d'expression collective et les organisations internationales universelles représentent « l'espace cardinal » par excellence. Les Etats du Tiers Monde ont essayé d'utiliser ces instances pour se construire un espace politique propre et tenter de desserrer les contraintes extérieures pesant sur leur développement. Pour ce faire, ils ont déployé une triple stratégie : réappropriation et réinterprétation des normes occidentales pour leurs fins propres, non-alignement, négociations collectives. Après un semblant de succès au début des années 1970, le Sud semble avoir perdu son pouvoir de marchandage et sa capacité de se constituer en force politique. Les forums dans lesquels il dispose de la majorité adoptent des résolutions sans conséquences pratiques tandis que s'accentuent, au contraire, la bilatéralisation de l'aide publique et le poids des institutions financières internationales avec lesquelles chaque pays négocie individuellement. Il existe pourtant une culture politique propre au Tiers Monde, une façon de se percevoir comme pays en développement et de concevoir les rapports internationaux. La crise des organisations internationales est en grande partie une crise culturelle et le résultat d'un affrontement Nord-Sud/Est-Ouest autour des modèles d'organisation sociale et des conceptions de la personne dont aucun ne se voit reconnaître le droit à l'universalité.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais The South exists only where group expression can be found, and universal international organizations represent " cardinal space " par excellence. Third World states have tried to use international bodies to build their own political space and to try to loosen the outside constraints weighing on their development. They have used a threefold strategy : reappropriation and reinterpretation of Western norms for their own ends, non-alignment, and collective bargaining. After a semblance of success in the early 1970s, the South seems to have lost ils bargaining power and ils capacity to shape itself into a political force. The forums in which it holds the majority adopt resolutions which can have no practical consequences, while there is an increase in the bilateralization of public aid and the influence of the international financial institutions with which each country negotiates individually. The Third World does however have its own political culture, a way of perceiving itself as a group of developing countries and of conceiving international relations. The crisis of international organizations is to a large extent a cultural crisis and the result of a North-South/East-West confrontation over social organization models and concepts of man, none of which obtains recognition as applicable to the entire world.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1986_num_36_6_394276